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Une famille victime d’un grave accident de la route redonne au suivant

le mardi 05 décembre 2017
Modifié à 18 h 00 min le 05 décembre 2017
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Une famille de Léry versera 1000 $ par année pendant 25 ans à la Fondation du Collège Héritage de Châteauguay pour la remercier du soutien qu’elle a apporté à l’ainé Étienne Saint-Martin pendant ses études secondaires. Il y a cinq ans, ce garçon a été victime d’un grave accident à Mercier qui a coûté la vie à sa mère. La vie de la famille Saint-Martin a basculé le 20 février 2012.  Ce jour-là, la voiture dans laquelle prenait place Julie Saint-Arnaud et son fils Étienne était immobilisée dans la voie centrale du boulevard Saint-Jean-Baptiste à Mercier en vue d’effectuer un virage à gauche. Une voiture roulant à plus de 100 km/h les a percutés tuant la mère de deux enfants sur le coup et blessant gravement le garçon de 13 ans. Le conducteur a été déclaré non-criminellement responsable quelques mois plus tard. Après un séjour de près de deux mois et demi à l’hôpital et de nombreux rendez-vous en réadaptation, l’élève qui était en première secondaire est retourné à l’école vers la fin de l’année scolaire, même s’il était clair qu’il serait obligé de reprendre son année scolaire au complet l’automne suivant. Stéphane Plante, alors directeur de niveau au Collège Héritage, a entrepris des démarches pour aider Étienne dans son retour à l’école. «Je suis aussi un papa. Je me disais que si j’étais à sa place (au père d’Étienne), je n’aurais peut-être pas les moyens psychologiques de prendre en charge la scolarisation de mon fils, raconte M. Plante avec émotions. Je voulais trouver une solution pour qu’Étienne puisse rattraper rapidement la matière perdue et qu’il ne soit pas laissé à lui-même.» À l’époque, M. Plante a donc sollicité l’aide de la Fondation du Collège pour débloquer un montant permettant de payer un professeur privé à l’étudiant. Étienne a bénéficié de cette aide pendant plusieurs années. Une aide appréciée Ce coup de pouce a été apprécié par le père de famille devenu veuf et monoparental du jour au lendemain. «À ce moment-là je me laissais guider. C’est vrai que je n’étais pas toute là. Si on ne me l’avait pas offert je n’y aurais même pas pensé», explique M. Saint-Martin. La fille de M. Plante a aussi aidé Béatrice Saint-Martin, la cadette de la famille, qui vivait aussi la tragédie familiale. Cinq ans plus tard, lorsqu’il a réalisé que son fils recevrait son diplôme d’études secondaires, M. Saint-Martin a eu l’idée de redonner au suivant. «Ça me trottait dans la tête. Je me disais : il finit cette année. On a passé au travers. Compte tenu de la gravité de l’accident, il s’en est vraiment sorti comme un champion», raconte Nicholas Saint-Martin. Après discussion avec Étienne, il a choisi d’annoncer son idée de donner 25 000$ sur 25 ans lors de la collation des grades des élèves de juin. Autant le personnel enseignant, les élèves que les parents ont été très touchés par ce geste. «Ça a honnêtement provoqué un choc pour tout le monde», se rappelle Étienne. Sa sœur Béatrice, qui termine sa cinquième secondaire au Collège, et lui appuient l’idée de leur père. «Je trouve ça bien, ça va aider les gens», commente Béatrice. Du côté de la fondation, la nouvelle a été accueillie avec bonheur. «C’est une belle surprise. On ne s’attendait pas à ça. C’est une belle reconnaissance», souligne Sylvie Marleau, nouvellement directrice de la fondation. Cet engagement aidera l’organisme dans sa mission de doter l’école de nouveaux équipements ou infrastructures, ou aidera d’autres élèves qui vivent des grandes difficultés. [caption id="attachment_35328" align="alignnone" width="521"] Stéphane Plante, orthopédagogue, Nicholas Saint-Martin, père, Nathalie Crête, directrice adjointe 2e cycle, Sylvie Marleau, directrice de la fondation, Daniel Lemieux, directeur adjoint 1er cycle, Béatrice et Étienne Saint-Martin.[/caption]

Un jeune qui revient de loin

Étienne Saint-Martin, aujourd’hui âgé de 19 ans, a surmonté de nombreux défis depuis son accident. Comme le dit son père Nicholas, «il était magané». Fractures des deux fémurs, traumatisme crânien sévère, le jeune alors âgé de 13 ans a été dans le coma deux semaines après le drame. À sa sortie de l’hôpital, un long travail de réadaptation l’attendait. «En plus d’aller à l’école, il y avait beaucoup de rendez-vous en réadaptation. Je faisais souvent la blague qu’il avait un agenda de premier ministre. C’était quelque chose», illustre son père. Ce dernier confie avoir été impressionné par la «force de vivre et de réussir» de son fils. «Au début il n’était pas capable de marcher, il avait les deux fémurs cassés. Il avait comme objectif de débarquer de son lit et d’aller marcher. S’il s’est plaint cinq fois pendant qu’il était à l’hôpital c’est beau», se souvient-il. Bien qu’il ait dû abandonner son rêve de devenir policier (comme son père) en raison des séquelles laissées par l’accident, Étienne Saint-Martin n’a pas baissé les bras. Il a débuté des études collégiales en septembre pour devenir ambulancier. «C’est ma porte de sortie pour travailler dans le domaine de l’urgence», dit-il bien motivé à parvenir à ses fins.

En mémoire de Julie Saint-Arnaud

Pour la famille Saint-Martin, ce don à la Fondation du Collège Héritage est une façon de perpétuer la mémoire de Julie Saint-Arnaud. Sa fille Béatrice la décrit comme ayant été très impliquée auprès de ses enfants. «Elle était toujours là pour nous. Elle nous aidait beaucoup dans nos devoirs et était toujours là pour les autres», dit-elle. Nicholas Saint-Martin confirme que sa conjointe était très présente pour sa famille, surtout que lui était souvent absent en raison de son travail de policier. «Elle avait un cœur immense. C’était vraiment elle le chef de famille et elle menait ça d’une main de maître», raconte M. Saint-Martin. Après le tragique accident, la Fondation du Collège Héritage a créé le Fonds Julie St-Arnaud, qui sert spécifiquement à aider les élèves qui vivent une situation particulière comme le décès d’un parent ou une maladie grave. Depuis sa mise sur pied, deux élèves, dont Étienne Saint-Martin, ont pu bénéficier de cette aide.