Éducation

Les suppléants sont une denrée rare dans la région

le samedi 10 février 2018
Modifié à 7 h 14 min le 10 février 2018
Par Patricia Blackburn

pblackburn@gravitemedia.com

La région de Châteauguay n’échappe pas à la pénurie d’enseignants suppléants qui touche l’ensemble du Québec. Les banques sont presque vides dans les commissions scolaires francophones du territoire. «Notre banque de candidats pour la suppléance n’est pas vide, mais on peut dire qu’il y a actuellement une rareté, notamment pour certaines matières» indique Hélène Dumais, porte-parole de la Commission scolaire des Grandes-Seigneuries, qui regroupe entre autres les écoles primaires et secondaires de Châteauguay, Mercier et Saint-Isidore. Ce n’est pas spécifique à la région, poursuit-elle. Il n’y a actuellement pas assez de finissants pour combler tous les besoins». Dans le secteur de Beauharnois, la porte-parole de la Commission scolaire Vallée-des-Tisserands, Geneviève Rochon, reconnait aussi que le recrutement d’enseignants suppléants constitue actuellement «un défi». Mais contrairement à la Commission scolaire de Montréal, qui a dernièrement dû recourir à des suppléants qui ne possèdent pas de formation en enseignement pour combler les besoins, les deux commissions scolaires disent ne pas avoir dû en arriver à cette solution. Où les commissions scolaires recrutent Lorsque leur banque d’enseignants qualifiés est vide, les deux commissions scolaires questionnées ont dit recruter les étudiants en enseignements qui ont obtenu 60 crédits ou, en deuxième choix, ceux qui ont complété 30 crédits. (L’équivalent de, respectivement, deux et un an de formation sur un total de quatre). Un système interne permet également aux enseignants qui sont libres (par exemple pendant des périodes normalement consacrées à la correction) de faire du remplacement dit «maison». Cette tâche, inscrite à leur convention collective, s’effectue en surplus de leur tâche habituelle. «Il s’agit de temps supplémentaire qu’on appelle communément du "dépannage"», spécifie Geneviève Rochon, porte-parole à la CSVT. À lire également : La «lourde tâche» des enseignants compliquerait le recrutement Faire confiance aux enseignants La présidente de la Commission scolaire des Grandes-Seigneuries, Marie-Louise Kerneïs, croit que la profession d’enseignant mérite d’être mieux reconnue. Ce qui contribuerait à attirer plus de jeunes dans cette voie. [caption id="attachment_37934" align="alignright" width="240"] Marie-Louise Kerneïs. (Crédit: Archives)[/caption] «Tout le monde est allé à l’école, alors tout le monde pense qu’il est capable d’enseigner, fait-elle part. Mais même si on a un permis de conduire et qu’on peut conduire une voiture, ça ne fait pas de nous des mécaniciens », illustre-t-elle lors d’une entrevue au Soleil de Châteauguay, le 31 janvier. Ce sont des spécialistes qui ont quatre ans d’études universitaires et qui sont constamment en formation»,  fait-elle valoir. Malheureusement, dans les faits, elle constate que la profession est trop souvent dépréciée. Pourtant, dans les écoles, les besoins augmentent. Cette année seulement, la CSDGS a dû procéder à l’embauche de 20 enseignants supplémentaires. «On est encore en rattrapage», indique Mme Kerneïs. La CSDGS prépare actuellement un «Plan vers la réussite», afin de faire un «état de la situation». «Nous avons entre autres fait un sondage auprès des parents et des enseignants, et le taux de participation a été très élevé», souligne Mme Kerneïs. L’objectif est de cibler des vulnérabilités actuelles et projetées, et de tenter de trouver des solutions tout en élaborant un plan stratégique pour les cinq prochaines années. Quelques raisons expliquant la pénurie d’enseignants et de suppléants, selon la Commission scolaire des Grandes-Seigneuries.
  • Passage du BAC en enseignement de 3 à 4 ans
  • Réduction du nombre d’élèves par classe au primaire (qui a nécessité l’embauche de plus d’enseignants à partir de 2009).
  • Mauvaise réputation de la profession (avec comme conséquence un nombre moindre de jeunes qui souhaitent faire des études dans ce domaine).