Quand les conducteurs avancent en âge

Un homme de 92 ans a enfoncé le mur d’une clinique médicale à Châteauguay avec sa voiture au mois de février. Il a confondu l’accélérateur et le frein.

Quelques semaines plus tôt, dans le temps des Fêtes, une femme âgée a été écrasée par sa propre voiture dans le stationnement du McDonald’s à proximité. Elle en était descendue sans mettre la transmission à «P». Il y a aussi un octogénaire qui a roulé à sens inverse sur l’autoroute 30 à Châteauguay le 30 décembre.

Ces accidents imputés aux distractions de conducteurs âgés ont amené le journal à se pencher sur la question. Voici un tour de la question en six temps.

Aînés et accidents

Le nombre d’accidents impliquant des conducteurs âgés de plus de 75 ans est en progression au Québec, selon des données de la SAAQ. Mais le nombre de titulaires de permis de conduire dans ce groupe d’âge est également en hausse. Le phénomène touche particulièrement Beauharnois et Châteauguay puisque l’âge médian de la population de ces municipalités est supérieur à la moyenne québécoise.

Causes d’accidents différentes

La vitesse et l’alcool dominent chez les jeunes au chapitre des causes d’accident; l’omission de respecter la priorité de passage figure en tête de liste chez les conducteurs de grand âge, selon une étude d’Axa-Winterthur-Dekra réalisée en Allemagne et en Suisse en 2013. Neuropsychologue, Dre Geneviève Daigneault est arrivée à des conclusions semblables pour le Québec en effectuant une recherche sur le sujet pour son doctorat en 2002.

Exigences de la SAAQ OK

Les mesures en place pour évaluer le droit au permis de conduire à partir de 75 ans sont adéquates, selon Dr Jamie Dow, conseiller médical à la SAAQ. «L’Ontario a un meilleur bilan routier que nous mais, pour les 75 ans et plus, le bilan du Québec est meilleur. Notre conclusion, c’est que c’est positif», fait-il part. La neuropsychologue Dre Geneviève Daigneault est d’accord. Selon elle, l’évaluation des conducteurs étaient jadis insuffisante, se limitant à l’aspect visuel et la santé. Mais le gouvernement s’est ensuite ajusté à la suite, notamment, d’études et d’une enquête publique. «Les exigences sont dans les normes attendues. Il y a des évaluations sur route. Des formulaires existent. Il y a des drapeaux qui se lèvent en cas d’inquiétude. C’est une belle amélioration», a-t-elle indiqué.

Ainés plus fragiles

Les personnes âgées subissent des blessures plus graves que les jeunes en cas d’accident, fait part Dr Jamie Dow de la SAAQ. «Elles récupèrent aussi moins vite», ajoute-t-il. Du côté de la CETAM, le porte-parole Julien Sauriol indique : «les personnes âgées ont parfois des conditions médicales qui peuvent aggraver les blessures subites lors d’accident de la route, telle la prise d’anticoagulants qui rendra un saignement interne ou externe difficile à contrôler».

Comme le piano

Lors de ses recherches sur les causes d’accident impliquant des conducteurs âgés, Dre Geneviève Daigneault n’a pas tenu compte de ceux parcourant moins de 5000 km par année. Ce, parce que, en conduisant peu, le cerveau ne développe pas certains automatismes qu’il acquiert à l’usage, a-t-elle spécifié. «C’est comme le piano, si on en joue une fois par mois, on ne sera pas aussi bon. Si on ne pratique pas, on perd nos réflexes», affirme Dr Jamie Dow, de la SAAQ.

Pas le monopole des gaffes

Les ainés au volant ne sont pas plus distraits que les jeunes, soutient le Dr Jamie Dow, de la SAAQ. «On est tous sujets à faire une gaffe une fois dans notre vie», rend-il compte. Et, selon lui, les vieux ont d’aussi bons réflexes que les plus jeunes. Pour Dre Daigneault, l’âge en soi n’est pas un facteur prédictif de risque d’accident.

Moins sujets aux accidents

Les conducteurs âgés sont moins sujets aux accidents que les jeunes, selon les statistiques de la SAAQ, fait valoir Dr Jamie Dow. «Les conducteurs âgés de moins de 25 ans représentent 15 % des titulaires de permis de conduire et sont impliqués dans 25 % des accidents. Les gens de 65 ans et plus comptent pour 15 % et sont impliqués dans 8 % des accidents», souligne-t-il.

Cinq trucs de la SAAQ pour garder la forme et le volant

1 - Consulter régulièrement votre médecin.

2 - Respecter votre médication.

3 - Faire de l'exercice régulièrement.

4 - Manger sainement et surveillez votre poids.

5 - Continuer à faire travailler votre cerveau par la lecture, les mots croisés ou les jeux de société, en ligne ou non.

Test : Neuf questions pour évaluer votre capacité de conduire

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