Tribune libre

Les villes doivent protéger le parc de logements à louer

le mercredi 01 novembre 2017
Modifié à 15 h 12 min le 01 novembre 2017
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

(Texte du Comité logement Rive-Sud) Dans le contexte des élections municipales, Le Comité logement Rive-Sud trouve important de rappeler que les municipalités disposent de plusieurs outils pour lutter contre la pauvreté et les inégalités sociales et ainsi agir sur les conditions de vie des citoyens et citoyennes. Elles peuvent notamment agir sur l’habitation en protégeant le parc de logements locatifs et en facilitant le développement du parc de logements sociaux et communautaires sur leur territoire. Situation actuelle Au Canada on compte près de 1 000 000 de ménages locataires avec des besoins impérieux en logement, parce qu’ils vivent dans un logement qui est trop cher, trop petit ou insalubre. Au Québec on parle plus de 270 000 ménages locataires dans la même situation. Cette situation touche plus 20 % des 12 000 ménages locataire de la MRC du Roussillon[i]. Le marché locatif privé ne répond pas aux besoins de ces locataires. D’une part, cela s’explique par la volonté de faire des profits à tout prix des propriétaires qui haussent constamment les loyers. D’autre part, les lois et règlements actuels ne constituent pas des d’incitatifs suffisants pour les spéculateurs immobiliers à offrir des logements de bonne qualité à des prix raisonnables. Dans la ville de Châteauguay plus de 2800 ménages vivent sous le seuil de la pauvreté[ii] et 1 630 ménages locataires consacrent 30 % ou plus de leur revenu pour se loger et 625 y consacrent plus de la moitié. La population est encore en attente d’une politique d’inclusion qui était pourtant une des promesses lors des élections de 2013. Cette politique, qui devait prévoir un minimum de logements sociaux dans les projets de développement immobilier. Les nombreuses interpellations du Comité logement Rive-Sud sur le sujet sont demeurées lettre morte. Du développement, mais pas pour tous! Nous constatons également que plusieurs villes sur notre territoire travaillent sur d’importants projets de développement urbain. Malheureusement, ces « nouveaux quartiers » sont conçus en fonction des populations les plus aisées en prévoyant presque exclusivement la création de condominiums et logements locatifs qui risque fort d’être hors de prix pour les ménages à faible revenu. Ces ménages se retrouveront exclus des nouveaux « centres villes » et risquent fort bien d’être repoussés vers des secteurs mal desservis par les services et le transport en commun.   Les élus doivent agir : Des solutions existent aux problèmes des ménages locataires et les villes peuvent agir, mais cela prend une réelle volonté politique pour le faire. Les administrations doivent véritablement s’engager dans une lutte à la pauvreté et aux inégalités sociales et ainsi reconnaitre le droit de cité à toute la population. Pour ce faire les villes doivent;  
  • Protéger le parc de logements locatifs, en se dotant de réglementations adéquates et, plus important encore, en l’appliquant de manières prompte, soutenue et rigoureuse. Cela se fait par l’embauche de ressources humaines suffisantes qui disposent de la formation et des outils nécessaires pour agir rapidement.
 
  • Aider au développement de nouveaux logements sociaux et communautaires sur leur territoire. En prévoyant un minimum de 20 % de logements sociaux lors de la réalisation de grands projets immobiliers et en se dotant d’une réserve foncière pour aider les organismes à but non lucratif d’habitation et les coopératives qui ont de la difficulté à trouver des terrains ou des bâtiments adéquats.
 
  • S’engager fermement en faveur de l’accessibilité universelle dans les bâtiments à vocation résidentielle.
 
  • Revoir leurs grands projets de développement de manière plus inclusive pour les populations les plus démunies, c’est à dire à proximité des services et d’un transport en commun abordable. Les candidats et candidates qui formeront les prochaines administrations municipales auront l’opportunité d’engager leurs municipalités dans une réelle lutte à la pauvreté et l’exclusion sociale. Mais pour cela, les administrations doivent écouter les populations vivant dans la précarité. Quand les groupes de défenses des droits des locataires consultent la population, on voit que les gens veulent du logement social et communautaire et des services à proximité d’un transport en commun abordable. Les gens veulent se sentir citoyens à part entière de leur ville.
[i] Statistique Canada [ii] Politique de développement social et Municipalité amie des aînés (MADA) de la ville de Châteauguay.