Communauté

20 ans à sauver des vies sans être payés

le mercredi 07 octobre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 07 octobre 2015
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Depuis 20 ans, les gens de la région de Beauharnois peuvent compter sur des anges gardiens qui veillent sur eux 24 heures par jour, 365 jours par année, sans recevoir un sou.

Arrêts cardiaques, difficultés pulmonaires, choc anaphylactique, blessures diverses et naissances surprises, les Premiers répondants des Moissons interviennent auprès des personnes en détresse en attendant l'arrivée des ambulanciers.

«Ce qui me motive ? C'est la passion. Il faut vraiment aimer ça sinon on n'y arrivera pas. J'aime beaucoup aider les gens», exprime Ghislaine Desrochers, directrice générale de l'organisme et intervenante sur le terrain depuis presque les tout débuts. Un engagement qui lui a valu la médaille de la Lieutenant-gouverneur en 2003.

Ils sont entre 30 et 40 comme elles à se relayer. Des gens de divers horizons. Mme Desrochers est une chauffeuse de transport adapté à la retraite. Son conjoint André Gauthier, un retraité de Bell. Des infirmières, ambulanciers, pompiers et inhalothérapeute collaborent aussi au fil des ans. Ils répondent actuellement à deux ou trois appels par jour en moyenne, répartis par Alerte Santé.

Pour accomplir leur mission, tous ont réussi un cours de 60 heures prescrit par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Ils doivent se maintenir à jour en suivant une formation supplémentaire chaque année, d'une durée de 16 heures, précise Mme Desrochers.

L'organisme fonctionne grâce à des dons d'entreprises et d'institutions locales. Par exemple, c'est le service ambulancier CETAM qui a fourni leur premier véhicule aux premiers répondants pour un montant symbolique d'un dollar et la Caisse populaire de Beauharnois lui a donné son premier défibrillateur. Diverses activités de financement contribuent aussi au fonctionnement de l'organisme à but non lucratif.

Ses membres ont fêté leurs 20 ans le 24 septembre à l'ancien hôtel de ville de Melocheville.

 

Un sauvetage marquant

C'est son conjoint André Gauthier qui a accompli le sauvetage ayant le plus marqué Ghislaine Desrochers. «J'étais dans une soirée et lui à la maison, il y a quatre ou cinq ans», se souvient-elle. Un appel a été logé au 911 concernant un homme en détresse à quelques maisons du domicile du couple. «André a sauté dans ses vêtements et il a descendu la rue. Ça n'a vraiment pas été long. C'était un jeune homme de 20 ans en arrêt cardiaque chez lui. Mon chum l'a réanimé.  C'était un moment heureux; il était jeune, il avait toute la vie devant lui», exprime-t-elle.

Né d'un père en détresse

Le service des Premiers répondants des Moissons est né d'une intervention particulière effectuée en 1994 par Maurice Daoust, alors lieutenant au service d'incendie de Beauharnois. «Un certain dimanche d’hiver, en début d’après-midi, alors qu’une bonne tempête de neige faisait rage, j’ai reçu un appel radio des policiers m’avisant qu’ils étaient à Maple-Grove (ville voisine) pour un appel d’une personne inconsciente et que cette personne était mon père», relate-t-il dans un historique du service. M. Daoust s'est rendu chez son papa avec des collègues ayant une formation de premiers répondants. L'homme a pu être stabilisé mais il a fallu 30 minutes à l'ambulance pour arriver à cause des conditions routières exécrables, déplore-t-il. Dans les jours qui suivent, il s'est mis en tête avec des collègues de créer un service de premiers répondants. Lequel a vu le jour en mai 1995.

Premiers répondants des Moissons

Au début, les bons Samaritains répondaient à 300 appels par année.

Le service répond en moyenne à  900 appels par année depuis 2009

En vingt ans d'existence, les bénévoles ont aidé sept mamans à accoucher.

Le service possède trois véhicules.

Le service occupe un local voisin de la caserne des pompiers, au 245, chemin de la Beauce à Beauharnois. Au début, les bénévoles stationnaient le véhicule d'urgence chez eux.