Opinion

L’opération Centaure sera-t-elle la solution ?

le mercredi 06 octobre 2021
Modifié à 14 h 22 min le 07 octobre 2021
Par Claude Poirier

redactiongm@gravitemedia.com

Il y a quelques semaines, j’ai abordé dans cette chronique la problématique des armes à feu dans la région de Montréal, de la violence qui en découle, ainsi que des changements à apporter pour l’enrayer.

Le 25 septembre, la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault a annoncé la mise sur pied de l’opération Centaure (Coordination des efforts nationaux sur le trafic d’armes, unis dans la répression et les enquêtes). Le gouvernement injectera 90 M$ dans la lutte aux armes à feu et ajoutera une centaine de policiers affectés à ce combat. Je pense que ça peut avoir du bon.

Toutefois, la ministre a laissé entendre que ce projet était plus important, en comparaison à celui mené par l’escouade Carcajou en 2001, où 44 policiers étaient à l’œuvre. On ne peut pas comparer cette opération faite auprès des motards à l’époque à ce que l’opération Centaure prévoit faire avec les gangs de rue.

Je me porte à la défense des policiers en disant qu’il n’est pas facile de contrôler les gangs de rue parce qu’ils ne peuvent pas les infiltrer, à l’inverse du crime organisé et des motards. Les mafias québécoise, italienne, grecque et juive sont composées de personnes structurées, alors que ce n’est pas le cas des gangs de rue. Ceux qui en font partie agissent comme s’ils n’avaient rien à perdre!

On a vu dans les médias que les gangs de rue font des victimes collatérales, y compris un enfant qui se trouvait devant sa maison. Dans toute ma carrière, je n’ai jamais vu un nombre aussi élevé de fusillades où la vie de personnes innocentes est en jeu. On dirait que ces membres s’en foutent éperdument. Parmi eux, certains sont même âgés de moins de 18 ans et armés.

Rappelons-nous que, lorsque les États-Unis et la Ville de Toronto ont vécu ce genre d’épisodes de violence, ils ont mis sur pied des escouades. Quels sont les résultats? Rien.  

Les policiers comptent sur la dénonciation et le public. Croyez-vous que les résidents des arrondissements de Rivière-des-Prairies, Parc-Extension, Saint-Michel et Montréal-Nord, qui vivent des situations tendues dans leur quartier, vont dénoncer des agissements à la police? Ils craignent pour leur vie! Quand j’entends des candidats aux élections à la mairie de Montréal dire que leur ville est sécuritaire, je me pose des questions.

En terminant, je rappelle que le fédéral devra intervenir sur la question du Code criminel s’il souhaite enrayer cette violence en imposant des peines plus lourdes aux contrevenants. Attendons-nous qu’il y ait encore d’innocentes victimes? 

10-4!

(Propos recueillis par Gravité Média)