chronique
Opinion

À son bel amour

le lundi 11 mai 2015
Modifié à 0 h 00 min le 11 mai 2015
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Vous est-il déjà arrivé de tomber par hasard sur des échanges écrits privés entre deux personnes? Si c’était le cas, vous éviteriez de le lire, par respect pour les auteurs, ou votre curiosité l’emporterait?

Récemment, ma mère a eu une drôle de surprise en achetant des livres usagés à la bibliothèque. À l’intérieur d’un de ceux-ci, elle a découvert une lettre d’amour écrite à la main. Évidemment, comme vous vous en doutez, ma mère et moi avons opté pour la curiosité et lu ce qui était écrit sur ce papier fleuri.

Datée du 21 mars 2000, elle s’adresse à «Mon bel amour» et est signée par une «Edith. xxx».

D’entrée de jeu, la Columbo en moi se pose plusieurs questions. D’abord, si la lettre date de plus de 15 ans, le livre dans lequel elle était cachée ne devait pas être très populaire à la bibliothèque si personne ne l’a vue avant nous. À moins que des centaines de lecteurs soient tombés dessus par hasard et connaissent maintenant l’histoire d’amour d’Edith…

Revenons justement à Edith. Sa lettre tient sur une page. Le style d’écriture en lettres attachées  et le vocabulaire utilisé me laissent croire qu’il s’agit d’une femme ayant déjà vu d’autres printemps. Elle connait depuis peu son bel amour qu’elle ne nomme jamais dans son texte. En fait, ils se sont rencontrés il y a une semaine, précise-t-elle. Sa rencontre avec cette personne a vraisemblablement chamboulé le cœur d’Edith. «On me dit que j’ai l’air de voler et que je suis radieuse. J’ai l’impression que mon cœur va éclater. Tu es tout ce dont j’ai toujours rêvé», écrit-elle.  Mignon, n’est-ce pas? J’avoue avoir hésité à citer une partie de la lettre. Il y a quelque chose de profondément intime dans une lettre d’amour. D’un autre côté, les sentiments qu’elle décrit sont universels. Cette impression d’avoir trouvé la personne idéale, le désir ressenti pour l’autre; toute personne qui a connu une histoire d’amour se rappelle l’effervescence des premiers instants.

La Colombo revient cependant au galop. Si j’ai cette lettre entre les mains, cela veut-il dire que son bel amour ne l’a jamais reçue ? Peut-être que ce n’était qu’une sorte de «brouillon » écrite sur le coup de l’émotion et que la version finale s’est rendue au destinataire.

Elle concluait sa lettre en disant :«j’espère que tout cela n’est qu’un début et que notre route ensemble sera longue et heureuse».

Ma chère Edith, 15 ans plus tard, j’espère que vous volez encore et que vous êtes toujours aussi radieuse.