chronique
Opinion

Adieu à un être cher que je n'ai jamais vu

le lundi 17 juillet 2017
Modifié à 0 h 00 min le 17 juillet 2017
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

J’écris ces lignes le ventre noué par le chagrin.

Une amie très chère, Mona Diraison, est décédée ce matin. Ce nom risque de vous dire quelque chose si vous fréquentez le compte Facebook du Soleil de Châteauguay. Mona était une grande fan du journal. Depuis des années, elle commentait régulièrement les articles. Son grain de sel était toujours très intéressant et respectueux. Elle disait du Soleil qu’il était «toujours passionnant» et que c’était même son journal favori.

Fait particulier, cette fidèle lectrice n’habitait pas la région de Châteauguay. Ni même le Québec. Mona vivait à des milliers de kilomètres, à Quimper en Bretagne.

Je ne l’ai jamais vue de ma vie. Je n’ai jamais même entendu sa voix. Je la connais seulement par ses mots, des images, son roman Huelgoat à Kilchoan.

C’est ma charmante épouse qui a fait sa connaissance il y a une dizaines d’années dans un club d’écriture virtuel réunissant des internautes d’un peu partout sur la planète ayant en commun la langue française. On écrivait des histoires à 4 ou 12 mains. Inventait des personnages comme le curé Tutur. Onésime Boudin. Mona écrivait vraiment drôle et bien.

Ayant appris que j’étais journaliste, elle a jeté un œil au Soleil. Et n’a plus décroché. Plus, elle s’est mise à lire et commenter plusieurs journaux de la Rive-Sud de Montréal.

Elle avait une culture impressionnante. Une érudite qui partageait son point de vue avec délicatesse. Toujours très humaine.

Moi et ma Dulcinée on échangeait des lettres et des cadeaux par la poste avec Mona. Une poupée Bigoudène, des crêpes, une médaille de course. Elle rêvait de venir à Châteauguay. Le sort en a décidé autrement.

Mona a été terrassée par la maladie de Lou Gehrig. Ses facultés ont décliné lentement et inexorablement pendant des mois. Tant qu’elle a pu bouger les doigts, elle a continué à s’exprimer sur le compte du journal. Discrète sur sa maladie.

Elle y faisait de faibles allusions en privé. Par exemple, quand je lui ai envoyé le lien d’une édition virtuelle en octobre. «Merci beaucoup. Cette attention me fait chaud au coeur. Et comme je m'affaiblis de plus en plus (physiquement) les moindres attentions me retiennent à la vie», elle a réagi.

On a su le 11 juillet à 12 :44 qu’elle entreprenait l’ultime migration. À cet instant, Mona a posté : «Je vous emporte dans mon cœur», avec la chanson du même titre de Gilles Servat. Ce sont ses derniers mots. Elle s’est éteinte lundi.

Bon voyage mon amie que j'ai jamais vue mais que j'ai tant lue. Tu restes cher à mon cœur. Merci à l'infini, Mona.