chronique
Opinion

Apprivoiser Banffy de la SPCA

le vendredi 18 mars 2016
Modifié à 0 h 00 min le 18 mars 2016
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Est-ce qu’on est dus pour un autre chien ? La question s’est posée durant notre séjour à Banff à l’été.

Affirmatif. Mes petits-enfants ont scruté internet à la recherche de huskies à vendre. Ma race de chien préférée. Le prix à payer pour combler mon désir m’a fait déchanter. 2000 $ pour celui- ci, 2500 $ pour celui-là. On va laisser faire.

J’avais fait une croix sur la bête de mes rêves quand ma charmante épouse avec un faible pour le caniche royal m’a proposé d’arrêter à la SPCA à Montréal en juillet.

On entre. C’est plutôt tranquille. Dans le local où sont rangées les cages à chiens, seulement quatre sont occupées. Dont celle-là avec une affichette dessus : «husky sibérien». Je m’accroupis. Une bête au pelage capuccino me fixe avec un œil couleur lac Louise et un œil chocolat. Coup de foudre.

Ma Dulcinée ne ferme pas la porte. Reste à voir si on lui convient.

On n’achète pas un chien à la SPCA comme un avocat à l’épicerie. Tu tâtes la marchandise, tu la sens, elle fait ton bonheur, tu la prends, tu payes et tu t’en vas; ça ne marche pas comme ça.

La SPCA est soucieuse de confier ses rescapés à des gens qui en prendront soin et qui répondront à leurs besoins particuliers. Avant de rencontrer le prospect, j’ai dû remplir un formulaire. Les «adoptants» ne devaient pas habiter dans un appartement ou un condo, ne pas avoir d’enfants de moins de 13 ans et, idéalement, aimer la course à pied. Youpi ! On avait tout bon.

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On a baptisé Banffy notre nouvelle amie en l’honneur de notre périple estival. Côté portefeuille, il a fallu allonger environ 300 $ pour l’adoption, comprenant la stérilisation, une laisse et quelques jouets.

Les premières semaines de cohabitation avec Banffy n’ont pas été de tout repos. La pauvre avait été trouvée errante. Elle témoignait une peur astronomique de l’abandon. Et on ne connaissait encore rien de son rythme digestif.

Porte brisée, plancher couvert de tout ce que la belle avait pu atteindre sur les comptoirs, rouleaux d’essuie-tout déchiquetés, montre de course croquée; boîtes de biscuit dévorée; notre nouvelle amie s’est mutée en diablesse les premières fois que nous l’avons laissée seule à la maison.

C’était un peu décourageant mais on a persévéré. Peu à peu, Banffy a apprivoisé ces petits moments de solitude. Après sept mois, elle nous implore toujours de l’amener avec nous quand on quitte mais elle est maintenant sage durant notre absence.

Quand on est là, elle nous fait courir, par exemple. Mais ça, c’est dans son contrat !

 

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