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Après le verglas et la maladie, une érablière familiale revit à Mercier

le mercredi 23 mars 2016
Modifié à 0 h 00 min le 23 mars 2016
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Le temps des sucres a une saveur bien particulière cette année pour la famille Guérin de Mercier. C’est le retour d’une tradition familiale laissée de côté pendant des années en raison de la crise du verglas et de sérieux ennuis de santé.

L’eau d’érable bout pour la première fois en 18 ans dans la cabane à sucre des Guérin. Ayant d’abord appartenu à Paul Guérin, grand-père d’Alain Guérin, la petite cabane à sucre était le lieu de rassemblement de la famille au printemps pendant des années. Lorsque le père d’Alain Guérin en a hérité, l’érablière comptait 1500 entailles sur la terre située rue des Coteaux à Mercier. Chaque année, Alain Guérin donnait un coup de main à son père pour la production de sirop. Mais l’année de la crise du verglas, en 1998, tout a changé. «Nous étions déjà avec un système de tubulure (des tubes plutôt que des chaudières), explique M. Guérin. Tout le système a été brisé par la crise du verglas. » Comme les réparations nécessitaient un important investissement, le père d’Alain Guérin a décidé de laisser tomber la production de sirop d’érable.

Greffé du rein

Les années qui ont suivi ont été difficiles pour la famille Guérin. À six mois d’intervalle, le père et le fils se sont retrouvés en traitement de dialyse trois fois par semaine, car leurs reins ne fonctionnaient plus bien. Pas question pour eux de mettre de l’énergie dans la cabane à sucre à cette époque. «Nous avons fait quatre ans de dialyse ensemble à Verdun», confie M. Guérin. Après le décès de son père, Alain Guérin a subi deux autres années de dialyse, avant de recevoir le cadeau tant espéré : une greffe de rein. «Je sais que c’est le rein d’un jeune de vingt ans décédé dans un accident d’auto», dit-il. Sa greffe a eu lieu le 25 mars 2013. Certains y verront peut-être un signe du destin, mais une semaine avant le fameux appel pour un don d’organe, Alain Guérin avait entaillé quelques érables «juste pour le fun».

Un rêve devenu réalité

«Après avoir récupéré de son opération, Alain a pogné la bougeotte», illustre sa conjointe Christine Lacroix. L’idée de recommencer une tradition familiale a fait son chemin.

Sa conjointe a décidé d’embarquer dans le projet. Beaucoup de pain sur la planche attendait le couple. Ils ont commencé les travaux de rénovation de la cabane en mars 2015. À leur grande surprise, la famille s’est rapidement mobilisée pour les aider. «On ne l’avait pas vraiment demandé, mais en dedans d’une semaine on était une quinzaine de la famille dans le bois à travailler», raconte avec fierté M. Guérin.

Un an plus tard, la production de sirop d’érable bat son plein dans la cabane à sucre des Guérin. Le brunch risque d’être animé cette année puisqu’ils seront 45 membres de la famille à se sucrer le bec et à célébrer le rêve d’Alain Guérin devenu réalité.

Repartir à zéro

Redémarrer la production de sirop d’érable après 20 ans d’absence à l’érablière voulait aussi dire se mettre à niveau dans les techniques utilisées. M. Guérin s’est entre autres équipé d’un osmoseur, qui permet de concentrer le taux de sucre dans l’eau d’érable. Il a également réinstallé un nouveau système de tubes pour la récolte d’eau, mais est passé de 1500 entailles à 2300. La cabane à sucre ne permet pas de recevoir des visiteurs pour manger, mais le couple a tout de même des projets pour les prochaines années. Il aimerait se lancer dans la confection de produits transformés comme la tire et le beurre d’érable.