Opinion

Billet d'humeur : Culpabilité, quand tu nous tiens !

le vendredi 29 juillet 2022
Modifié à 15 h 36 min le 29 juillet 2022
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Je m'étais sentie coupable d'emprunter le ballon de mon ami. (Photo: Depositphotos)

Vous arrive-t-il de vous sentir coupable?

C’est l’histoire de ma vie d’éprouver un sentiment de culpabilité pour un rien, tout le temps.

Quand je passe les douanes, je suis nerveuse comme si j’avais quelque chose à cacher ou à me reprocher. Alors que je respecte tout à la lettre. Encore plus dans un cadre aussi officiel que celui-là où l’autorité a le pouvoir de m’empêcher de prendre l’avion.

Je n’ai pas encore mis le doigt dessus, mais je crois que ça vient de mon enfance. De mon éducation? Peut-être.

Je n’ai jamais oublié la fois où le directeur de l’école primaire nous avait surpris dans les casiers de l’école. Je m’étais sentie comme une voleuse. Honteuse. Alors que je ne faisais rien de mal.

J’étais avec deux amis de mon âge et nous étions rentrés dans l’école un jour de congé pour aller emprunter le ballon d’un quatrième ami qui n’était pas avec nous ce jour-là. Le ballon se trouvait dans son casier et il nous avait donné la permission de le prendre. À notre grande surprise, les portes de l’école étaient déverrouillées, ce qui nous avait incités à passer à l’action.

Il a fallu que le directeur de l’école passe au moment précis où nous marchions vers son casier. Malgré nos explications honnêtes, il avait dû croire à tort que nous voulions voler quelque chose ou faire un mauvais coup. Je pensais que j’allais mourir sur le coup!

On avait dû décliner nos noms. Le directeur nous avait chassés de l’école en exigeant qu’on se présente le lundi matin à la première heure à son bureau.

Avait-il prévu de nous sermonner davantage ou de nous imposer une retenue? Je ne sais pas, mais je n’en avais pas dormi de la fin de semaine. Tant j’avais exagérément peur et que je me sentais coupable d’avoir voulu emprunter le ballon de mon ami. Je ne pense pas l’avoir dit à mes parents; la culpabilité me rongeait trop.

Mes deux amis, eux, n’en avaient pas fait de cas. Au retour en classe le lundi matin, ils avaient refusé de se rendre au bureau du directeur et j’avais fait de même par solidarité. Mais pendant des semaines, j’avais éprouvé un sentiment de culpabilité chaque fois que je passais devant les bureaux administratifs.

Le directeur, lui, ne devait même pas s’en rappeler! J’imagine qu’il avait juste voulu nous donner une bonne frousse.

«Le sentiment de culpabilité est un aiguillon puissant.»

-Paul Auster