chronique
Opinion

Billet d'humeur : Une fausse bonne idée

le vendredi 05 février 2021
Modifié à 14 h 50 min le 19 janvier 2021
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Vous est-il déjà arrivé de vouloir faire le bien et que ça tourne au vinaigre? Je ne sais pas pourquoi cette anecdote me revient parfois en tête. Sans doute parce qu’elle est l’exemple à ne plus jamais faire. Une petite voix dans ma tête qui me rappelle qu’on peut gaffer avec les meilleures intentions du monde. Je vous le dis tout de suite: je n’en suis pas fière aujourd’hui. Avec le recul, je me demande même à quoi on avait pensé. L’idée était partie d’une bonne intention pourtant. L’histoire remonte à plus de 20 ans. Notre collègue de travail filait un mauvais coton. Déprimé de ne pas rencontrer l’amour. Pourtant, Phil était beau garçon. Très beau garçon même. Dans la vingtaine. Grand. Des yeux bleus perçants. Passionné de musique. Adepte de guitare. Chanteur à ses heures. Il avait tout pour plaire. Quand on le rencontrait, il devenait impossible de lui résister. C’était un garçon charmant. Intelligent. Et avec beaucoup d’écoute. Attentionné. D’une gentillesse extrême envers les femmes. Et les autres en général. Je me souviens d’avoir passé plusieurs repas agréables en sa compagnie. Bref, c’est un collègue que j’estimais beaucoup. Pour ses aptitudes professionnelles. Mais encore plus pour sa personnalité. Je connais peu de femmes qui ne craquaient pas sous son charme. Lui, malheureusement, n’arrivait pas à voir à quel point il était attirant à cette époque. Pour lui remonter le moral, moi et un autre de ses collègues avons eu l’idée de lui faire livrer des fleurs de manière anonyme. Comme il nous peut arriver d’en recevoir en de rares occasions dans notre métier. Quoi que généralement, on sait de qui ça vient.

«La bêtise humaine consiste à avoir beaucoup d’idées, mais des idées bêtes.» -Henri de Montherlant
Je me souviens du grand sourire qui avait illuminé son visage. De sa bonne humeur après le passage du livreur. De sa joie. Qui ne l’avait pas quittée de la journée. Puis, le lendemain. Notre collègue était de retour! Notre mission était réussie! Mais c’était sans savoir qu’il ne décrocherait pas de savoir qui avait bien lui envoyer ces fleurs. Pourquoi la personne ne se manifestait pas davantage? Sans le vouloir, on avait créé des attentes chez lui. Qui tournaient presque en obsession. Au bout de quelques jours, on n’a pas eu le choix de lui dire la vérité. Je vous épargne le nouvel épisode de tristesse qui s’est emparé de lui par la suite. Et de notre sentiment de culpabilité.