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BMW M850i xDrive 2019 : quand on veut plaire à tout le monde

le samedi 11 mai 2019
Modifié à 16 h 05 min le 11 mai 2019
Le Guide de l'Auto
Article par William Clavey

Plus tôt cette année, Le Guide de l’auto effectuait un premier contact de la BMW M850i.

Quelques mois plus tard, nous la mettions à l’essai en déclinaison décapotable sur les routes du Portugal. Dans les deux cas, nous avions été éblouis par sa performance électrisante et son confort royal, mais nous sommes revenus de chaque évènement avec cette question : à qui s’adresse cette bagnole, au juste?

Pour en avoir le cœur net, nous avons contacté BMW Canada afin de la mettre à l’essai pendant une semaine, sur les routes du Québec. Voici notre verdict.

Les ingrédients de base
Au premier regard, il est facile de déterminer à quelle catégorie appartient la Série 8. À celle des voitures de luxe de grand tourisme, dans la même veine qu’un coupé Mercedes-Benz Classe S, une Bentley Continental GT ou une Aston Martin DB11. La Série 8 remplace la Série 6 au sein de la gamme BMW.

Mais cette auto vient par défaut avec la lettre M estampée sur son coffre, laquelle a longtemps représenté les bolides les plus agiles du constructeur. Pourquoi diable avoir collé cet écusson sur une bagnole de plus 2 000 kilos?

Parce que depuis quelques années, BMW joue avec ses nomenclatures et s’est permis de créer une nouvelle niche de véhicules. Ceux-ci héritent de quelques composantes mécaniques de l’équipementier du constructeur (la division M), sans être une toute autre bagnole. Ainsi, on a vu apparaître les M240i, M550i, M760Li et les VUS X2 M40i, X3 M40i et X5 M50i.

La Série 8, étant le coupé sport porte-étendard de BMW, se devait d’être ornée elle aussi de la lettre magique, selon le constructeur. Une véritable M8 est cependant prévue vers la fin de cette année.

Oui, la M850i est très rapide. Énormément rapide. C’est normal, car la puissance absolue fait partie des ingrédients de base d’une voiture de grand tourisme. Or, le V8 biturbo de 4,4 litres déploie pas moins de 523 chevaux et un couple de 553 lb-pi, permettant à cette énorme béhème de franchir le 0 à 100 km/h en à peine 3,6 secondes grâce au départ canon de la boîte automatique à huit rapports, et de la transmission intégrale xDrive.

Sur la route, la M850i nous enveloppe de son habitacle hautement douillet et hyper bien insonorisé. Il suffit de frôler la pédale de l’accélérateur pour se retrouver à des vitesses presque aéronautiques, chose qui a rendu notre essai difficile sur les routes québécoises. Par chance, la M850i est équipée d’un limiteur de vitesse.

Il n’y a pas à dire, la Série 8 accomplit sa mission, celle de procurer le luxe personnel à ses deux passagers désirant être transportés à la fois confortablement et à très haute vitesse. Nous avons bien dit « deux », car les places arrière ne sont là que pour décorer ou pour dépanner quelqu’un de petite taille. Le moteur V8 livre son couple sous les 2 500 tours/min, mais aime néanmoins révolutionner, demeurant doux, raffiné et prime lorsqu’on lui demande de l’être.

Le mode Sport + raffermit la suspension adaptative, endurcit la direction et ouvre les tuyaux d’échappement à une sonorité enragée, relâchant d’éloquentes pétarades qui ont fait rigoler les admirateurs du bolide.

Et des admirateurs, nous en avons eu plusieurs! Partout où nous étions avec la M850i, les gens nous regardaient et nous questionnaient, impressionnés par la prestance incontournable, la stature musclée et l’élégance marquée de ce bolide.

Capable d’être un monstre routier assez féroce pour avaler une Dodge Challenger Hellcat en une seule bouchée, la M850i peut aussi être hyper docile. En mode EcoPro, elle devient toute silencieuse, et enregistre une consommation d’essence mixte ville / route sous la barre des 10 L/100 km.

Mais la lettre M, elle?
La où la M850i nous a déçus, c’est dans sa prétention d’être une voiture sport, chose que BMW semble promettre en ajoutant la lettre M et en incorporant la fibre de carbone et l’aluminium à la structure de son gros coupé.

Certes, nous admirons la calibration d’une direction digne des meilleurs produits du constructeur, et son châssis hyper solide encaisse non seulement bien les imperfections de la route, mais il encourage la conduite nerveuse dans les virages. Le problème, c’est le poids imposant du véhicule. Malgré les efforts de BMW d’avoir ajouté les roues arrière directionnelles pour atténuer l’effet de sous-virage, la M850i plonge inévitablement dans une courbe, son énorme museau gâchant l’expérience de conduite. Bref, il est mieux de s’en tenir à la conduite relax, et d’apprécier le couple que vous livrera son moteur V8 au lieu d’aller s’énerver sur un circuit de course.

De plus, les efforts du constructeur pour plaire à tout le monde ont compromis le confort du véhicule en situation urbaine. Sa suspension, bien qu’ajustable, demeure toujours trop ferme, lui faisant perdre des points côté confort si on la compare à une Continental GT, ou même au coupé Mercedes-Benz Classe S.

Donnons toutefois le mérite à BMW : la Série 8 est nettement plus abordable que ses rivales. Se vendant pas plus de 150 000 $, même une fois bien garnie en options, elle revient moins cher - de plusieurs dizaines de milliers de dollars - qu’une Classe S, une Bentley ou une Aston Martin.

Si vous recherchez un bolide de grand tourisme distingué, la BMW M850i 2019 ne vous décevra pas. Mais si vous souhaitez marier dynamisme de haut calibre avec le confort suprême, nous vous suggérons d’attendre l’arrivée de la M8.