Culture

Deux toiles de Bruce McGowan à l'affiche chez Sotheby's à New York

le samedi 17 mars 2018
Modifié à 9 h 00 min le 17 mars 2018
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Deux tableaux de Bruce McGowan, originaire de Léry, figuraient parmi les œuvres exposées au Ad Art Show 2018 présenté chez Sotheby’s à New York du 22 au 25 février. L’ancien élève de l’école secondaire Louis-Philippe-Paré fait partie d’un groupe très sélect de 93 artistes de la relève. Tous travaillant comme créateurs pour des agences de publicité. Ils ont été choisis par un jury formé de professionnels de l’art contemporain reconnus sur la scène internationale. La majorité provenait de New-York. McGowan était le seul Québécois.
Une fois qu'on expose chez Sotheby's, beaucoup de portes s'ouvrent - Bruce McGowan
Haute sphère de l’art «C’est extraordinaire», a réagi l’artiste. «Ce que la sélection représente pour moi, a exprimé Bruce McGowan en entrevue via Facebook, c'est que les gens et experts hautement qualifiés et de grande renommée puissent voir et évaluer mon travail. La valeur des pièces était attribuée par un panel de juges faisant partie de la haute sphère du monde de l'art, incluant Eric Shiner, ex directeur du Musée Andy Warhol à Pittsburg.» L’artiste se réjouit d’avoir enrichi sa collection de contacts. «L'endroit était truffé surtout de collectionneurs et d'agents. J'ai réussi à avoir de bons contacts avec plusieurs influenceurs dans le monde de l'art, incluant Christie's, l'autre grande maison d'encan», a-t-il fait part. McGowan rappelle : «Sotheby's est la plus grande maison d'encan d'œuvres d’art prestigieuses comme les Picasso, Warhol, De Vinci. Le but était d'explorer les talents en publicité qui deviendraient la prochaine génération d'artistes comme Warhol, Magritte ou Norman Rockwell, qui avaient œuvré en publicité avant de devenir artistes, pour ne donner que quelques exemples.» Ses deux toiles accrochées chez Sotheby’s étaient personnelles et non publicitaires, a précisé celui qui est directeur artistique senior à l’agence Geometry à Montréal. «La plupart des créatifs en publicité pratiquent l'art à temps perdu. Dans mon cas, j'en faisais en parallèle en espérant en vivre un jour», souligne McGowan. Lui et Riopelle McGowan a passé quatre jours chez Sotheby’s en compagnie de son frère Brent. Il confie : «Nous nous sommes promenés dans l'établissement parmi les Warhol, Picasso, Murakami, Bansky et sommes tombés sur un Riopelle. J'ai été ému de réaliser qu'à part cet artiste pour qui j'ai beaucoup de respect, j'étais peut-être le seul autre Québécois à avoir accroché mon travail chez Sotheby's». En vente à 55 000 $ Dans la foulée de l’exposition, les deux toiles de McGowan sont présentées pendant un an sur le site artsy.net. Un lieu où les plus grands collectionneurs font leurs acquisitions, observe Bruce McGowan.«Mingles» y est en vente à 55 000 $ et «Deep skin» à 7000 $. Entre-temps, les originaux vont faire une tournée de galeries. Superfine ! McGowan travaille maintenant à produire de nouvelles pièces pour l’exposition «Superfine! Art Fair» prévue à l’automne 2018 à Washington. «Le réputé magazine d'art "Hi Fructose" sera le partenaire majeur. Il publiera mes oeuvres dans son magazine par la suite. Les plans pour 2019, toujours représenté par Superfine!, sera d'exposer de nouvelles oeuvres au Miami Art Basel, la plus grande plateforme d'art au monde exposant des artistes établis, allant de Jeff Koons, Damien Hurst, jusqu'à la nouvelle relève», conclut Bruce McGowan.   Œuvres exposées [caption id="attachment_40101" align="alignleft" width="1024"] (Photo Brent McGowan)[/caption]

Skin deep

Cette œuvre est inspirée des bourgeois de l’époque de la Renaissance qui se pâlissaient la peau pour se distinguer du peuple bronzé par le travail à l’extérieur. «Plus ta peau était blanche, voire même transparente, le plus noble et bourgeois que tu étais. C'était une façon de se dissocier du peuple et pour le statut social. Skin Deep est tellement bourgeoise qu'elle en fait peur! Sa peau est tellement transparente, qu'elle n’en a pas. Ça montre à quel point elle veut se dissocier du petit peuple», explique-t-il. L’artiste observe qu’«avec le temps, il a été découvert que beaucoup de femmes et d'hommes de l'époque Baroque ont développé de graves problèmes de peau, dus aux composantes toxiques utilisées dans les maquillages». McGowan ajoute : «Mais paradoxalement, elle reste belle et a l'air d'une femme de force. Ce n'est pas la beauté qui rend la femme forte et confiante. Et Skin deep est une expression anglophone qui signifie, à la surface, superficiel. Un jeu de mots, paradoxe, puisqu'on voit aussi très creux dans son visage. Dans Mingles, il y a aussi un paradoxe. Malgré qu'elle soit entourée de chaos et d'hommes qui ne veulent que des aventures, c'est elle qui a le dernier mot et qui a le contrôle de l'application et son casque la protège. Le poisson mort dans le bas gauche du tableau est justement une "date" qu'elle a déjà eue.» 2006-2018 7000 $ [caption id="attachment_40102" align="alignleft" width="1024"] (Photo Brent McGowan)[/caption]

Mingles

Mingles signifie «s'entremêler et socialiser entre gens que l'on ne connaît pas. Comme on fait sur les réseaux sociaux», explique Bruce McGowan. «La femme sur la peinture est sur une application comme Tinder, une dating app, et cherche à socialiser avec des gars qu'elle ne connaît pas. La murène est un mâle qui s'entortille autour d'elle en lui offrant des diamants (sortant de sa bouche), il veut seulement mingle avec elle. Mingle veut aussi dire baiser, s'entrelacer. L’oiseau est une pie, les pies sont connues pour être attirées par tout ce qui brille, comme notre demoiselle qui, elle, est aussi attirée par tout ce qui brille et qui est luxueux. C'est pour cette raison que la pie est son animal domestique. Et c'est pour cette raison qu'elle porte un oeuf Fabergé comme casque, une bulle de confort luxueuse. Elle n'entend rien avec ses écouteurs, juste du Rihanna​ peut-être! Elle a un regard neutre, passif, malgré tout le chaos autour d'elle. Elle est à la recherche du prochain poisson. Comme le dicton anglophone le dit : there's plenty of fish in the sea...» 2010-2018 55 000 $ [caption id="attachment_40103" align="alignleft" width="1024"] L'artiste à l'oeuvre. (Photo Brent McGowan)[/caption]

Sa bio

La bio de Bruce McGowan qui apparaîtra sur son site internet : «Bercé toute son enfance par les cartoons dont il est capable à 5 ans de retracer aveuglément les contours, Bruce a toujours baigné dans la création. De Spielberg à Robert Williams en passant par Warhol, Todd Schorr, Rockwell et même Disney, il absorbe tous les courants esthétiques de sa génération qu’il entremêle avec ses inspirations classiques. Fasciné par les grands maitres - Fragonard, Boucher ou encore Bosch - il veut réinventer une esthétique baroque assortie à notre époque. Tout aussi influencé par le milieu publicitaire qu'il côtoie depuis de nombreuses années, il aime utiliser des couleurs et procédés séduisants et aguicheurs pour dépeindre un monde désenchanté. À travers l’univers chaotique de Mingles, sa dernière peinture, l’artiste suggère un regard à la fois dramatique et amusé sur les conditions de la séduction moderne. Les créatures hideuses rappellent le style décadent des illustrateurs de Cracked magazine, tandis que la richesse des détails dans les ornements évoque la rigueur esthétique des peintres anciens. Un genre anachronique qui s’exprime aussi dans l’utilisation de la peinture à l’huile classique qu’il alterne avec la peinture acrylique contemporaine.» [caption id="attachment_40106" align="alignleft" width="677"] Les toiles figurent dans le catalogue en ligne du site artsy.net. (Capture d'écran)[/caption]  

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