Choqué d'avoir été expulsé à cause de son chat

«J'ai travaillé pour la Ville de Châteauguay 32 ans. Me faire mettre dehors d'un parc, je le digère mal !», a lancé Pierre Daoust, avec le motif de son expulsion perché sur son épaule : un chat de Bengal.

Le retraité se détendait à une table de pique-nique au Centre écologique Fernand-Seguin, mercredi, vers 14h, avec son animal de compagnie en laisse. «Une employée d'Héritage Saint-Bernard m'a dit que je n'avais aucun droit d'être ici avec mon chat. Qu'aucun animal domestique n'était permis. Elle m'a dit que si je ne quittais pas, elle me ferait expulser. Je trouve ça insultant», a relaté M. Daoust de passage au journal jeudi. Il a indiqué avoir obtempéré. «J'ai été bien poli, j'ai souhaité bonne journée à la madame mais c'est bien de valeur, je ne le prends pas», a-t-il fait part.

M. Daoust a plaidé qu'aucune affiche sur le site ne signalait d'interdiction d'animaux domestiques.

Sociable

L'homme fait valoir que son Tiger favorise les contacts humains. «Tout le monde vient voir le chat. Ça me fait socialiser. Beaucoup de retraités vont là, on jase ensemble. Les gens âgés, on veut se mêler à la société, a-t-il exprimé. Les enfants sont estomaqués parce que ça ressemble à un tigre.»

Héritage Saint-Bernard s'excuse

Pierre Daoust et son chat n'auraient pas dû être expulsés du Centre écologique Fernand-Seguin, a confirmé au journal le directeur d'Héritage Saint-Bernard.

«On s'excuse auprès de M. Daoust pour cette situation-là», a exprimé Luc L'Écuyer, contacté par Le Soleil de Châteauguay. Le geste de l'employée ayant chassé le citoyen au motif que les animaux domestiques étaient interdits dans le centre résulte d'une confusion, a-t-il expliqué. «Les animaux domestiques sont interdits au Refuge faunique Marguerite-D'Youville mais pas au centre Fernand-Seguin, a-t-il fait part. Par contre, nous avons fait une demande en ce sens à la Ville. L'employée travaille aux deux endroits. Elle était sûre que les animaux domestiques étaient interdits au centre Fernand-Seguin.»

Animaux domestiques pas bienvenus

Éventuellement, si la Ville adopte le règlement concerné, M. Daoust ne pourra effectivement plus fréquenter le centre écologique avec son chat. Pourquoi bannir les animaux domestiques du centre ? Luc L'Écuyer souligne que c'est une mesure en vigueur dans les parcs nationaux de la SÉPAQ comme le parc national des Îles-de-Boucherville et celui du Mont Saint-Bruno.

Plusieurs raisons justifient l'interdit, dit-il. «Les gens qui visitent les milieux naturels recherchent la quiétude et la tranquillité; certaines personnes ont peur des chiens et des autres animaux domestiques qui pourraient s’y trouver, même s’ils sont en laisse, indique-t-il. L'odeur et la  présence des animaux domestiques peuvent faire fuir les animaux sauvages que les visiteurs tentent d’observer.»

Les animaux domestiques peuvent aussi être porteurs de maladies et sont susceptibles d'en attraper, ajoute-t-il. «Les bêtes sauvages comme le renard et le raton laveur pourraient également leur infliger des mutilations et des blessures», fait valoir M. L'Écuyer.

Il mentionne aussi que les chats domestiques et errants tuent entre 105 et 348 millions d'oiseaux par année au Canada.

Un boa dans le bois

En voulant bannir les «animaux domestiques» des aires protégées, Héritage Saint-Bernard vise les chats et les chiens mais aussi les compagnons exotiques. «On a déjà vu des iguanes, des rats et un boa au centre écologique. C'est quand même gros un boa et ça fait peur. On fait quoi s'il s'échappe dans la forêt ?», demande Luc L'Écuyer.

«En Montérégie, seulement une petite portion du territoire sert à des fins de conservation; il serait tout à fait logique de laisser cet espace aux animaux sauvages», conclut-il.