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Coups durs pour la propriétaire du Club Proform

le vendredi 22 novembre 2019
Modifié à 7 h 19 min le 23 novembre 2019
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Le Centre sportif Proform à Châteauguay est fermé depuis le 16 novembre. Le «contexte économique» et la «concurrence féroce» ont eu raison de son gym, déplore Chantal Vachon, qui incite ses membres à poursuivre leur abonnement chez «Notre gym».
«J’ai perdu mon combat, j’ai perdu beaucoup d’argent, j’ai perdu un gym, j’ai perdu une partie de ma vie» - Chantal Vachon
L’ouverture d’un centre de conditionnement à rabais à Châteauguay a fait mal. À la suite de l’ouverture du Buzzfit, le nombre de ses membres a chuté de 3300 à 1150, indique Mme Vachon, en entrevue au Soleil de Châteauguay. Cette diminution de la clientèle conjuguée à une pression à la baisse sur les prix a placé le Proform en difficultés financières, explique-t-elle. Elle a pris du retard dans le paiement du loyer de l’espace qu’elle occupait dans l’immeuble du boulevard D’Anjou, confirme Mme Vachon. Dans les circonstances, le propriétaire a changé les serrures et elle n’a plus accès aux locaux. Elle aurait aimé qu’il accorde un plus long délai. «Les gens ont tendance à essayer la nouveauté et il y en a plusieurs qui seraient revenus», croit-elle, disant avoir vécu l’expérience ailleurs. Chantal Vachon croit que beaucoup de gens ne sont pas conscients des coûts fixes d’un centre de conditionnement. «Plusieurs trouvent cher l’abonnement à 20 $ par mois. Ils ne réalisent pas ce que coûtent le loyer, Hydro-Québec, etc. C’est 40 à 45 000 $ par mois», souligne-t-elle. Et tout le monde ne paye pas dans les délais, se désole-t-elle. «On a pour 65 000 $ de mensualités à collecter», dit-elle. [caption id="attachment_73236" align="alignnone" width="444"] Le centre sportif Proform à Châteauguay est fermé[/caption] Un «deuil énorme» Le coup est dur. «Châteauguay était mon gym le plus rentable l’an passé. Ça faisait 15 ans», souligne Mme Vachon, qui a opéré jusqu’à cinq centres en Montérégie. Il lui reste celui de Delson, après avoir dû fermer son adresse à LaPrairie cet été. Sur Facebook, Chantal Vachon a exprimé à quel point la perte était grande pour elle. «Je tiens à ma clientèle plus que tout. Je me suis battue et endettée jusqu’au bout pour traverser cette tempête, j’ai perdu mon combat, j’ai perdu beaucoup d’argent, j’ai perdu un gym, j’ai perdu une partie de ma vie», a-t-elle écrit. «Après 20 ans dans le domaine à m’investir corps et âme tous les jours, de voir tout ce qui se passe est un deuil énorme pour moi.» Mme Vachon se dit «désolée de la situation» et qu’elle va «maintenant mettre toutes mes énergies à satisfaire les clients et répondre à toutes leurs questions». «Notre gym» Les clients de Proform peuvent poursuivre leur entraînement chez Notre Gym au 299 C, boulevard D’Anjou à Châteauguay. «Ils n’ont qu’à présenter leur carte Proform. On les considère comme nos membres. On souhaite qu’ils aiment ça», affirme la propriétaire Josée Mailloux. Elle compatit avec Chantal Vachon. «Moi et Chantal, nous sommes deux femmes d’affaires de la région. On s’aide mutuellement», souligne-t-elle. [caption id="attachment_73237" align="alignnone" width="444"] Josée Mailloux[/caption] Secteur en «crise» Selon Josée Mailloux, les bannières à rabais affectent tous les gyms «de façon importante». «De notre côté, nous avons choisi de nous démarquer avec quelque chose de différent, en offrant la massothérapie, la physio, la naturopathie. On veut que les gens se sentent comme chez soi», note-t-elle. L’impact peut se faire sentir jusqu’à 15 km. Copropriétaires du Kinétik Gym à Sainte-Martine, Sacha Lefebvre et Philippe LeBlanc en témoignent. «On a subi une petite perte de clientèle même avec la distance qui nous sépare», disent-ils. Ils estiment la baisse à 15 % depuis l’ouverture du Buzzfit. Dans un article, en août 2016, le journal Les Affaires faisait part que «l’entrée en scène de nouveaux acteurs à bas prix pèse lourd sur les acteurs traditionnels». «Cette industrie traverse une crise qui n’est pas sans rappeler les enjeux qui touchent l’industrie des taxis ou des médias, par exemple», écrivait l’auteur du texte, Matthieu Charest. (Avec Valérie Gagnon)