Actualités
Économie

Des producteurs laitiers s’unissent pour protéger leurs acquis

le mercredi 02 septembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 02 septembre 2015
Par Valérie Gagnon

vgagnon@gravitemedia.com

Les négociations du Partenariat transpacifique en cours inquiètent les agriculteurs locaux puisqu’ils craignent que les dirigeants abandonnent la gestion de l’offre et laissent place à la libre concurrence.

«On se connaît tous, on est tous inquiets. Je suis persuadé que pour l’économie des régions, ça serait catastrophique», soutient Réjean Julien, producteur laitier de Sainte-Martine. L’une de leurs principales inquiétudes est qu’il y ait une plus grande place à l’importation de produits laitiers provenant des autres pays de ce partenariat.

Depuis les années 1970, le gouvernement canadien a mis en place le système de la gestion de l’offre dans le but de stabiliser le marché et d’ajuster efficacement l’offre et la demande pour les producteurs de lait, de volailles et d’œufs. Dans le contexte actuel, les négociations du Partenariat transpacifique seraient une porte d’entrée à l’élargissement des marchés en formant une zone de libre-échange où 12 pays sont impliqués.

Le renouvellement de la Farm Bill, politique agricole du gouvernement fédéral américain, permet de subventionner les agriculteurs des États-Unis. Quelque 1000 milliards de dollars US sur 10 ans constituent l’enveloppe. Tandis qu’au Canada, les producteurs sont soutenus par le biais de la gestion de l’offre.

Un climat de méfiance planerait envers le premier ministre Stephen Harper après qu’il ait conclu l’entente Canada- Union européenne qui a permis l’importation de 17 700 tonnes de fromages fins des pays d’Europe.

Effondrement de prix redouté

«On a peur que le marché soit laissé aller et que ça devienne anarchique, complètement fou, qu’il n’y ait plus de discipline dans le marché et que ça crée des surplus et qu’à ce moment-là les prix s’effondrent», confie M. Julien, qui a pris en charge la ferme laitière de son père à l’âge de 27 ans, et qui est maintenant âgé de 54 ans. En moyenne, il produit 400 000 litres de lait par année à 70 cents le litre. Ce dernier s’est rallié à la coalition GO5 qui vise le maintien de la gestion de l’offre au terme des différentes négociations commerciales nationales et internationales. Le mouvement Forts et Unis – pour la gestion de l’offre a aussi été créé pour sensibiliser le gouvernement à la fragilité économique du domaine de l’agriculture.

Les municipalités de Sainte-Martine et Saint-Isidore ont adopté récemment une résolution pour appuyer les agriculteurs dans leur démarche de mobilisation. Les négociations pourraient se conclure ce printemps, selon un communiqué des Producteurs de lait du Québec.

Négociations inquiétantes

«C’est un peu ce qui nous inquiète des gouvernements actuels. On n’est pas capable de savoir à quel niveau est la demande des autres pays envers les produits sous gestion de l’offre», soutient Pierre-Luc Leblanc président des Éleveurs de volaille du Québec. Les ministres impliqués dans ces négociations ne donnent pas d’informations précises sur les développements et les décisions à venir, selon M. Leblanc. La plus grande crainte des producteurs, selon le président, est que le gouvernement vienne sacrifier les produits sous gestion de l’offre.

«Nous ce qu’on veut c’est que le Canada puisse améliorer son sort. On pense que nos concessions sont déjà faites.»

  • La gestion de l’offre

Les trois piliers de ce système sont : la planification de la production en fonction de la demande des consommateurs canadiens; les prix à la production négociés en fonction du coût de production; le contrôle des importations pour ajuster efficacement l’offre et la demande. (Source : Coalition pour un modèle agricole équitable, la gestion de l’offre)

  • Qu’est-ce que le Partenariat transpacifique?

Ce partenariat vise à libéraliser le commerce et les investissements entre 12 États autour de l’océan Pacifique. Ces pays regroupent 800 millions de personnes et représentent environ 40% de l’économie mondiale. Si ce partenariat venait à être conclu, ce sera la plus grande zone de libre-échange au monde. (Source:Radio-Canada)

Nombre de fermes laitières sur le territoire du Journal

1

Châteauguay

7

Beauharnois

2

Mercier

0

Léry

4

Saint-Isidore

24

Sainte-Martine

(Source:L’Union des producteurs agricoles de la Montérégie)

 

 

Quelques chiffres

22 000

Emplois directs créés par les fermes laitières du Québec, classées au 4e rang des employeurs

5856

Nombre de fermes laitières au Québec

1,29 milliard $

Retombées fiscales des Producteurs de lait du Québec

678M $

Au gouvernement fédéral

454M $

Au gouvernement du Québec

(Source:Les Producteurs de lait du Québec)