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Des solutions pour les hommes victimes de violence conjugale

le vendredi 29 avril 2022
Modifié à 15 h 21 min le 29 avril 2022
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

(Photo: vialanse.com)

Une femme qui subit de la violence conjugale, c’est inadmissible en société. Par contre, quand un homme vit la même réalité, on ne le prend pas au sérieux. Pourtant, la souffrance est la même. C’est ce qui a incité l’organisme Via l’anse, de Salaberry-de-Valleyfield, à offrir des services aux victimes masculines de violence conjugale.

Sylvain (nom fictif) a vécu la violence conjugale durant 8 ans aux côtés d’une femme qu’il aimait malgré tout. « Au début, c’était une personne charmante, intelligente et reconnue socialement », rappelle-t-il. Mais au fil des mois, elle est devenue de plus en plus demandante.»

Que la victime soit un homme ou une femme, les caractéristiques demeurent les mêmes. Mensonges, manipulation, tendance à vouloir isoler le conjoint, tous des agressions que Sylvain a subies, jusqu’à la violence physique, des simples poussées aux claques à la figure.

«Ma vérité était toujours moins importante que la sienne. Elle limitait mes temps de visite chez mes enfants, au point où je devais prendre du temps de travail en cachette pour aller les voir», raconte le diplômé universitaire.
C’est sans compter les dizaines de textos harcelants pour connaître ses allers et venues. Son bourreau fonctionnait à coups de menaces, même celle d’avoir recours à la police.

Ça a pris 6 ans à Sylvain, au fil d’une dépression et de pensées suicidaires, pour décider que c’en était assez. Le tout accentué par la pandémie qui l’a forcé au télétravail à la maison.

C’est par l’entremise d’un programme d’aide aux employés qu’il a été référé à l’organisme Via l’Anse. Après de nombreuses heures de thérapie, il en est venu à voir sa situation de l’extérieur et à exprimer ses émotions. «J’en suis maintenant à me redéfinir, à me reprogrammer. Je ne suis plus la même personne.»

Programme complet maintenant offert

L’aide que Sylvain a obtenue s’inscrit dans un programme que Via l’Anse a développé au cours de la dernière année, explique le président de l’organisme, Daniel Asselin. « On a travaillé en partenariat avec Le Pont du Suroît et le CAVAC afin d’élaborer un programme d’aide complet pour les hommes. Un programme de groupe de 12 rencontres a été expérimenté à deux reprises dans la dernière année et les résultats montrent que les participants disent avoir grandement apprécié l’activité. »

Mario Trépanier, à gauche, coordonnateur et intervenant chez Via l’Anse, en compagnie du président, Daniel Asselin, et d’Élizabeth Pilote du CAVAC. (Photo Mario Pitre)

Ce programme clé en main est le premier du genre au Québec, avance le coordonnateur et intervenant chez Via l’Anse, Mario Trépanier. «Les hommes ont le droit d’être reconnus comme des victimes de violence conjugale», dit-il.
Ce nouveau programme vise notamment à faire en sorte que les hommes sachent qu’ils peuvent obtenir de l’aide, car trop peu osent dénoncer.

Selon Élizabeth Pilote du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC), à peine 5 % des plaintes de violence conjugale portées devant les tribunaux provient des hommes. « La plupart proviennent de plaintes croisées ou de situations où des enfants sont impliqués.»

Pour Mario Trépanier, « le principal défi est d’aider les hommes à reconnaitre le problème. Les stéréotypes de genre entretenus par la société font en sorte qu’on estime qu’un homme devrait pouvoir encaisser les coups sans en souffrir, en demeurant stoïque. La vérité est que la violence fait toujours mal. 

Via l’Anse a réalisé une étude approfondie en 2018 sur le phénomène de la violence conjugale subie par les hommes. (Photo vialanse.com)

La plupart des hommes qu’on a reçus ne savaient pas qu’ils vivaient de la violence avant qu’un professionnel ou un proche ne s’inquiète pour eux et ne les aide à en prendre conscience. Ces hommes en étaient venus graduellement à normaliser les comportements de leur partenaire, en les attribuant à des problèmes de santé mentale, à des traumatismes antérieurs ou à des problèmes de consommation, tout en s’estimant responsable de son état. »

Les personnes concernées peuvent prendre rendez-vous directement à l’organisme en appelant au 450-370-3200, afin de participer à une première rencontre d’accueil. Par la suite, une gamme de services comprenant des suivis individuels et des suivis de groupe pourra leur être proposée.