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Des syndicats reçoivent mal le thème de la semaine des enseignants

le mardi 07 février 2023
Modifié à 10 h 39 min le 08 février 2023
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

La 29e édition de la semaine des enseignants porte le thème «chaque jour, on mesure l’importance de votre rôle». (Photo: Depositphotos)

En cette semaine des enseignantes et des enseignants, qui se déroule jusqu’au 11 février, des syndicats mettent en lumière le travail essentiel au quotidien et l’expertise de ceux-ci. Les organisations ne cachent toutefois pas leur inquiétude face à la thématique annuelle du gouvernement, «chaque jour, on mesure l’importance de votre rôle», considérant plutôt qu’«il faut prendre la mesure des gestes à poser». 

La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) et l’Association des professeurs de Lignery (CSQ) partagent dans un communiqué que ce thème leur fait craindre de nouvelles dérives du ministère de l’Éducation. 

Brigitte Bilodeau, première vice-présidente de la FSE-CSQ et responsables de dossier pédagogiques, observe que depuis une dizaine d’années, le personnel enseignant subit des effets d’une gestion axée sur les résultats. À ses yeux, cela devient un prétexte pour comparer les performances entre établissements scolaires et parfois, entre enseignants. 

«Quand on nous dit "mesurer" chaque jour l’importance de notre rôle, le message laisse un goût amer.»
-Brigitte Bilodeau, première vice-présidente de la FSE-CSQ 

«On ne gouverne plus que par des chiffres et des statistiques sans égard à leur expertise et leur autonomie professionnelle. Que ce soit la politique du non-redoublement, l’abaissement des exigences, les pressions pour modifier les notes et imposer des pratiques pédagogiques dites probantes, la liste des travers de ce type de gestion est longue», estime Mme Bilodeau. 

Josée Scalabrini, présidente de la FSE-CSQ, croit qu’il ne suffit pas de faire reconnaître l’expertise pédagogique des enseignants dans la Loi sur l’instruction publique (LIP) pour la faire respecter.

Elle cite en exemple que le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge est heureux d’entendre le personnel scolaire dire du bien de l’aide à la classe, mais que concernant l’implantation du programme Culture et citoyenneté qui remplacera celui d’Éthique et culture religieuse, «on a droit à la sourde oreille». 

«On a le devoir de bien faire les choses. Reporter l’implantation complète d’au moins une année et envisager de le faire graduellement, comme on le demande, c’est tout simplement se donner les conditions pour réussir. Reconnaître le rôle des enseignants, ça doit passer par la confiance et le respect de leur expertise pédagogique. La loi adoptée sous la CAQ reconnaît d’ailleurs qu’elle est essentielle. On ne peut pas y être attentif que lorsque ça fait notre affaire», soutient Mme Scalabrini. 

Apport salué 

De son côté, Martine Provost, présidente de l'Association des professeurs de Lignery, dont les membres enseignent au Centre de service scolaire des Grandes-Seigneuries, souligne que les enseignants de tous les secteurs sont des acteurs essentiels dans la formation des élèves qui leur sont confiés. 

«Ce sont eux, du préscolaire au secondaire, de la formation professionnelle et à la formation générale des adultes qui forment les adultes de demain et qui cultivent le goût d’apprendre», dit-elle. 

Celle-ci-joint ainsi sa voix à celle de Mme Scalabrini qui affirme que les enseignants «ne ménagent aucun effort pour accompagner leurs élèves vers la réussite et leur donner des outils qui les aideront à surmonter les épreuves qui se présenteront tout au long de leur vie». 

Elle rappelle néanmoins que le personnel scolaire est frappé par la pénurie de main-d’œuvre et un manque de valorisation.

«Valoriser la profession, ça ne peut pas être que l’affaire d’une seule semaine. Il faut en faire une priorité toute l’année et qu’enfin le gouvernement pose des gestes concrets en ce sens», clame-t-elle. 

Plus précisément, elle croit que profiter de la négociation nationale pour améliorer les conditions de travail des enseignants «serait un bon début».