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Devenu paraplégique à la suite d’un accident de travail

le dimanche 18 mars 2018
Modifié à 22 h 00 min le 18 mars 2018
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Devenu paraplégique à la suite une chute de près de cinq mètres sur un chantier de construction, Jonathan Plante a raconté son histoire à des élèves du Centre de formation professionnelle des Moissons de Beauharnois et de l’école secondaire des Patriotes-de-Beauharnois le 14 mars pour les sensibiliser à l’importance de la sécurité au travail. M. Plante le dit d’entrée de jeu : «je suis un petit cowboy. Je faisais partie des gens qui pensaient être à l’abri des accidents». Adepte de sensations fortes, il adorait faire de la moto, faire du sport et des activités en plein air. Il travaillait comme charpentier-menuisier sur des chantiers de construction et aimait particulièrement travailler en hauteur, car cela lui procurait une sensation d’adrénaline. «J’avais pour théorie que ceux qui tombent, ce sont ceux qui ont peur», explique le conférencier. Chute de cinq mètres La journée du 12 mars 2007 lui a malheureusement prouvé le contraire.  Pour accéder au plancher où il travaillait, ses collègues et lui marchaient sur une planche de deux par dix qui liait deux étages de la maison en construction. Ce matin-là, Jonathan Plante, alors âgé de 26 ans, s’affairait à sortir les outils et les transporter au deuxième étage. En arrivant en haut de cette rampe de fortune, il a lancé l’extension électrique qu’il avait dans une main. Au même moment, il a échappé les clous qu’il tenait dans l’autre main. «En voulant rattraper les clous, j’ai perdu l’équilibre. Pouf. Je suis parti par en arrière. J’ai fait une chute d’environ quinze pieds. J’ai atterri au sous-sol de la maison, sur le dos,  sur une planche de deux par six qui avait deux pouces de glace dessus», raconte-t-il. Résultat : deux vertèbres fracturées, moelle épinière sectionnée. Jonathan Pante est devenu paraplégique. Les médecins lui ont dit qu’il ne marcherait plus jamais. «Du nombril aux orteils, je ne sens et je ne contrôle plus rien», explique-t-il. Après l’accident, il s’est demandé pourquoi ça lui était arrivé. «Le constat a été brutal. Tout ça pour dix minutes. Ça nous aurait pris 10 minutes pour faire une belle rampe sécuritaire, explique M. Plante. On avait les matériaux, les outils et les compétences pour le faire.» Des conséquences collatérales Cet accident a inévitablement changé sa vie, mais aussi celle de gens qui l’entourent. En particulier celle de sa conjointe avec qui il est en couple depuis 20 ans. Grâce à des traitements de fécondation in vitro qui, selon ce qu’il raconte ont été difficiles pour sa conjointe, le couple a eu deux enfants. «Pendant les traitements, je me suis senti comme un loser fini. Il y a des couples qui n’ont pas le choix de passer par là s’ils veulent des enfants. Nous autres on l’avait ce choix avant l’accident», témoigne-t-il. Onze ans presque jour pour jour depuis l’accident, M. Plante a affirmé devant l’auditoire à Beauharnois qu’il était heureux et comblé. Mais que ce fameux dix minutes lui coûte encore cher aujourd’hui. Il doit composer avec «plein de petits moments crève-cœur». «Aller jouer dans la neige avec mes enfants, prendre une marche l’hiver, c’est compliqué», souligne-t-il. Il espère que son témoignage sonnera une cloche dans les têtes des jeunes qui étaient présents. «Je vous souhaite d’être capable de vous rendre à votre retraite en santé. Je ne veux pas vous revoir dans une conférence dans un centre de réadaptation», a conclu le conférencier. Étudiants en agriculture et arboriculture La conférence s’adressait aux élèves du Centre de formation professionnelle des Moissons qui étudient majoritairement dans des programmes agricoles ou en arboriculture, deux secteurs où le risque d’accident est élevé. Selon la CNESST, entre 2010 et 2015, il y a eu en moyenne par année 135 lésions professionnelles chez les travailleurs en élagage d’arbres. Cela représente un accident par entreprise dans ce secteur.