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Elle surmonte sa peur des hauteurs pour sauver une vie

le jeudi 03 décembre 2020
Modifié à 11 h 39 min le 03 décembre 2020
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Policière à Châteauguay, Manon Kingsley a le vertige. Le jeudi 19 novembre, elle a dû surmonter sa peur des hauteurs pour aider un homme en arrêt cardio-respiratoire sur le toit d'une maison à Châteauguay. En avant-midi ce jour-là, la policière et son coéquipier répondent à un appel logé au 911 au sujet d'un homme inconscient sur le toit d'une résidence de la rue Watt à Châteauguay. Les policiers arrivent les premiers sur les lieux. Une équipe de couvreurs de toiture travaillaient et l'un d'eux a perdu conscience. «En arrivant, on réalise que la victime est toujours sur le toit. Je dis rapidement à mon collègue que j'ai peur des hauteurs, mais il me répond que lui aussi. Je me dis : oh non, on a un problème», raconte Mme Kingsley en entrevue. Elle confie avoir commencé à avoir chaud, mais au même moment, un collègue de la victime, qui était en ligne avec le centre d'appels 911, les informe que la répartition lui demande de commencer le massage cardiaque. «Le monsieur nous dit qu'il ne sait pas comment faire. Sans réfléchir, je décide de monter. Je suis formée pour faire des manoeuvres de réanimation je dois faire quelque chose. Je dis au monsieur : j'ai peur des hauteurs, regardez-moi dans les yeux pendant que je monte et ne me lâchez pas des yeux», se souvient-elle. La policière a rapidement monté sur le toit de la maison à l'aide d'une échelle dont elle doutait de la sécurité.  Mme Kingsley a commencé le massage cardiaque sur l'homme dans la trentaine et a continué jusqu'à l'arrivée des pompiers de Châteauguay et des ambulanciers de la Coopérative de techniciens ambulanciers de la Montérégie (CETAM). Le chef aux opérations du Service incendie de Châteauguay Richard Perras est un des premiers pompiers arrivés sur les lieux. Il s'est rendu sur le toit lui aussi. Ils ont fait des vérifications avec le défibrillateur, mais le coeur n'était pas en arrêt, indique M. Perras. «Sa respiration était très faible. On a compressé à trois, quatre reprises. On l'a stabilisé et on l'a descendu et les ambulanciers ont pris la relève», explique-t-il. Les ambulanciers n'interviennent pas en hauteur Les pompiers avaient été appelés puisqu'ils sont formés pour intervenir en hauteur. «Les paramédics ne sont pas habilités à intervenir dans tous les milieux. L’évènement survenu à Châteauguay en est un excellent exemple, souligne Valérie Bélanger, relationniste pour la CETAM.  Pour assurer une prise en charge sécuritaire, autant pour eux que pour le patient, les paramédics ont eu besoin de l’assistance des pompiers.» Elle précise que la collaboration entre les services d'urgences est une pratique courante et encouragée par la CETAM. «L’assistance des pompiers a été nécessaire, mais les décisions prises pour l’état de santé du patient sont toujours assumées par les paramédics, et ce même s’ils n’ont pas accès directement à lui», mentionne-t-elle. Une fois redescendue au sol,  la victime a été transportée à l'hôpital. Le trentenaire est sauf. Grande fierté  Quant à la policière Kingsley, elle garde un beau souvenir et une grande fierté face à cette  intervention. «Il y avait une vie en danger, ce n'était pas le moment de faire un tirage au sort ou un débat entre mon collègue et moi pour voir lequel allait y aller. Je suis vraiment fière que ça ait servi à sauver quelqu'un», raconte-t-elle. Ce soir-là, à son retour à la maison, Mme Kinsgley a raconté sa péripétie à sa famille, chose qu'elle n'a pas l'habitude de faire. «J'ai dit à ma famille que quand la pandémie sera finie je veux aller faire du skyline (tyrolienne). Je n'ai plus le vertige !» rigole-t-elle. Elle est contente que son travail de policière lui ait permis de confronter sa peur. «Si je pratiquais un autre métier, qui ne m'obligerait pas à réagir en situation d'urgence, je suis convaincue que je n'aurais jamais confronté cette peur», confie-t-elle.