Tribune libre

Enjeux autochtones et administrations publiques : le racisme et le hockey

le dimanche 01 mars 2020
Modifié à 11 h 57 min le 04 mars 2020
(L'auteure, Melissa Magdalena-Spénard, est étudiante à la maîtrise à l'École nationale d’administration publique et mère de quatre enfants. Le Soleil de Châteauguay publie ici un travail qu'elle a complété à l'automne 2019.) [caption id="attachment_76630" align="alignleft" width="170"] Melissa Magdalena-Spénard (Photo Facebook)[/caption] Dans le cadre du cours Enjeux autochtones et administrations publiques nous devons produire une réflexion approfondie sur un des thèmes abordés lors de la formation. Suite à un incident qui m’a marquée en octobre dernier dans un des arénas situés à Vaudreuil, j’ai choisi d’aborder la thématique relationnelle qui est souvent difficile entre la population autochtone et la population non autochtone puisque la population autochtone est souvent victime de préjugés et de stéréotypes racistes et discriminatoires. Dans le cadre de ce travail, je vais partager mes observations et ma réflexion quant aux relations biaisées dans la Ligue Trente-Ouest de l’Association de hockey mineur du lac Saint-Louis. Bien que le hockey mineur est loin d’être une administration publique, j’ai choisi ce thème afin de sensibiliser la population à l’impact des commentaires désobligeants sur le bien-être des individus atteints et sur le maintien des relations conflictuelles afin de démontrer la nécessité d’une implication gouvernementale pour cadrer les interventions et visant à mitiger l’occurrence des incidents. Afin de vous situer, je vous explique le contexte de l’incident d’octobre dernier. Bien que je m’identifie comme étudiante en fin de maîtrise ayant développé une passion pour l’étude des relations conflictuelles, les dynamiques du pouvoir et de la violence psychologique, je suis avant tout maman de quatre enfants âgés de sept à quatorze ans. Mes deux garçons portent fièrement les couleurs des Huskies de l’Association de hockey mineur de Huntingdon jouant aux niveaux novice et pee-wee. Mon fils ainé jouait contre l’équipe locale ce samedi d’octobre tout comme une des équipes du Kahnawake Minor Hockey. Attendant à l’entrée de l’aréna, dans le chaos des changements d’horaire où se retrouvent les familles deux équipes qui quittent, deux équipes qui embarquent sur la glace et deux équipes qui arrivent en préparation de la partie suivante, j’étais aux côtés d’une maman d’un membre de l’équipe des Mohawks. J’admets ne pas être une personne patiente et que mon niveau de stress augmente lors des transitions d’horaire où une soixante de personnes tente de se déplacer avec leur petite famille et leur équipement de hockey dans une entrée entassée. C’est à ce moment qu’un papa d’une des équipes visiteuses verbalise, sans provocation, un commentaire désobligeant et raciste dirigé vers l’équipe autochtone. Les paroles gratuites de cet individu m’ont marqué à un tel point où je ne pouvais formuler un mot. Ceux qui me connaissent vous diraient que ceci n’arrive pas souvent. J’ai regardé la maman, sans mot, ma main sur ma poitrine, avec beaucoup d’empathie et d’un regard d’incompréhension. Elle me regarde et me dit ‘’We’re used to it’’ à quoi je réponds ‘’You shouldn’t have to be.’’. Cadre conceptuel Les droits fondamentaux à l’équité et d’un traitement sans discrimination sont protégés par la Charte canadienne des droits et liberté à l’article 15 (1). La Charte vise à protéger les individus  des ‘’discriminations fondées sur la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, le sexe, l’âge ou les déficiences mentales ou physiques.’’. (GOC, Justice, 2019) Ces droits sont renchéris par la Charte québécoise des droits et libertés de la personne qui stipule ‘’que tous les êtres humains sont égaux en valeur et en dignité et ont droit à une égale protection de la loi.’’ (Publication Québec, 2017) Le harcèlement psychologique est défini dans les textes législatifs du Gouvernement du Québec comme étant des conduites vexatoires, hostiles et non désirées ‘’ se manifeste par des comportements, des paroles ou des gestes’’ répétés atteignant la dignité de la personne et/ou son intégrité psychologique. (Gouvernement du Québec, CNESST, 2019) Lorsque le harcèlement se fonde sur les caractéristiques personnelles propres à la victime, ce type de harcèlement est dit discriminatoire et interdit par la Charte des droits et libertés de la personne. (Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, 2019) Bien que le harcèlement soit souvent réduit à une relation conflictuelle entre deux personnes, une tendance émerge dans la littérature qui différencie le rôle des humains des responsabilités du système. Le harcèlement organisationnel évoque les problèmes relatifs au système dans son ensemble comme la prévention de la violence psychologique ou la gestion de cette dernière sont attribuables non pas aux acteurs individuels, mais à un système qui néglige ses responsabilités quant au contrat social qu’il établit avec ses membres. Une situation dite systémique implique une connaissance de la problématique et une facilitation de la violence  à défaut d’action du système. Le système devient donc un acteur dans le conflit. (Hirigoyen, 2017 et Legault, 2007) Bien que ce type de harcèlement soit plus fréquemment observé dans les milieux de travail (Pereira, 2003) une interprétation de la législation semble se façonner sur la convention sociale établie entre les institutions gouvernantes et leurs responsabilités gouvernées. (Rousseau, 1762) Une forme de harcèlement psychologique est l’intimidation. Selon la Loi sur l’instruction publique l’intimidation est définie à l’article 13 (1.1) comme « Tout comportement, parole, acte ou geste délibéré ou non à caractère répétitif, exprimé directement ou indirectement, y compris dans le cyberespace, dans un contexte caractérisé par l’inégalité des rapports de force entre les personnes concernées, ayant pour effet d’engendrer des sentiments de détresse et de léser, blesser, opprimer ou ostraciser. » (Ministère de la Famille, 2015) L’intimidation peut être d’ordre physique, verbal, social ou matériel. Bien que quelques événements violents aient été répertoriés, les incidences d’intimidation verbale et sociale seront privilégiées lors de cette réflexion. Recension des écrits Les effets négatifs de la violence psychologique par l’intimidation, des gestes discriminatoires ou le harcèlement psychologique sur la santé mentale des enfants des Premières Nations sont bien recensés. (Smeley, 2015)  La revue littéraire appuie fortement un déséquilibre relationnel quant à la distribution du pouvoir entre les groupes autochtones et non autochtones. (Do, 2012) Les enfants des Premières Nations, Métis et Inuits sont particulièrement vulnérables à l’intimidation une conséquence sociohistorique de la marginalisation des peuples autochtones ‘’resulting endemic disadvantage and disproportionate risk experienced by many Indigenous peoples across the country to this day.’’ (Dunlop, 2016) Ce désavantage est ressenti par les membres des Premières Nations par le non-respect de leurs droits fondamentaux et la protection de leur dignité. Cette violation accroît la perception d’un traitement inéquitable et comparable à une citoyenneté de deuxième classe. (Kubik, Bourassa et Hampton, 2009) Le rôle du gouvernement sera essentiel afin de mitiger l’occurrence de discrimination et d’intimidation puisque ‘’L’action sur les facteurs de risque associé à l’intimidation et aux comportements violents favorisera également le renforcement du capital social qui contribue à la valorisation des cultures autochtones et à l’estime de soi, et redonne un pouvoir aux individus, aux familles et aux communautés en plus d’avoir des effets positifs sur leur santé mentale et leur bien-être.’’ (INSPQ, 2019) Les sports organisés sont primordiaux au développement, au bien-être et à l’inclusion des enfants autochtones. (Naslund, 2009) Les premières nations se voient souvent exclues de la pratique des sports non traditionnels et lorsque pratiqué, sont perçu comme étant plus violent que les joueurs non autochtones. (Krebs, 2012, Naslund, 2009 et Valentine, 2012)  En 2001, l’équipe de Premières Nations Kainai Minor Hockey Association (KMHA), accusé par les équipes des villages avoisinants non autochtones, a été banni de la ligue dans laquelle elle jouait dans le sud de l’Alberta pour des comportements d’incivilité. Les allégations d’incivilité ont été soutenues largement par la perception des manquements aux règlements et à l’utilisation de la violence par les joueurs de l’équipe. (Robidoux, 2004). Naslund et Robidoux soulèvent que les comportements des non-autochtones envers les membres de Premières Nations renforcent souvent l’exclusion sociale et l’isolation des enfants des Premières Nations. (Naslund, 2009 et Robidoux, 2004) Dans le cas de l’équipe  des actions prises contre l’équipe Kainai Minor Hockey Association ont accentué la division sociale en isolant les enfants de cette organisation. (Robidoux, 2004) La multiplicité des bénéfices favorisant le bien-être des enfants lors de la participation sportive est bien documentée. Il y a une valeur ajoutée quant à la l’inclusion, la valorisation et l’appréciation de la diversité pour tous les participants lorsque la participation des membres des Premières Nations est facilitée. Ceci dit, les conditions doivent être optimales afin de garantir l’accès aux équipes autochtones et le succès de leur participation. (Naslund, 2009) Position de l’État Athlète, championne du monde et médaillée olympique, la ministre déléguée à l’Éducation et ministre responsable de la Condition féminine au Gouvernement du Québec, Isabelle Charest, s’est prononcée sur le sujet de la violence psychologique, le harcèlement et l’intimidation dans le sport dans un article publié le 10 février 2019 disant que son gouvernement prend le sujet ‘’très au sérieux’’ (La Presse, 2019). Elle poursuit en se disant qu’ «En tant que ministre, ma priorité sera toujours que les athlètes puissent pratiquer leur sport dans un environnement sain et sécuritaire. Le Québec est un leader au Canada en ce qui a trait aux moyens mis en place pour assurer leur sécurité. Nous pouvons toujours faire plus. À ce titre, nous poursuivons nos efforts avec nos partenaires, et tout le milieu sportif partage nos préoccupations’’ (La Presse, 2019). Pendant que le Gouvernement du Québec exprime une volonté d’assurer une pratique sécuritaire des activités sportives, sa perception de leadership en cette matière a été ternie par la position prise par son homologue ontarien quelques mois plus tard. La Commission ontarienne des droits (CODP) de la personne a envoyé le 13 mai dernier une lettre aux municipalités indiquant clairement leurs intentions de favoriser une culture d’acceptation et d’inclusion. ‘’Les sports sont des moteurs d’intégration sociale; ils favorisent la cohésion sociale et l’estime de soi chez les jeunes. Nous reconnaissons que les municipalités sont déterminées à créer des environnements des plus inclusifs, favorables à l’adoption de modes de vie sains et actifs. À cette fin, la CODP et les municipalités ont pour but commun d’œuvrer à l’élimination des obstacles à la participation des jeunes autochtones aux activités sportives.’’ (Commission ontarienne des droits, 2019) . Le 8 mai 2019, la ministre fédérale des Sciences et des Sports, l’honorable Kirsty Duncan a réaffirmé la volonté du Gouvernement fédéral d’établir un code afin de contrer la violence psychologique dans le sport organisé. « Nous sommes en bonne voie d’atteindre notre objectif d’élaborer un code de conduite harmonisé pour le système sportif canadien qui assurera la sécurité des athlètes et des enfants qui font du sport. En travaillant ensemble dans le cadre de 13 sommets régionaux et du Sommet national d’aujourd’hui, nous faisons des progrès dans notre lutte pour éliminer le harcèlement, les abus et la discrimination dans le sport. » (L’honorable Kirsty Duncan, ministre des Sciences et des Sports) Les propos de la ministre reflètent la conclusion du rapport final de 2015 de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) qui constate les conséquences des stéréotypes sur les jeunes autochtones évoluant dans les sports organisés. (Truth and Reconcilliation Commission, 2015) ‘’Le Rapport final de la CVR présente les défis auxquels se heurtent les jeunes autochtones sur le plan de la construction de l’identité et décrit le rôle important que jouent les sports dans le développement de l’estime de soi. Les Appels à l’action de la CVR incluent un appel à l’adoption de politiques et de programmes sportifs favorisant l’inclusion des peuples autochtones.’’ (Commission ontarienne des droits, 2019)   Bien que la ministre a été réélue, il sera curieux de voir si le Gouvernement nouvellement élu maintient cette priorité puisque le ministère, récemment renommé et n’inclut plus le mot sport dans son titre. Bien que cette lacune puisse paraitre anodine, l’interprétation du changement lexical en dit beaucoup sur le positionnement stratégique du gouvernement libéral en place. La ministre quant à elle à été promu à au rôle important de leader adjointe du gouvernement à la chambre, position prisée dans le cadre d’un gouvernement minoritaire. Bien qu’il ne fût pas d’une importance primordiale le 25 novembre dernier lors de sa nomination, l’attention médiatique récente apportée aux incidences de la discrimination et de violence psychologique dans la Ligue nationale de hockey obligera peut-être le nouveau ministre à qui sera mandaté le porte-folio des sports de privilégier ce sujet à son agenda.   Méthodologie La méthodologie pour cette réflexion est simple. La ligue simple lettre Trente-Ouest de l’Association du Lac Saint-Louis rassemble 11 équipes : les Hawks d’Hudson-Rigaud-St-Lazare, les Seigneurs de Soulanges, les Titans de Vaudreuil,  les Riverains de l’Ile-Perrôt, les Patriotes de Beauharnois, les Mohawks de Kahnawake, les Seigneurs/Vicomtes de Châteauguay, les Braves de Mercier, Les Blizzards de Ste-Martine, les Huskies de Huntingdon et les Braves de Valleyfield. Durant la période du 15 novembre au 1er décembre 2019, j’ai collecté les commentaires entendus lorsque j’étais assise parmi les parents des équipes non autochtones dans neuf des treize arénas de la région. Ces commentaires ont été par la suite analysés et catégorisés par thème. Les commentaires des parents des membres de l’équipe des Mohawks ont été collectés par l’entremise d’entretien durant cette même période. Les commentaires recueillis, certains haineux et dévalorisants, ne seront pas retranscrits. Afin de ne pas contrevenir à mes valeurs et mon appréciation de la diversité, les commentaires ont été codifiés et classés par thème. Afin de ne pas identifier les participants, ces derniers seront identifiés et numérotés comme ‘’intervenants’’ et les lieux d’observation et de collecte ne seront pas identifiés. Enfin, chaque organisation engagée a eu l’opportunité de commenter cette problématique suite à un message électronique qui leur est parvenu le 18 novembre dernier.  En date du 8 décembre, 2019, aucun commentaire officiel n’a été émis par les organisations non-autochtones de la région.  Une association de hockey mineur non-autochtone aimerait par contre lire, évaluer et discuter des éléments de ce travail après son dépôt afin d’introduire le sujet à la prochaine consultation régionale si jugée fondée.   Observations          Dans le cadre de ce travail, la problématique observée de racisme envers les équipes membres du Kahnawake Minor Hockey Association dans les arénas de la ligue de hockey mineur simple lettre de la Trente-Ouest situé dans la région du sud-ouest de la Montérégie. Plus particulièrement, cette réflexion aura pour objectifs de porter une attention spécifique à la nature discriminatoire des commentaires et des actions envers les équipes, joueurs et parents provenant de cette association. Le Kahnawake Minor Hockey qui est régi par Kahnawake Sports and Recreation. Le mandat de cette organisation: ‘’Improving the lives of Kahnawakerohnon through Sports and Recreation’’ (Kahnawake Sports and Recreation, 2015). Lors des entretiens et la collecte de commentaires et d’observation des comportements dans la région durant la période du 15 novembre au 1er décembre 2019 plusieurs actions pouvant être perçues comme étant discriminatoires ont été répertoriées. Puisque l’objectif de cette réflexion est de sensibiliser les lecteurs, espérant que certains seront des acteurs ou une organisation gouvernante, les commentaires ont été classifiés afin de réduire l’impact négatif et blessant des propos étant donnée la nature offensive de certains propos. L’essentiel n’est pas d’accroître le conflit, mais bien de prendre conscience et d’encourager le développement d’un discours social.   Les quatre thèmes soulevés lors de la compilation des données et qui ont servi à classifier la nature des commentaires sont : le nomadisme, l’intégrité, la criminalité et la violence. Les commentaires relevés sont tous formés par des stéréotypes quant à la culture autochtone. Les observations classifiées sous le thème du nomadisme supposent un manque de civilité de la part des membres de ce groupe ethnique et renforcent l’idée que les membres des communautés autochtones sont issus d’une sous-classe de citoyens. (Kubik, Bourassa et Hampton, 2009) Un commentaire en particulier que je refuse de transcrire vu sa nature offensive, fut récurant. Ce commentaire a été celui le plus souvent répertorié et il est utilisé à volonté lors des matchs assistés. Dans six instances différentes, ce commentaire a été fait par des adultes et dirigé vers des enfants âgés de moins de 15 ans. L’esprit du commentaire supporte l’écart entre le mode de vie des autochtones et celui du groupe social dominant et renforce l’idée d’une supériorité.  Lorsqu’interviewés le 17 novembre 2019, les participants 1, 2 et 5 de la communauté ont tous exprimé leurs perceptions d’appartenir à une sous-classe d’humain.[1] Le participant 1 a ajouté que ce sentiment d’infériorité ou de ‘’powerlessness’’ favorise les réactions violentes sur la glace entre les équipes citant deux incidents récents survenus dans les arénas de la région entre des équipes du niveau bantam (moins de 15 ans). [2]      Bien qu’une différenciation entre les thèmes de l’intégrité et la criminalité puisse sembler négligeable, les remarques observées sont différentes dans la nature des propos. Les commentaires visant à contester l’intégrité des membres du groupe autochtones proviennent en partie du fait que la population dominante perçoit que les membres de cette communauté sont traités différemment par l’État et qu’ils sont privilégiés par un support inéquitable du système. À ce, ont y rattache une perception de manquements aux règlements sociaux de la part des membres de cette communauté. L’intervenante 7 a partagé qu’il est difficile de se départagé du stéréotype que les populations autochtones ‘’bend the rules and do not play fair’’. Elle ajoute: ‘’even when the kids win, they think they won because we cheated’’.[3] L’intervenant 1 a partagé sa perception que les arbitres adhèrent à ces préjugés et sont moins tolérants envers les joueurs issus d’équipes autochtones. Il ajoute que les arbitres sont souvent des adolescents du club maison qui évoluent aussi dans la ligue et que leur seuil de tolérance est limité par leurs propres perceptions négatives envers l’équipe de Kahnawake.[4] Il est à noter qu’il est à partir du niveau bantam que les commentaires répertoriés dans le cadre de cette réflexion provenaient non seulement adultes, mais aussi des participants adolescents. Le thème de la criminalité fait référence à un stéréotype régional quant à la contrebande entre les réserves d’Akwesasne et de Kahnawake. Les commentaires ont été répertoriés principalement dans les localités avoisinantes du lac Saint-François. Les commentaires captés par les participants 2, 6 et 7 reflètent cette perception qui avance que les membres de leur communauté sont tous des bandits qui vivent d’activités criminelles. [5]   Les commentaires classifiés dans le thème de la violence sous-entendent que les joueurs et parents de l’équipe autochtone sont prônes à des comportements violents, et ce plus fréquemment que les équipes non autochtones. (Krebs, 2012, Naslund, 2009, Robidoux, 2004 et Valentine, 2012) Le participant 1 évoque que la provocation est cyclique et accentue d’année en année ‘’from novice to junior’’.  Les intervenants 1, 2, 5 et 6 acceptent que leurs équipes utilisent la violence afin de se défendre contre des commentaires racistes.[6] Les intervenants 1 et 2 ajoutent que si la ligue prenait action afin de réduire les commentaires dérogatoires elle réduirait ainsi les incidences violentes. [7] Le participant 1 évoque que le seuil de tolérance des enfants est limité lorsqu’ils ressentent une attaque à leur dignité. Il perçoit les commentaires comme une provocation intentionnelle, ‘’to draw a penalty knowing that are not always the best at controlling their emotions’’. [8] Le participant 3 perçoit que la réputation de violence de son club rend les équipes qu’ils affrontent plus agressants et moins tolérants voulant que tous gestes accidentels soient perçus comme intentionnel. Il ajoute que l’association gouvernante du hockey mineur est au courant de la situation depuis quelques années et que cette organisation à mis en place quelques procédures afin de mitiger les situations conflictuelles comme des arbitres qui peuvent s’exprimer en anglais lors des matchs comme visiteur puisque ‘’it’s hard to know what the ref wants when you don’t understand him’’. Il ajoute aussi que bien que la situation des arbitres c’est amélioré dans les dernières années, le racisme est toujours apparent puisque la ‘‘zero tolerance policy is not being enforced’’. [9]   Un commentaire fait par le participant 1 apporte particulièrement à la nécessité d’une réflexion régionale au sujet de la promotion de la diversité. Lors de l’intervention, en discutant de la violence psychologique envers les enfants membres du Kahnawake Minor Hockey Association, il dit en pointant vers le grand logo des Braves de Mercier au mur ‘’That’s one of the problems.’’. Le logo des Braves de Mercier a été redessiné il y a quelques années afin de promouvoir un joueur de hockey fort et courageux prêt à affronter ces adversaires. Il me demande ‘’Have you seen the Valleyfield Indian? Those kids start to play hockey at four years old with a mean looking Indian on the jersey. Our kids take faceoffs against a non-native team symbolized by a mean looking Indian. How do you think our kids feel?’’[10] Effectivement, le logo des Braves de Valleyfield est représenté par un autochtone guerrier. La représentation du logo des Braves de Valleyfield est perçue par la communauté autochtone de la région comme discriminatoire et basée sur des perceptions injustes et biaisées évoquant les stéréotypes comme la violence renforçant d’autant plus la marginalisation de leur culture. La lettre écrite aux municipalités le 13 mai dernier par la Commission ontarienne des droits est intitulée ‘’ Lettre aux municipalités sur les conséquences néfastes des logos d'équipe sportive à référence autochtone’’. La lettre fait référence du rapport de 2015 de la Commission de vérité et réconciliation disant que ‘’ La CVR plaide aussi pour l’inclusion du droit des peuples autochtones à l’autodétermination dans les institutions civiles d’une façon qui soit conforme aux normes et principes de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Comme l’affirmait le conseil de la jeunesse autochtone de l’Ontario Federation of Indigenous Friendship Centres : « Des communautés autres que les nôtres se sont trop longtemps chargées de définir les peuples autochtones… Nous sommes les mieux placés pour créer les images de l’identité autochtone ». Les communautés autochtones doivent être les maîtres de leurs propres images.’’ (Commission ontarienne des droits, 2019) Il est clair suite à cet entretien avec le participant 1 que l’appropriation culturelle des Braves de Valleyfield est perçue comme dégradante. Lorsque le logo a été abordé avec les intervenants subséquents, les dix intervenants étaient unanimes pour dire qu’il est inacceptable dans ce temps de réconciliation que des équipes amateurs puissent s’approprier de logos qui vulgarisent une perception et propage une image culturelle dénigrante. Les participants 2 et 5 ont comparés la situation aux actions prisées de l’Université McGill ayant retiré l’utilisation du nom culturellement inapproprié de leurs équipes sportives depuis le début de l’année scolaire en cours. [11] (McGill University, 2019)   Conclusion  La tolérance des comportements déplacés accroît la marginalisation des autochtones. En revanche, cette exclusion sociale limite le développement et le bien-être des jeunes autochtones.   Le deuxième participant membre du  Kahnawake Minor Hockey Association partage que selon lui, le racisme ‘’est une attitude innée’’ en pointant vers les deux équipes novices sur la glace. ‘’C’est acquis par la génération précédente et transmis par des adultes.’’[12] La perception de cet intervenant supporte l’idée que les comportements anti-autochtones ont pour effet de soutenir le conflit racial, renforcent les hostilités et perdure le conflit entre les deux groupes plutôt que de favoriser la prévention et l’acceptation de la diversité. (Robidoux 2004) Les sports peuvent aider à vaincre ces barrières raciales et réduire l’écart entre les perceptions stéréotypées et la réalité, mais pour se faire, on doit présenter des conditions optimales, basées sur le respect et l’équité, afin de permettre aux membres de la communauté des Premières Nations d’y participer dans un contexte favorable afin de promouvoir des relations saines. (Naslund, 2009)   Les organisations gouvernantes devront donc se prévaloir de leurs rôles afin d’aligner les acteurs pour mieux sensibiliser, prévenir et promouvoir la diversité tout en s’assurant du respect des chartes des droits. Selon Tricia Smith, présidente du Comité olympique canadien et le président du Comité paralympique canadien, Marc-André Fabien, le discours social doit se centrer ‘’sur une meilleure harmonisation des mécanismes et des mesures visant à traiter le harcèlement, l’abus et la discrimination dans les domaines de sensibilisation, de prévention, de signalement, de gestion et de suivi. L’objectif est d’assurer une compréhension commune parmi les intervenants et d’appuyer l’environnement le plus sécuritaire possible pour tous les participants, des clubs jusqu’à Équipe Canada’’. (La Presse, 2019) Bien qu’il appartiendra aux institutions publiques et aux associations gouvernantes de mettre en place un cadre qui assure la tolérance et le respect dans le sport, il appartient à chacun des parents, des coachs et des joueurs de s’efforcer de faire progresser le discours social de la réconciliation avec les peuples autochtones de par leurs actions individuelles et leur valorisation de la diversité.     Bibliographie   ALLAN BILLIE, SMYLIE, JANET, (2015), First Peoples, Second Class Treatment. The role of racism in the health and well-being of Indigenous peoples in Canada [En ligne]. Toronto : The Wellesley Institute, 2015. 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    [1] Participants 1, 2 et 5, Discussions personelles, 17 novembre, 2019. [2] Participant 1, Discussion personelle, 17 novembre, 2019. [3] Participant 7, Discussion personelle, 23 novembre, 2019. [4] Participant 1, Discussion personelle, 17 novembre, 2019. [5] Participants 2, 6 et 7, Discussions personelles, 17, 22 et 23 novembre, 2019. [6] Participants 1, 2, 5 et 6, Discussions personelles, 17et 22 novembre, 2019. [7] Participants 1 et 2, Discussions personelles, 17 novembre, 2019. [8] Participant 1, Discussion personelle, 17 novembre, 2019. [9] Participant 3, Discussion personelle, 17 novembre, 2019. [10] Participant 1, Discussion personelle, 17 novembre, 2019. [11] Participants 2 et 5, Discussions personelles, 17 novembre, 2019. [12] Participant 2, Discussion personelle, 17 novembre, 2019.