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Francisation aux adultes : des services réduits en milieu scolaire

le mercredi 27 novembre 2024
Modifié à 12 h 42 min le 28 novembre 2024
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Les Centres de formation générale aux adultes des Grandes-Seigneuries ne prennent plus de nouvelles admissions en francisation. (Photo : Le Soleil - Archives)

Accéder à des cours de francisation pour adultes est de plus en plus compliqué. Le Centre de services scolaire (CSS) de la Vallée-des-Tisserands interrompt son service à compter du 29 novembre tandis que le CSS des Grandes-Seigneuries doit réduire son offre pour respecter les budgets exigés par Québec.

Ce sont 150 adultes qui sont touchés par les coupures en francisation sur le territoire de la Vallée-des-Tisserands. «Nous avons maintenu le programme de francisation le plus longtemps possible afin de répondre à la demande. Cette décision difficile repose sur les encadrements budgétaires et les modalités d’utilisation des fonds», explique François Robichaud, directeur général adjoint à la réussite du CSSVT.

Cette situation découle de l’exigence de Québec demandant que le financement consacré à la francisation ne dépasse pas celui de l’année scolaire 2020-2021, une année pandémique où l’immigration a été moins élevée. Vallée-des-Tisserands affirme que son enveloppe budgétaire sera épuisée à la fin novembre.

L’annonce de l’interruption à venir s’est faite ressentir particulièrement par l’équipe du CRESO-Immigration, dont le mandat est d’offrir de l’accompagnement et de l’encadrement pour cette clientèle dans les secteurs de Salaberry-de-Valleyfield, Beauharnois et du Haut-Saint-Laurent.

«Cette décision a un impact majeur et engendre une grande déception. Beaucoup de larmes ont coulé», raconte Thomas Gauvin, conseiller en immigration.

Selon lui, la vaste majorité des immigrants dépendent des cours de francisation à temps plein offerts au CSSVT pour s’installer dans la région; d’autant plus que les inscrits pouvaient compter sur une aide financière de 230$ par semaine pour y prendre part.

Cela touche particulièrement la clientèle en recherche d’emploi, des conjointes de travailleurs étrangers temporaires, pour qui cela vient compliquer le processus d’intégration.

«Tout cela risque d’avoir pour effet de les isoler davantage, les empêcher de se construire un réseau dans la communauté ou accéder à leur résidence permanente», poursuit M. Gauvin.

Inquiétude aux Grandes-Seigneuries

L’Association des professeurs de Lignery, qui représente des enseignants qui travaillent sur le territoire du Centre de services scolaire des Grandes-Seigneuries, regarde avec inquiétude ce qui se passe dans les secteurs voisins ainsi qu’ailleurs au Québec.

«On est très inquiets, on se demande quand le couperet va tomber», illustre la présidente Martine Provost. Elle n’a pas eu d’information officielle encore de la part du centre de services, mais des enseignants l’ont informée que six personnes qui étaient sur les listes de rappel et qui avaient une tâche depuis le début de l’année ne sont pas renouvelées dans la nouvelle session.

Le CSS des Grandes-Seigneuries a indiqué que pour la session débutant à la mi-novembre, les nouvelles admissions ne sont pas possibles pour le moment, mais qu’elles se poursuivent pour les élèves déjà inscrits. Environ 300 élèves suivent actuellement des cours de francisation dans ce secteur.

Le CSS reconnait que les nouvelles directives gouvernementales pourraient limiter prochainement les services de francisation offerts aux adultes. «À compter de février 2025, des ajustements pourraient affecter les lieux de formation (Sainte-Catherine ou Châteauguay), la fréquence des cours (temps plein ou temps partiel) ou le nombre d’élèves», souligne Hélène Dumais, directrice adjointe du service du secrétariat général et des communications au CSS des Grandes-Seigneuries.

Les syndicats craignent que les étudiants soient perdants sur le plan de la qualité de service dans les alternatives proposées pour la francisation.

«La francisation, c’est plus que l’apprentissage du français, c’est la transmission des codes de notre culture et de notre société. Le gouvernement doit changer de cap et s’assurer que les services de francisation puissent continuer à être offerts à la hauteur des besoins réels dans les centres de services scolaires, en toute cohérence avec le financement octroyé par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration», ajoute Mme Provost.

Pas de coupe de budget, assure le ministre

En entrevue dans Le Devoir le 23 octobre, le ministre Jean-François Roberge s’est dit étonné de voir que des classes fermaient un peu partout au Québec alors qu’il assure ne pas avoir coupé dans le budget.

Selon le ministre, dans les six derniers mois, les CSS auraient francisé deux fois plus d’élèves dans toute l’année précédente. «C’est comme s’ils avaient choisi de dépenser 100 % de leurs budgets dans la première moitié de l’année. Puis là, ils nous disent qu’ils n’ont plus les sommes nécessaires pour poursuivre», a-t-il affirmé au Devoir.

Le Journal a questionné le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration sur les alternatives qu’ont les immigrants qui ne peuvent accéder aux cours en milieu scolaire. Au moment de mettre sous presse, nous n’avions pas eu de réponse.

Questionné sur les alternatives qu'ont les immigrants qui ne peuvent accéder aux cours en milieu scolaire, le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) a répondu que Francisation Québec travaille activement à «trouver des solutions». 

Les personnes qui sont touchées par l'arrêt des cours ou la diminution du service n'auront pas à se réinscrire. «Leur dossier sera traité en priorité et elles pourront poursuivre leur apprentissage en réintégrant un cours durant les prochaines sessions en fonction des capacités et de l’offre de cours dans la région, indique Emmanuelle Allaire, conseillère aux affaires publiques au MIFI. Certaines personnes pourraient aussi être dirigées vers des cours en ligne.»

Selon les données du Ministère, le délai moyen d'attente pour commencer un cours à temps complet, lors d'une première inscription, était de moins de 80 jours pour la période entre le 1er avril et le 31 octobre 2024.

Pour les cours à temps partiel, le délai moyen d'attente était de 113 jours ouvrables en date du 4 novembre 2024.

Avec la collaboration de Mario Pitre 

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