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Frictions entre le maire de Châteauguay et un opposant politique

le dimanche 16 septembre 2018
Modifié à 10 h 08 min le 16 septembre 2018
Par Patricia Blackburn

pblackburn@gravitemedia.com

Un projet de modification au zonage d’un terrain boisé en bordure de la zone protégée du corridor forestier Châteaugay-Léry est à l’origine d’un bras de fer entre le maire de la Ville de Châteauguay et un organisme environnemental, dont le représentant était candidat dans l’équipe de l’ex-mairesse Nathalie Simon aux dernières élections municipales. L’organisme SOS Fernand-Seguin, dont le cofondateur et porte-parole est Guy Turcotte, se fait très critique envers ce projet qui concerne un secteur boisé à l’extrémité de la rue Maupassant. Un message avisant la population d’un possible changement au zonage «en douce, pendant les vacances» et qui «permettrait la destruction d’une partie du corridor vert Châteaugay-Léry» a d’abord été diffusé sur le site Web de l’organisme et sur son compte Twitter, début juillet. Depuis, l’organisme continue ses missives en appelant la population à se mobiliser. Mise en demeure suivie d’excuses [caption id="attachment_45095" align="alignright" width="336"] Pierre-Paul Routhier. (Photo: Archives)[/caption] Le maire Pierre-Paul Routhier a répliqué, le 31 août, avec une mise en demeure adressée à SOS Fernand-Seguin. Dans celle-ci, il reproche à l’organisme et à son porte-parole «d’induire les citoyens en erreur» en leur laissant croire que la Ville veut s’attaquer au corridor forestier Châteauguay-Léry, alors que, explique-t-il, le territoire visé par le changement de zonage est dans une zone de «conservation» située en dehors de ce corridor.  Il pointe également du doigt l’allusion, à plusieurs reprises par l’organisme, à un possible développement d’immeubles à logements de trois étages dans le secteur. Ce, même après que le projet a été modifié par le conseil, le 20 août, «afin de permettre seulement la construction d’un garage sur une surface de 43 m2». Dans la mise en demeure, M. Routhier exige que l’organisme «se rétracte publiquement». À défaut de quoi il menace de rompre toutes associations entre la Ville et les organismes «auxquelles SOS Fernand-Seguin est associé directement ou indirectement». Par voie de communiqué le 7 septembre, SOS Fernand Séguin s’est excusé d’avoir utilisé les termes de «ceinture verte ou corridor vert Châteauguay Léry» pour identifier le boisé «à haute valeur écologique». Mais s’est toutefois défendu d’avoir voulu induire la population en erreur. «Ces termes ont été utilisés parce qu’ils sont généralement bien compris par les citoyens de Châteauguay, car ils font référence à l’ensemble des milieux naturels (boisés, marécages, friches et terre agricole) qui ceinturent le territoire urbanisé», s'est-il justifié. Quant à l’évocation d’un développement d’immeubles de trois étages, SOS Fernand-Seguin l’explique parce «cette possibilité de construction est réelle car spécifiquement prévue à la grille des usages qui serait applicable suite au changement de zonage envisagé», et parce que le projet initial présenté par le conseil ouvrait la porte à ce type de développement, puisqu’il ciblait au départ une zone boisée « qui dépassait les 50 000 pieds carrés». Le maire n’est pas satisfait Ces justifications n’ont pas convaincu le maire Pierre-Paul Routhier. En entrevue au Journal le 13 septembre, celui-ci a dit ne pas «être satisfait du tout». «Si leur intention telle qu’exprimée était d’informer les citoyens, pourquoi ne pas avoir parlé d’un boisé en conservation plutôt que de faire référence à des mots qui portent à confusion et qui réfèrent à ceux utilisés par la CMM et la MRC pour définir ce corridor forestier Châteauguay-Léry?» a-t-il questionné. Selon lui, il s’agit d’une «stratégie de désinformation» qui fait preuve de «mauvaise foi». «En tant que représentant de la Ville, c’est mon devoir de faire cesser toutes associations ou collaborations avec des organismes qui pourraient être dirigés par des gens de mauvaise foi», a-t-il fait savoir. Au moment de l’entrevue, il n’était toutefois pas en mesure de dire s’il y aurait des représailles envers l’organisme. «Ce n’est pas à moi seul de le décider, la Ville ne m’appartient pas. Mais on va envisager cette possibilité sérieusement», a-t-il répondu. Tenue de registre et projet sur la glace Entre temps, le projet de construction d’un garage a été «mis sur la glace» par le propriétaire du terrain qui a demandé le changement de zonage, a indiqué le 12 septembre Marie-Claude Tremblay, directrice des communications à la Ville de Châteauguay. Quelques jours plus tôt, le greffe de la Ville a reçu une pétition contenant «un nombre suffisant» de signatures des résidents du secteur concerné pour demander la tenue d’un registre sur le projet. Soit «au moins 12 signatures valides pour chacune des deux zones contiguës habiles à voter», précise la Ville. Du côté de SOS Fernand Séguin, on parle du dépôt d’une pétition de 158 signatures. M. Turcotte, dans un message qu’il a fait parvenir aux médias, laisse entendre que c’est en réponse à cette opposition de la population (les 158 signatures) que le maire Pierre-Paul Routier a fait parvenir une mise en demeure à SOS Fernand-Seguin. Le projet en question [caption id="attachment_49419" align="alignright" width="440"] La zone concernée se situe dans un boisé zoné «conservation», à limite de la zone définie par la MRC et la CMM comme étant le corridor forestier Châteauguay-Léry. (Photo : Google Maps)[/caption] Un premier projet de règlement a été adopté par le conseil le 9 juillet. Il proposait d’intégrer la zone P-840, actuellement dans un zonage de «conservation», à une zone contigüe où le développement résidentiel est autorisé. Ce, afin de permettre au propriétaire d’un terrain situé dans cette zone de construire un garage à côté de sa résidence. Après une séance de consultation publique très animée (le 15 août), le conseil a adopté, lors de sa séance du 20 août, un second projet de règlement modifié. Ce deuxième projet vient réduire au minimum la zone touchée par la modification, afin que seul un garage puisse y être aménagé. De plus, le propriétaire dudit terrain, en l’occurrence l’entrepreneur Raymond Leblanc, s’est engagé à céder la partie qu’il ne pourra utiliser pour la construction de son garage (un lot de 6 500 p2) à la Ville.