Opinion

Guy Lafleur, le dernier d’une grande lignée ?

le mercredi 11 mai 2022
Modifié à 16 h 46 min le 06 mai 2022
Par Claude Poirier

redactiongm@gravitemedia.com

(Propos recueillis par Gravité Média)

Je ne prétends pas être un ami personnel de Guy Lafleur.

J’ai fait sa connaissance dans des circonstances dramatiques, alors qu’il avait frôlé la mort lors d’un accident de voiture survenu sur l’autoroute 20 à Montréal en 1981. Je patrouillais à l’époque la nuit, et j’avais reçu un appel. Je m’étais rendu à l’hôpital où un proche m’avait demandé, au nom de Guy, de ne pas partager cette nouvelle tant que toute sa famille n’en aurait pas été informée.

D’une certaine façon, je suis devenu son confident, alors qu’il vivait des problèmes personnels majeurs. C’est lors de soirées passées avec lui que j’ai découvert l’être qu’il était. Son décès m’a ébranlé, trop pour que je puisse assister à ses funérailles ou que je me présente à la chapelle ardente.

Depuis sa mort, tout a été dit sur lui et je n’en rajouterai pas plus. Guy Lafleur n’était pas conscient de ce qu’il représentait pour les Québécois. Il était toujours disponible pour tout le monde. Je dirai simplement que j’ai été heureux de pouvoir compter sur son amitié à un certain moment.

Lorsque son fils Mark a eu des démêlés avec la justice, notamment en 2007, j’ai été appelé à intervenir. Ç’a été un dur coup pour Guy. Je n’ai jamais compris l’acharnement d’une procureure de la Couronne et d’une policière à son endroit dans cette histoire, lui qui avait été accusé de témoignages contradictoires concernant son fils. Heureusement, la Cour d’appel avait finalement renversé l’accusation.

Avec le recul, je me demande si ses problèmes de santé n’ont pas débuté à ce moment. Oui, il fumait, j’en conviens. Nous deux étions de gros fumeurs ensemble!

Je me souviens lorsque je le visitais à son restaurant à Rosemère. Il prenait toujours le temps de discuter avec tout le monde. Il avait un bon cœur et une pensée pour les amateurs.

En raison de mon âge, j’ai eu la chance de voir jouer Maurice Richard, Jean Béliveau et Guy Lafleur. Je ne ferai pas de comparaison entre les trois, car ils ont tous été extraordinaires à leur façon, mais Lafleur a été, lui, le plus accessible. On dit que son autographe n’a pas beaucoup de valeur, car il en a tellement signés!

J’ai eu l’occasion de lui reparler à quelques reprises dans les derniers temps, alors que nous suivions tous les deux des traitements au CHUM. Ce qu’il vivait n’était pas facile.

Je pense que nous venons de perdre le dernier d’une grande lignée qui va au-delà du hockey. Selon moi, le seul joueur des Canadiens de Montréal dont les gens se souviendront avec émotions sera Patrick Roy, bien que je ne crois pas que ce sera de l’ampleur de Guy Lafleur.

10-4!