Société

Il a traqué Vito Rizzuto

le dimanche 09 décembre 2018
Modifié à 19 h 20 min le 09 décembre 2018
Par Vicky Girard

vgirard@gravitemedia.com

Ancien enquêteur à la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Lorie McDougall a enquêté sur Vito Rizzuto, parrain de la mafia montréalaise, pendant des années. Il a récemment collaboré au livre La chute du dernier parrain, de Daniel Renaud. Le journaliste spécialisé en crime organisé et en affaires criminelles Daniel Renaud a approché M. McDougall une première fois en 2013, alors qu’il écrivait le livre Cellule 8002 vs Mafia. Il souhaitait avoir accès aux informations privilégiées qu’a obtenues l’enquêteur lors de sa participation à l’opération «Colisée», une offensive policière menée contre la famille Rizzuto au début des années 2000. «J’ai dit non à ce moment-là. J’avais déjà mon idée en tête pour écrire un livre», admet le résident de Delson. Il avait l’intention de travailler avec Michel Auger, «une légende et un des meilleurs journalistes criminalistes» à ses yeux, après avoir pris sa retraite en 2016. La collaboration souhaitée n’a pas été possible. L’ex-enquêteur a alors relancé M. Renaud, partant pour un nouveau projet. En janvier 2018, M. McDougall a commencé à le rencontrer pour des entrevues de deux ou trois heures, deux fois par semaine. Le livre a été lancé le 6 novembre avec les Éditions La Presse. Moins d’une semaine après sa publication, l’ouvrage a obtenu la mention «meilleur vendeur» sur le site Web d’Amazon et est grimpé deuxième au palmarès d’Archambault à la fin du mois de novembre. «Moi, je savais que ça marcherait aussi bien et je voulais le faire en anglais aussi, confie M. McDougall. Je ne suis pas certain que la maison d’édition s’en attendait. Là, on parle de traduction.» Seulement les faits Dans le processus d’écriture, l’ex-enquêteur de la GRC attitré au crime organisé pendant sa carrière tenait à ce que seulement les faits soient rapportés. «Cette famille a été assez détruite mentalement. Oui, ce sont des criminels, mais ce sont aussi des êtres humains», laisse-t-il savoir. Il se souvient avoir entendu la conversation téléphonique au moment où Vito Rizzuto apprenait la mort de son fils Nick Rizzuto Jr. en 2009. «Vito, il était fair. Je l’ai déjà vu intervenir quand un homme abusait physiquement de sa femme. Il réunissait les motards, les gangs et d’autres pour que chacun ait sa part égale. Il réglait des conflits», raconte M. McDougall. C’est entre autres pour ces raisons que l’ex-enquêteur a décidé de travailler sur l’histoire de celui qu’il décrit comme le «boss du Canada et le vrai parrain». Respect mutuel Le plus important pour l’ex-enquêteur de la GRC a toujours été d’être respectueux. «Je n’ai jamais eu de problèmes avec personne. J’ai déjà croisé un homme que j’avais fait condamner et il m’a payé une bière en me disant que j’avais été correct avec lui», affirme-t-il. Il ajoute que tout ce qui se retrouve dans le livre de Daniel Renaud, il en a discuté avec Vito Rizzuto, lorsqu’il était incarcéré entre 2003 et 2013.
«L’information, c’est le pouvoir.» -Lorie McDougall
«Nous avons parlé pendant des heures et je lui ai même appris des choses qu’il avait oubliées», dit M. McDougall. L’ancien enquêteur se considère chanceux d’avoir une si bonne mémoire. Il rapporte sans aucune note des événements, dates, et anecdotes de la surveillance rapprochée de Vito Rizzuto qu’il a effectuée sans relâche de 2001 à 2004. Il n’a pas eu besoin de ressortir les dossiers pendant l’écriture du livre. «Je suis heureux de partager toutes ces informations que j’aies», ajoute-t-il. L’ex-enquêteur s’est fait offrir de donner des conférences. Sans en dire plus, il laisse savoir que le projet va sûrement se concrétiser. Surveillance et filature intense Lorie McDougall se souvient que durant l’enquête, lorsque l’équipe suivait intensément Vito Rizzuto, les enquêteurs surveillaient ses téléphones et ses déplacements. Ils le suivaient quand il allait en voyage et quand il jouait au golf. «Il était facile à suivre, il savait qu’on était là et il ne se cachait pas», dit-il. Les policiers avaient jusqu’à 70 lignes téléphoniques à écouter. Ils ont dû louer 25 voitures de luxe et investir 40 à 50 M$ pour ces opérations policières.