Faits divers
Justice

«Je ne suis pas capable de refaire ma vie»

le mercredi 27 janvier 2016
Modifié à 0 h 00 min le 27 janvier 2016
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Un an après avoir purgé une peine de 15 mois de détention pour «leurre informatique», Donald Labelle dit vivre un enfer.

«Je crains pour ma sécurité. Je reçois des menaces. Je ne suis pas capable de trouver un appartement. Je perds mes emplois. Je ne suis pas capable de refaire ma vie», a déploré l’homme de 35 ans en entrevue au journal Le Soleil de Châteauguay.

M. Labelle attribue une part de ses malheurs à la présence d’articles sur internet rapportant son arrestation par la Sûreté du Québec, en septembre 2013, alors qu’il résidait à Mercier. Articles indiquant qu’il devait faire face à des accusations de leurre informatique, de production de pornographie juvénile et d’incitation à des contacts sexuels. M. Labelle n’a finalement pas été accusé de production de pornographie juvénile. «Je n’ai pas produit de matériel pornographique juvénile», a-t-il insisté. Il a plaidé coupable, en novembre 2013, à une accusation de «leurre informatique» consistant à avoir utilisé un moyen de télécommunication pour inciter une personne âgée de moins de 18 ans à se toucher ou le toucher dans un but sexuel et à une accusation d’incitation d’une personne mineure à des contacts sexuels.

15 mois de prison

Pour ces infractions, la juge Odette Perron a condamné M. Labelle à 15 mois de détention. Une peine qu’il a fini de purger en septembre 2014.

Donald Labelle fait part qu’il a passé un mauvais quart d’heure en prison. Il a dû être placé dans une aile protégée. «Il y a une loi non écrite en prison qui dit que tu ne touches pas aux enfants. C’est logique, c’est normal, a-t-il approuvé. Mais tout le monde me juge sans connaître mon histoire !»

L’adolescente était une policière

Et qu’elle est l’histoire ? Selon sa version, M. Labelle a communiqué avec une adolescente sur internet qui était en fait une policière. «C’est elle qui m’a envoyé une demande d’amitié. Il n’y avait pas de profil avec la demande. On voyait juste la photo. Je pensais qu’elle avait 20 ou 25 ans. J’ai été attiré par la photo», fait-il part. Sa correspondante l’a informé qu’elle avait 14 ans. «Quand j’ai su qu’elle avait 14 ans, je me suis retrouvé coincé. J’avançais, je reculais. Je voulais être juste un ami, a soutenu M. Labelle. Un moment donné, elle m’a posé une question sexuelle et j’ai répondu. J’ai commis une erreur. Je n’aurais pas dû répondre.»

Il a ensuite accepté un rendez-vous avec l’adolescente jouée par une policière. «J’y suis allé en tant qu’ami», a-t-il allégué. Il a été arrêté par la SQ en arrivant au lieu convenu.

Des regrets

L’homme reconnaît avoir commis une faute. Est-ce qu’il regrette ? «Oui, à 100 milles à l’heure. Je vais regretter tous les jours de ma vie. J’ai été cave de faire une affaire de même. Je m’en veux chaque jour», a-t-il exprimé.

Pas attiré par les mineures

M. Labelle assure qu’il n’est pas attiré par les mineures. «Je n’ai jamais touché à une mineure. Je ne suis pas attiré par les mineures», a-t-il dit. Il voudrait pouvoir retrouver une part de sa vie avec sa conjointe et ses enfants. «Je crois que j’ai payé ma dette à la société. Et je vais continuer à payer parce que je continue à m’en vouloir», a-t-il fait valoir.

Abusé à cinq ou six ans

M. Labelle a confié qu’il avait été abusé à l’âge de cinq ou six ans. «J’ai encore des flashbacks dégueulasses», a-t-il lâché. La thérapie que le tribunal a assortie à sa sentence l’a amené à dénoncer son agresseur, a-t-il dit. «Ça m’aide à régler mon passé», a-t-il noté.