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Kahnawake invite sa communauté à boycotter Châteauguay

le lundi 27 juillet 2015
Modifié à 0 h 00 min le 27 juillet 2015
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Le Grand chef de Kahnawake, Joe Norton, demande à sa communauté de boycotter les entreprises châteauguoises pour mettre de la pression dans un dossier de transfert de terres.

Le Grand chef s’attaque à la Ville de Châteauguay puisqu’elle fait partie des quatre villes qui ont intenté des poursuites judiciaires contre le gouvernement du Québec, en 2013, pour stopper le transfert de deux millions de mètres carrés de terres le long de l’autoroute 30 à Kahnawake. À l’époque, les villes de Châteauguay, Saint-Constant, Sainte-Catherine et Saint-Isidore se sont adressées aux tribunaux, car elles estiment que le gouvernement n’a pas écouté leurs demandes de négocier les terres.

«Il n’y a pas de consultation à avoir, ces terres nous appartiennent», affirme le Grand chef nouvellement élu. Selon lui, l’actuel conseil de bande, composé majoritairement de chefs qui étaient là avant les élections, est exaspéré par la lenteur des démarches et l’attitude de la Ville de Châteauguay. «On avait un partenariat avec un client majeur sur la rive-sud de Montréal qui était prêt à venir s’installer ici. Cela aurait pu nous apporter 400 emplois, expose M. Norton. Ce sont des gens qui auraient pu vivre à Châteauguay. Mais on a perdu ce client à cause des délais créés par la poursuite. Il est allé ailleurs.»

Il demande à sa communauté de boycotter les entreprises de Châteauguay pour mettre de la pression sur la mairesse de Châteauguay. «Elle se fout de Kahnawake. Elle ne semble pas réaliser que les gens de Kahnawake dépensent 30 M$ chez elle chaque année. Je crois qu’elle est raciste», lance le Grand chef.

Pas contre Kahnawake, selon la mairesse

La mairesse de Châteauguay et préfète de la MRC de Roussillon nie être raciste et refuse d’aller dans cette voie. «Je crois que M. Norton n’a pas de leçon de racisme à donner à personne», mentionne-t-elle.

Elle trouve dommage que le politicien appelle au boycott. «Notre opposition au transfert de terres ne vise pas Kahnawake, mais le gouvernement du Québec», assure-t-elle. «C’est une réaction tout à fait simpliste. On tente d’avoir des relations de bon voisinage. On ne peut pas se couper les uns des autres.» Mme Simon ajoute que Châteauguay n’est pas la ville qui a le plus à perdre dans ce transfert de terres. Elle se dit tout de même ouverte au dialogue avec la communauté autochtone.

Mohawk contre cette idée

 Cet appel au boycott ne fait pas l’unanimité dans la réserve de Kahnawake. Une résidente de l’endroit a contacté Le Soleil de Châteauguay la semaine dernière et  a mentionné son opposition à ce moyen de pression. «On ne peut pas blâmer tout le monde dans ce dossier politique. Plusieurs entreprises de Châteauguay nous ont beaucoup aidés depuis la crise de 1990. Je ne vais pas les boycotter», commente Tasha Cross. Elle souhaiterait que son conseil de bande proteste sur les terres en question et ne cible pas Châteauguay.

Le litige en quelques dates

15 mai 2013:Le gouvernement du Québec adopte un décret confirmant le transfert de deux millions de mètres carrés de terres longeant l’autoroute 30 à Kahnawake. Le dossier était ensuite envoyé au gouvernement du Canada, qui a la responsabilité de gérer les territoires autochtones.

26 juin 2013:La MRC de Roussillon et les quatre villes concernées par le transfert de terres (Châteauguay, Saint-Isidore, Saint-Constant, Sainte-Catherine), poursuivent le gouvernement du Québec et le conseil de bande de Kahnawake. Elles demandent l’annulation du décret. Elles exigent aussi que les mêmes règles environnementales, celles liées à l’urbanisme et la fiscalité, continuent de s’appliquer sur les terres transférées.