chronique

La générosité toute relative des banques et compagnies

le vendredi 03 avril 2020
Modifié à 7 h 39 min le 03 avril 2020
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Tout le monde devrait se serrer les coudes en temps de crise. Mais certains se gardent malheureusement une petite gêne. À la mi-mars, les grandes banques canadiennes, ainsi que le Mouvement Desjardins, annonçaient une mesure d’exception pour les gens affectés par la crise de la COVID-19. Si leurs finances en souffrent au point qu’ils soient pris à la gorge au moment de payer leur hypothèque, on consent des aménagements leur permettant un sursis allant jusqu’à 6 mois, après entente avec leur institution. Les paiements seront alors prolongés d’autant de mois après le retour à la normale. Généreux? Pas tant que ça. Dans les faits, le répit est relatif. Si un emprunteur choisit cette option, il va quand même voir les intérêts s’empiler entre-temps et ceux-ci vont s’ajouter à la fin. Autrement dit, pas question de congé de frais d’intérêts. Même pas une petite réduction. Et encore, rien ne garantit qu’on ne facturera pas de l’intérêt sur les intérêts impayés! Ce n’est qu’un exemple de leur limite à la compassion. Pensez aussi aux cartes de crédit. Les commerces et restaurants qui demeurent en activité demandent instamment eux clients d’utiliser leur carte de crédit ou de débit de manière à limiter les contacts d’une personne à l’autre. On comprend le principe même si la Banque du Canada rappelle régulièrement aux commerçants qu’ils devraient quand même continuer à accepter l’argent comptant pour ne pas pénaliser les gens qui ne peuvent payer autrement qu’en espèces. Mais le recours aux cartes de crédit va tout de même s’amplifier. Et attention de laisser un solde impayé quand viendra le temps de payer la facture mensuelle! Si c’est le cas, la prochaine sera gonflée d’un montant souvent costaud, du fait des intérêts qui vont allègrement s’ajouter au solde du mois. Quand on sait que les taux commencent autour de 10% et peuvent grimper jusqu’à 25% pour les cartes de magasins, le supplément à payer risque d’être salé, surtout si on traîne un reliquat de mois en mois. Et les deux baisses de taux directeurs consentis au début mars par la Banque du Canada, en plus d’une troisième vendredi, n’ont aucun impact sur les taux des cartes de crédit, qui demeurent obstinément élevés. À ce sujet, on entend ces jours-ci des voix monter pour demander aux institutions financières de modérer leurs ardeurs pour contribuer davantage à l’effort collectif. Pourquoi ne pas ajouter la vôtre?