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La pandémie a mis de l’avant l’importance de la santé mentale

le jeudi 11 février 2021
Modifié à 16 h 48 min le 09 février 2021
Par Katherine Harvey-Pinard

kharvey-pinard@gravitemedia.com

La pandémie n’aura pas eu que du mauvais. Bien qu’il soit encore trop tôt pour en mesurer les retombées chez les Québécois, cette épreuve collective aura au moins eu comme effet positif de déstigmatiser les problèmes de santé mentale, évalue la directrice générale de l’organisme l’Accolade, Gabrielle Brind’Amour. L’organisme de Châteauguay a pour mission d’aider les membres de l’entourage d’une personne atteinte d’un trouble de santé mentale. Cette année, la demande a fluctué. Après deux premiers mois de confinement très tranquilles au printemps 2020, les effets se sont fait ressentir lors du déconfinement. «Ç’a été beaucoup de requêtes d’évaluation psychologique à la cour civile, beaucoup de psychoses», affirme Mme Brind’Amour. Après un relâchement pendant l’été, la situation a commencé à s’aggraver de nouveau lors du deuxième confinement, à l’automne. «On s’est aperçu que l’anxiété et la détresse prenaient de la place, fait-elle savoir. Ça menait à des conflits, de la solitude, du découragement. On s’est aussi aperçu que ça commençait à s’installer au sein des entreprises.» L’organisme, qui fait environ 1 200 interventions annuellement, a eu affaire à plusieurs situations d’éclatement familial ou de couple. Quant aux personnes seules, «elles commencent à être déprimées», remarque Mme Brind’Amour. «Il y a des gens qui n’appellent plus juste pour leur entourage, mais aussi pour eux-mêmes, souligne-t-elle. Ils ne vont pas bien.» La situation est la même du côté de l’organisme La Maison sous les arbres, également à Châteauguay, où les appels de crise ont augmenté entre 20 et 25% cette année, selon la directrice générale, Roxane Thibeault. Organisme désigné Dans le Roussillon, tout comme à Châteauguay et Mercier, c’est La Maison sous les arbres qui est désigné pour appliquer la Loi sur la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui. L’organisme a signé une entente en ce sens avec les services de police en novembre 2019. Financée par le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO), elle permet aux policiers d’avoir accès à un intervenant en santé mentale 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. «Auparavant, le policier qui se déplaçait sur un appel où la personne avait des propos suicidaires ne voulait pas prendre de risque et demandait automatiquement un transport à l’hôpital», explique la directrice générale. Désormais, c’est l’intervenant qui s’adresse à la personne en crise au téléphone et qui guide les policiers sur la mesure à prendre. Si l’individu n’est pas en danger immédiat, l’intervenant proposera d’autres solutions comme un rendez-vous le lendemain, un appel pendant la semaine, l’accompagnement d’un proche, un séjour au centre d’hébergement de La Maison sous les arbres… Selon l’organisme, qui reçoit 40 à 60 appels par mois reliés à la Loi précédemment mentionnée, 78% des transports en ambulance sont évités. Un chiffre qui s’avère d’autant plus significatif en ces temps de pandémie, alors que «c’était excessivement souhaitable de réduire les transports à l’hôpital», fait savoir Mme Thibeault. Ce protocole est également grandement apprécié par les policiers. «C’est merveilleux pour notre travail, ça nous permet de faire de meilleures interventions», note l’agente aux relations médiatiques à la Régie intermunicipale de police Roussillon, Geneviève Boudreault. «L’intervenant et le policier, quand ils se mettent à travailler ensemble, ils ne sont plus dans une hiérarchie. Ils sont dans la collaboration», soutient Mme Thibeault.
«La santé mentale, ce n’est pas un extraterrestre. Ça existe pour vrai.» -Gabrielle Brind’Amour, organisme l’Accolade
Autant qu’avant  La détresse humaine fait partie intégrante du métier de policier. En se fiant aux chiffres de la Régie intermunicipale de police Roussillon au cours des dernières années, l’agente Boudreault affirme que la pandémie n’a pas eu comme effet d’augmenter le nombre d’interventions policières impliquant un individu avec un trouble de santé mentale. «On en voit autant qu’avant, affirme-t-elle. Ce qu’on a de plus, c’est peut-être le nombre d’appels.» Au quotidien, le rôle de la police est de répondre aux urgences immédiates. Une fois sur les lieux, si aucune infraction n’a été commise, elle agit davantage comme une «courroi de transmission» vers l’aide adéquate, fait-elle savoir. Quelques statistiques En 2019, près de 531 appels de la Régie intermunicipale de police Roussillon étaient reliés à une intervention en santé mentale. De ceux-ci, 25 ont nécessité un transport en ambulance et 81 étaient des tentatives de suicide. En 2020, on comptait 627 appels, dont 12 transports en ambulance et 92 tentatives de suicide. Pour demander de l’aide Centre de prévention du suicide: 1 866 277-3553 Ligne d’intervention de crise de La Maison sous les arbres: 1 855 699-5935 L’Accolade: 1 866 699-7059