Faits divers
Justice

La police justifie l'emploi du poivre de Cayenne contre un conducteur

le mardi 22 décembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 22 décembre 2015
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Le service de police de Châteauguay a justifié, dans un communiqué, mardi, l’emploi du poivre de Cayenne par l’un de ses agents contre un conducteur ayant dénoncé le geste dans les médias.

Dans une vidéo de Montreal Gazette,  John Chilcott, de Châteauguay, raconte qu’il venait tout juste de quitter son domicile pour aller conduire ses enfants de 10 et 6 ans à l’école le lundi 14 décembre lorsque la police l’a arrêté devant chez lui. «J’ai demandé au policier quel était le problème et il m’a demandé mes papiers. J’ai demandé pourquoi ? Il a reculé. Il a pris sa radio, je ne sais pas ce qu’il a dit. Puis il s’est avancé et il a pris son poivre de Cayenne. Il m’a dit de sortir de l’auto. J’ai dit : pourquoi ? Il a dit : pourquoi et psccchhh!» relate M. Chilcott en mimant le geste de diffuser du poivre de Cayenne. Lui et ses enfants ont été incommodés par le produit, déplore-t-il.

«Mes enfants criaient mes yeux ! J’ai demandé au policier : pourquoi avez-vous aspergé mes enfants ? Il n’a pas répondu», expose, également dans la vidéo, Rosemary Edwards, conjointe du conducteur, qui a capté des images de l’intervention policière. «Comment on peut faire des choses comme ça avec des enfants ?» reproche M. Chilcott.

L’homme à la peau noire estime qu’il est victime de profilage racial. Il soutient qu’il s’est fait arrêter sans raison trois fois au cours des dernières années. «J’en ai assez», dit-il.

Infractions

Dans son communiqué, la police de Châteauguay écrit que le conducteur a été arrêté à la suite de plusieurs infractions au Code de la sécurité routière et qu’il «aurait refusé de s’identifier».

«Devant la résistance de l’individu et son refus à collaborer, le policier a dû recourir au poivre de Cayenne. Une aide médicale a ensuite été offerte aux personnes présentes sur les lieux, mais a été refusée. Les policiers ont néanmoins pris soin d’amener l’individu au poste de police afin de s’assurer de son état de santé», indique le service.

Celui-ci soutient aussi que «les policiers interviennent toujours en se référant au modèle

national en emploi de la force. Selon ce modèle, un policier doit analyser et s’adapter à la situation à laquelle il fait face en utilisant le moyen qu’il juge approprié pour mettre fin à une infraction».

Considérant que «le dossier est devant les instances judiciaires et qu’une enquête interne est en cours», le service de police précise qu’il ne fournira «aucun détail supplémentaire».

Questionnée par le journal Le Soleil de Châteauguay, la police n’a pas précisé les infractions reprochées.

«Compte tenu que le dossier est sous enquête, nous ne fournissons aucun détail en lien avec cet évènement sinon de rappeler qu’il y a eu quelques infractions de commises», a signifié la porte-parole Nadia Grondin.

Le couple a indiqué à des médias avoir reçu par la poste trois constats d’infraction totalisant 1068 $, soit «pour avoir utilisé ses feux de détresse sans raison», pour «avoir refusé d’arrêter son véhicule lorsqu’il a été interpellé» et «pour entrave au travail des policiers». Constats que M. Chilcott entend contester.

La police conclut en rappelant que toute personne peut porter plainte au commissaire à la déontologie policière, en lien avec le comportement ou l’attitude d’un policier en consultant le deontologie-policiere.gouv.qc.ca/accueil.htm.