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Lagunes : 5 villes demandent à Québec de payer pour le réseau d’aqueduc vieillissant

le jeudi 18 août 2022
Modifié à 13 h 42 min le 18 août 2022
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Le maire de Saint-Isidore Sylvain Payant, celui de Châteauguay Eric Allard, le maire suppléant de Saint-Urbain-Premier Lucien Thibault et les mairesses de Sainte-Martine et Mercier, Mélanie Lefort et Lise Michaud forment le Comité régional des lagunes. (Photo : gracieuseté)

Les municipalités de Mercier, Sainte-Martine, Saint-Isidore, Saint-Urbain-Premier et Châteauguay s’unissent pour demander au gouvernement du Québec d’assumer les coûts des investissements nécessaires à la mise à jour du réseau d’aqueduc qui achemine l’eau potable de Châteauguay vers les villes qu’elle dessert.

Depuis les années 1970, Châteauguay est obligée, par décret gouvernemental, de fournir l’eau potable à Mercier, Sainte-Martine, Saint-Isidore et Saint-Urbain-Premier. Une partie des eaux souterraines de ces municipalités ont été contaminées par le déversement d’importantes quantités d’huiles et de produits toxiques dans ce qu’on appelle les lagunes de Mercier.

À l’époque, le gouvernement du Québec avait assumé l’entièreté des coûts associés à la mise en place de ce réseau, informe la mairesse de Mercier Lise Michaud. En 1989, Québec avait aussi payé 80 % de la facture lorsqu’était venu le temps d’effectuer des travaux pour combler la demande grandissante en eau potable.

Aujourd’hui, le réseau d’aqueduc qui transporte l’eau de Châteauguay vers les municipalités concernées est en fin de vie, selon les villes qui forment la Régie intermunicipale d’aqueduc de la Vallée de Châteauguay (RIAVC).

Cette fois, elles disent devoir passer par les programmes réguliers de subventions offerts par le gouvernement. «Quand on fait ça, on prend l’argent qui devrait servir pour le réseau local, puis on l’investit dans le réseau de transport de notre eau qui a été causé par la contamination. On est injustement traités, déplore Mme Michaud. Puis, on n’a pas cette capacité financière là, puisque les montants sont énormes.»

Chercher d’autres sources d’eau

Questionnée à savoir quelles sommes seront nécessaires pour la mise à niveau de ce réseau, la mairesse de Mercier ne peut avancer de montant précis, mais elle cite quelques exemples d’investissements imminents pour combler le manque de pression d’eau provenant de Châteauguay. La Ville de Mercier analyse, entre autres, la possibilité d’utiliser son réservoir au maximum, ce qui n’est pas le cas présentement. « Juste l’investissement pour ça, ça va aller jouer 1M$, 1,5 M$. Ça, c’est juste quelque chose pour pallier en attendant qu’on refasse le réseau au complet», explique-t-elle.

Les problèmes de pression d’eau ne se font pas seulement sentir à Mercier.

«La pression dans notre réseau n'est pas constante et des coupures d'eau complètes surviennent parfois, ce qui s’avère préoccupant pour assurer pleinement notre rôle en sécurité incendie auprès de nos citoyens», fait savoir Mélanie Lefort, mairesse de Sainte-Martine.

Des coûts pour produire plus

À Châteauguay, des investissements importants devront être faits prochainement dans le réseau pour suffire à la demande grandissante. «Toutes les villes sont en croissance autour et on est obligé de les desservir, souligne le maire Eric Allard. Les infrastructures atteignent leur fin de vie et l’usine de traitement de la Ville de Châteauguay ne réussit plus à fournir l’eau en quantité suffisante pour répondre aux besoins.»

M. Allard évalue à plusieurs dizaines de millions de dollars qui devront être dépensés dans les prochaines années pour le réseau d’aqueduc. La Ville a adopté un règlement d’emprunt de 12 M$ l’automne dernier pour construire une nouvelle installation afin de produire davantage d’eau. Comme ces voisines, Châteauguay souhaite obtenir un coup de pouce de Québec.

La contamination des lagunes

Considérées comme une des pires catastrophes écologiques en Amérique du Nord, les lagunes de Mercier font référence au déversement de 170 000 m3 d’huiles usées et produits toxiques dans une sablière désaffectée à Mercier dans les années 1970. Le gouvernement du Québec avait autorisé ce déversement, qui a causé une contamination importante des eaux souterraines. Une étude du ministère de l’Environnement en 1981 a confirmé une zone de contamination de près de 30 km2 dans le secteur. En 2018, le gouvernement indiquait qu’il n’existe aucune technologie pour décontaminer ni réhabiliter le site. Une usine de traitement des eaux souterraines située sur le site des lagunes empêche la migration des contaminants dans l’eau souterraine.