chronique

Laisser le bureau des enquêtes indépendantes faire son travail

le mercredi 03 juillet 2019
Modifié à 10 h 05 min le 03 juillet 2019

Ça devait arriver un jour. La Fédération des policiers et policières municipaux, secondée par la Fraternité des policiers et policières de Montréal, a déposé une requête devant la Cour supérieure du Québec, le 11 juin, dans le but de paralyser d’une certaine façon les enquêtes du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI). Selon la requête, les policiers devraient avoir la possibilité de consulter un avocat avant de rencontrer les enquêteurs. Rappelons-nous la création du BEI. Le public disait ne pas avoir confiance dans le processus des enquêtes internes. Sous le régime du gouvernement libéral, le ministre de la Sécurité publique avait décidé de mettre en place le BEI, composé d’ex-policiers et de citoyens. À l’époque, j’ai été un de ceux qui disaient que les corps policiers ne seraient pas heureux de cette décision parce que le milieu policier est un milieu fermé.

Aujourd’hui, ce qui me frappe dans leurs résultats, c’est que les enquêtes sont extrêmement longues. Les policiers qui sont le sujet d’une enquête ont dénoncé à plusieurs reprises le nombre effarant d’enquêteurs qui sont envoyés sur une scène.
Il ne faut pas oublier également que ce n’est pas la police qui porte les accusations criminelles, mais le Directeur des poursuites criminelles et pénales. Quand on regarde le bilan depuis sa création, très peu de policiers ont été visés par les enquêtes et le BEI n’a pas souvent recommandé que des accusations criminelles soient portées. Dans certains cas, le BEI n’a pas déposé d’accusations criminelles, mais la pression du public a fait bouger les choses. L’un des cas est celui du policier qui circulait à une vitesse folle et qui a mené à la mort d’un enfant de 5 ans à Longueuil en 2014. Souvenons-nous aussi qu’à la Commission Poitras en 1998, un ex-caporal de la Sûreté du Québec, Gaétan Rivest, avait dénoncé la façon de procéder dans les cas d’enquêtes indépendantes. Il avait raconté que les policiers s’arrangeaient entre eux pour donner la même version de l’histoire. On n’a pas à se surprendre de la demande des deux syndicats. Je comprends bien que chaque citoyen a droit à la présence d’un avocat. J’ai toutefois hâte de voir comment le BEI va pouvoir faire son travail si cette requête est acceptée. 10-4! (Propos recueillis par Gravité Média)

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