chronique
Opinion

L'amour à 104 ans

le vendredi 12 février 2016
Modifié à 0 h 00 min le 12 février 2016
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Je pense savoir par quelle magie Fleurelle Marcoux-Goulet va fêter son 104e anniversaire de naissance quelques jours après la Saint-Valentin. Elle est née avec un grand réservoir d’amour qu’elle-même et sa petite-fille alimentent toujours.

J’ai été invité à les rencontrer au Manoir Parent à Châteauguay. Quand Louise Robillard m’a ouvert la porte, sa grand-maman était debout devant un miroir. Elle peignait lentement ses cheveux blancs. C’était fascinant de voir qu’à son âge vénérable, la dame prenait encore soin d’elle.

Sa petite-fille a rougi ses lèvres. Puis pincé des boucles à ses oreilles. Des gestes délicats pleins d’affection. On pouvait sentir le fort lien tissé au fil des années. Louise Robillard prend soin de sa grand-mère comme elle-même le faisait quand elle était enfant.

Elle se souvient. «Ma grand-mère a toujours été coquette. J’allais coucher chez elle quand j’étais petite et mon plaisir c’était de jouer dans son coffre à bijoux. J’ai hérité de son dada», m’a-t-elle raconté. J’ai remarqué sa main posée sur celle de sa grand-maman. «On s’aime nous autres, hein !» a dit Mme Robillard, très fort, à la centenaire.

Elle a froncé les sourcils. «Je n’ai pas compris. Je ne suis pas sourde mais je n’entends pas», elle a souri.

Selon sa petite-fille qui lui rend visite chaque semaine, Fleurelle Marcoux-Goulet entend mieux certains jours. Son ouïe n’était pas à son meilleur le jour de l’entrevue. Au départ, je m’étais déplacé en pensant pouvoir lui demander comment les amoureux se rencontraient à son époque, ce qu’elle pensait des fréquentations aujourd’hui. J’aurais voulu qu’elle me parle de sa vie au temps du crash de 1929, de la guerre, de l’invention du siècle à son avis. De la recette du bonheur.

Avec de la patience, Mme Robillard a réussi à faire comprendre une question à sa grand-maman. Elle m’a raconté comment elle avait rencontré son amoureux dans un cirque en 1931.

J’étais quand même comblé. Le sujet que j’ai retenu de ma rencontre avec les deux dames, c’est l’amour qui les unit.

Ce sentiment n’est pas banal. Il a contribué à allonger l’espérance de vie des êtres humains, selon des savants. «En 2013, nous vous révélions que les grands-mères étaient probablement responsables de la longévité de notre espèce, la sélection naturelle ayant favorisé leur survie afin qu’elles puissent s’occuper de leurs petits-enfants», lit-on dans la revue «Science & Vie» du mois de décembre 2015.

Alors je vous souhaite, grand-mère Marcoux-Goulet, un très heureux 104e anniversaire !