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Le Tournant répond à plus de 2000 appels par mois

le mardi 25 janvier 2022
Modifié à 10 h 41 min le 25 janvier 2022
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Le Tournant est grandement sollicité cet hiver par des appels de gens en détresse psychologique ou avec des pensées suicidaires. (Photo - depositphoto)

Le contexte pandémique a eu pour effet de fragiliser la santé mentale. D’isoler les gens déjà isolés. De rendre anxieux les gens déjà stress. Bref, c’est comme un couvercle sur une marmite déjà bouillante et sur le point d’exploser. Par mois, le Tournant répond à un nombre important d’appels par mois. Le centre de crise et de prévention au suicide est bien placé pour constater que les gens ont besoin d’aide. 

«Le volume d’appel je dirais qu’il est à 2000 par mois, explique Noémie Rondeau, directrice générale du Tournant. Et encore, il ne s’agit que des appels entrants; ça exclut les appels qui viennent de la police ou encore ceux que l’on fait.»

La population vient de traverser et traverse toujours une pandémie. Qui a eu pour effet d’interdire les rassemblements des Fêtes. Le tout accompagné par un couvre-feu. Le 17 janvier était le Blue Monday; le troisième lundi du premier mois de l’année a été qualifié de journée la plus déprimante de l’année par une campagne publicitaire en 2005. «Je ne peux pas le confirmer [pour le Blue Monday, mais ont se retrouve dans le temps de l’année où c’est relativement difficile pour notre clientèle, confirme Mme Rondeau. Ce l’est plus que l’an passé. » Elle s’attend à une période difficile jusqu’au printemps. 

La moitié des appels proviennent de gens récurrents connus du service. Ce qui signifie que l’autre moitié sont logés par des nouveaux usagers. Pour l’ensemble d’eux, la désorganisation est grandement constatée tout comme les problèmes de toxicomanie. Mme Rondeau laisse entendre que les réseaux sociaux contribuent également à la détresse psychologique. 

Loi d’exception

Parmi la multitude de services offerts par le Tournant, on retrouve les évaluations en vertu de la Loi d’exception P38. Celle-ci en est une de protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour elle-même ou pour autrui.

«On a vu des gens avec des problématiques, exacerbées par divers symptômes, qui ont dû être hospitalisées pour des pensées suicidaires, explique la directrice générale. La demande provient d’abord d’un proche puis vers la police avant d’arriver à l’un de nos intervenants. Ensuite, il y a une couleur qui sort selon l’évaluation et qui peut mener à une hospitalisation, même contre le gré de la personne. »

La détresse psychologique génère un important flot d’appels à la police. Si bien que Mme Rondeau évalue à 40 le nombre d’appels hebdomadaire qui menaient à des évaluations cet été. « On a eu des discussions avec la Sûreté du Québec pour arrimer les services pour l’accompagnement des personnes, lance-t-elle. Depuis presque deux ans c’est la norme [l’application du P38] et ça ne devrait pas. »

Lourd sur le moral

Le métier d’intervenant dans une ressource en santé mentale et prévention du suicide n’a rien de facile. Ils sont environ une trentaine au Tournant à œuvrer 24/7. Les appels de détresse finissent par peser lourd. «Ça peut être difficile sur le moral, affirme Mme Rondeau. On vit d’ailleurs une pénurie de main-d’œuvre. On encadre bien nos employés, mais comme on est une ligne d’écoute, on constate que les gens sont vraiment en détresse. » 

Une initiative appréciée

Pour une deuxième année, Gopal Ducharme entreprend une longue randonnée. Il marchera 444 km entre Valleyfield et Québec pour la prévention du suicide. Il vise amasser 40 000 $ qui seront séparés à parts égales à quatre organismes en santé mentale. «On vise à réinvestir l’argent dans la communauté, annonce la directrice générale du Tournant. On aimerait offrir plus de soutien, notamment pour aider les résidents lors de leur relocalisation. »