Opinion

L’enfant et le monstre

le mercredi 31 mai 2017
Modifié à 0 h 00 min le 31 mai 2017
Par Patricia Blackburn

pblackburn@gravitemedia.com

Il serait mort en moins de deux si rien n’avait été fait. Il est toujours là, mais n’en a pas encore fini avec la violence des produits qu’on lui injecte pour tuer le monstre qui l’a envahi.

Tout se passe présentement à l’intérieur de lui. Il est le spectateur impuissant d’un combat douloureux à même ses propres entrailles. Il sait se battre avec les épées, adore les jeux vidéo dans lesquels il doit éradiquer l’ennemie par diverses stratégies, mais il n’aurait pu se douter avoir à affronter cet insidieux mal qu’il l’a surpris après une journée active passée en plein soleil. Boum. La leucémie.

Long combat

Il n’y a pas d’autres méthodes connues, semble-t-il. Que d’utiliser la violence pour combattre la violence avec laquelle s’acharne dans son petit corps ce monstre absurde. D’où vient-il, pourquoi est-il si violent? Les seules informations révélées sont celles qui concernent les chances de rémission. De très bonnes chances, disent les statistiques.

Mais, c’est pourtant pendant le combat que tout se joue. Or la question que l’adjuvant se pose en accompagnant son héros est celle-ci : comment lui insuffler un flux de courage lorsque celui-ci est à sec? Comment garder à niveau cette substance abstraite, mais ô combien essentielle à la poursuite du combat ?

La vie contre la mort

Ce n’est même pas une métaphore. Il se bat contre la mort. «Parce qu’on n’a pas fini de faire tout ce qu’on avait à faire ensemble» a répondu son cousin, du même âge, lorsque questionné par un journaliste dans le cadre d’un événement organisé par Leucan.

Voilà, tout est dit. Les batailles d’oreillers, les glissades dans la neige, les bêtises pour rigoler, les blagues qui rendent heureux. C’est dans ces souvenirs et dans la projection de ceux à venir que le combattant s’arme de courage.

Et quand le héros est à bout de souffle, ceux qui sont à ses côtés et qui prennent le relais pour lui souffler aux oreilles les douceurs que lui réserve encore la vie deviennent à leur tour des héros. Et quand ces personnes sont à leur tour à bout de courage, ce sont à celles qui les entourent de prendre le relais. Le relais pour la vie. Parce que ce combat, c’est vraiment une affaire de beaucoup de monde.

Ce billet est un coup de chapeau à mon neveu, Justin, qui combat le monstre depuis bientôt un an.