chronique

Les 100 ans de la SAQ

le vendredi 07 mai 2021
Modifié à 9 h 18 min le 07 mai 2021
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Vous l’avez surement vu à la télé, dans les journaux ou sur le site de notre société d’état, la SAQ fête cette année ses 100 ans. Elle vient de publier une magnifique revue disponible dans ses succursales, intitulée « Le goût de partager depuis 1921 ». Celle-ci est très bien illustrée et regorge d’informations historiques des plus intéressantes de ses origines à aujourd’hui. Voici quelques faits qui m’étaient inconnus et que je trouve des plus intéressants. Dès 1916 en Alberta, au Manitoba et en Nouvelle-Écosse la prohibition est présente. Puis, en 1917, la Colombie-Britannique et le Nouveau-Brunswick adoptent une loi similaire. Au Québec, en 1919, il n’y a pas de prohibition dans l’ensemble de la province car la législation sur l’alcool est déléguée aux villes. Ainsi, près de 90% des villes et villages étaient des municipalités dites « sèches ». Par exemple, à Québec et à Trois-Rivières, aucune vente d’alcool n'était permise, mais pas à Montréal et à Hull. Cela explique peut-être qu’il y ait plus d’activités à Hull (Gatineau aujourd’hui) qu’à Ottawa! En 1920, avec l’arrivée au pouvoir de Louis-Alexandre Taschereau, le Québec décide plutôt de légiférer la vente d’alcool par l’État. Ceci amène en 1921 la création de la Commission des liqueurs. Donc, plutôt que d’interdire l’alcool, le gouvernement du Québec en contrôlera la vente et la distribution. Ce faisant, c’est le premier système de contrôle géré par un gouvernement en Amérique du Nord. Déjà, une société distincte? [caption id="attachment_103696" align="alignnone" width="639"] Liste de prix de la Commission des liqueurs en 1960[/caption] Puis, en 1961, la Commission des liqueurs devient la Régie des alcools avec deux mandats distincts soient : administrer les permis d’alcool et faire le commerce des boissons alcooliques au Québec. Il est important de souligner ici que le consommateur n’a pas accès aux « bouteilles de boissons » autant le vin que les spiritueux. Elles sont cachées aux yeux du client. C’est aussi cette même année que l’on « dévoile » les bouteilles aux clients, mais sans accès direct, on doit passer par un commis qui vous remettra lesdites bouteilles. Il faut attendre 1970 pour l’ouverture de la première succursale en libre-service à Sherbrooke. Finalement, en 1971, on sépare les deux mandats de la Régie des alcools en créant la Société des Alcools du Québec (SAQ) pour la vente des vins et spiritueux et la Commission du contrôle des permis d’alcool (ancêtre de la RACJ). J’arrête ici l’histoire de la SAQ, mais je vous recommande de mettre la main sur cette belle revue. Afin de souligner le 100e anniversaire de la SAQ, deux grands producteurs de vins, présents à la SAQ depuis plus de 50 ans, ont décidé de produire des vins en édition limitée pour l’occasion. Les voici :  

Mouton Cadet Bordeaux rouge 2018 Édition 100e anniversaire (943)

Le code identifiant ce vin a seulement trois positions (943), alors que les nouveaux produits en ont huit! C’est donc dire que ce vin est présent au répertoire de la SAQ depuis au moins 1960 comme en témoigne le cahier de prix de cette même année indiquant à 1,45$ pour une bouteille de Mouton Cadet rouge. Fidèle à lui-même tout au long de ces années, cet assemblage majoritaire de merlot (80%) que complètent le cabernet sauvignon et le cabernet franc donne un vin d’un beau rubis assez foncé. Les notes de fruits rouges se mêlent à une pointe d’épices et des notes boisées pas envahissantes. Ce vin sec à l’acidité fraiche nous présente de beaux tannins souples, le tout d’une belle longueur. Il saura accompagner une bavette sur le BBQ ou un magret de canard. À redécouvrir ou à découvrir pour les plus jeunes. On peut le conserver jusqu’à 3 à 5 ans. Prix 16.95$

Mouton Cadet Bordeaux blanc 2020 Édition 100e anniversaire (2527)

Tout comme son frère en rouge, ce vin blanc de l’appellation Bordeaux est présent depuis de nombreuses années sur les tablettes. De millésime en millésime, ce vin blanc est un classique. Ici l’assemblage de sauvignon blanc (76%), de sémillon (22%) et une touche de muscadelle (2%) donne un vin d’une belle teinte jaune plutôt pâle. Il présente des notes florales et d’agrumes. En bouche, ce vin sec à l’acidité rafraichissante offre une texture souple et une belle finale. Idéal à l’apéro et pour accompagner des crevettes ou autres fruits de mer. Ce vin est prêt à boire. Prix 15.95$

Torres Gran Coronas Reserva 2016 Édition 100e anniversaire (36483)

La maison Miguel Torres a aussi voulu souligner sa présence au Québec depuis plus de 50 ans. Certes, on connait tous le vin Sangre de Toro (avec le petit toro attaché au col de la bouteille) présent depuis très longtemps, mais on voulait souligner le 100e avec un vin plus haut de gamme. Ainsi le Gran Coronas réserve arbore une étiquette spécialement conçue pour l’événement. Élaboré majoritairement avec du cabernet sauvignon complété par le tempranillo, il en résulte un vin d’un rubis très intense. Au nez, on y retrouve des notes de fruits noirs, des notes poivrées, de noix grillées et de bois bien dosé (dû au vieillissement minimum de 12 mois en fût de chêne français). En bouche, ce vin sec et rafraichissant présente des tannins bien présents qui, combiné à une pointe d’amertume prolonge le plaisir en bouche. Il sera un excellent compagnon avec un steak sur le BBQ ou un carré d’agneau. On pourra le conserver environ 8 à 10 ans pour le voir se bonifier. Prix 19.95$