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COVID-19

Les soins de santé en temps de pandémie

le lundi 01 juin 2020
Modifié à 8 h 02 min le 01 juin 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Pour l’ostéopathe et thérapeute du sport Karine Aubut, il y a un avant et un après COVID-19. Il aurait été impensable, il y a quelques mois de cela, de recevoir ses patients avec lunettes de protection, masque de procédure et sarrau. Le 1er juin, Karine Aubut et sa collègue Sandra Ionata – tout comme tous les services de soins de santé – rouvraient pour toute leur clientèle à la Clinique d’ostéopathie et de thérapie sportive Aubut-Ionata, dans l’arr. du Vieux-Longueuil. «Si je reçois un nouveau patient, il ne connaîtra pas mon visage. C’est spécial! Le contact n’est pas le même», constate Mme Aubut. Au cours des deux dernières semaines, la résidente de La Prairie a accueilli quelques clients en urgence. «Il y a quelque chose de rigolo… On se disait est-ce que l’on est vraiment rendu là?» À son accoutrement s’ajoute le port du masque obligatoire pour le client – qu’elle peut fournir au besoin – et une pléthore de précautions et procédures de désinfection, effectuées avec des produits approuvés par Santé Canada. Mme Aubut et sa collègue se réservent 30 minutes entre chaque rendez-vous pour désinfecter lit, poignées de portes, robinets et toutes autres surfaces susceptibles d’avoir été touchées; une façon aussi de s’assurer que les clients ne se croisent pas dans la salle d’attente. Sur une liste, elle vérifie tous les éléments à ne pas oublier. Elle change de sarrau entre chaque rendez-vous et remplace la serviette à mains. Les taies d’oreiller de tissus ont été remplacées par une surface plastifiée, alors que les brassées de lavage sont plus fréquentes et volumineuses. Les patients doivent se laver les mains à leur arrivée et à leur départ, et la fréquence de lavage des mains s’est multipliée pour l’ostéopathe et thérapeute du sport. Ces restrictions n’affectent néanmoins pas l’intervention à proprement parler. «Ç’aurait été différent si on avait été obligé de porter des gants, car on a besoin de sentir avec nos doigts», explique Karine Aubut. Multiples précautions Des précautions similaires sont prises à la Clinique de réadaptation physique du Roussillon, où physiothérapeutes, ergothérapeutes, kinésiologues, ostéopathes, massothérapeutes et acupuncteurs accueilleront des patients dans l’une des cliniques de La Prairie, Candiac et Châteauguay. Ces derniers porteront le masque et le sarrau, ainsi que les lunettes ou la visière. «On est habitué de se laver les mains 30 fois par jour. Là, on le fait tellement qu’on a l’impression que c’est exagéré, mais on le fait», relate Sophie Thauvette, copropriétaire et physiothérapeute. Pour les physiothérapies, cela implique aussi de nettoyer tous les équipements d’exercice après chaque utilisation. La partie de la séance où le thérapeute observe le client faire ses exercices, pour le corriger au besoin, sera écourtée. «On veut limiter le nombre d’objets touchés, pour qu’on ait un peu plus le contrôle», détaille Mme Thauvette. Les propriétaires s’assurent que la distanciation physique soit respectée dans les aires communes; un Plexiglas a été installé à la réception et les chaises de la salle d’attente ont été disposées différemment. Les thérapeutes ne pratiqueront pas tous en même temps dans les cliniques. Si la reprise du 1er juin n’inquiète pas l’équipe, les craintes se transposent à moyen et long terme, lorsque les clients seront plus nombreux dans la clinique et qu’ils se croiseront. «Je ne crois pas que l’on pourra reprendre notre achalandage d’avant. Il faudra trouver des solutions, comme prolonger les horaires», évalue Mme Thauvette. En connaissance de cause Les clients qui prennent rendez-vous à la clinique d’ostéopathie de Longueuil doivent remplir un formulaire de consentement. Le client doit notamment y confirmer qu’il ne présente aucun symptôme de la COVID-19 et qu’il n’a pas été en contact avec quelqu’un qui en est atteint. Le formulaire décrit l’ensemble des mesures d’hygiène prises par la clinique et exigées du patient. On invite aussi les personnes de 70 ans et plus à prendre rendez-vous uniquement si c’est vraiment nécessaire. «On ne pousse pas cette clientèle à venir nous voir, mais on reste humain, nuance Karine Aubut. À cet âge, si une blessure n’est pas prise en charge, la réhabilitation se fait plus lentement.» Le formulaire n’est pas exigé des associations professionnelles. «On a pris cette décision pour se protéger. Car malgré tous les efforts, le risque zéro n’existe pas, expose Mme Aubut. Et si les clients sont au courant des procédures, on n’a pas à tout expliquer en personne.» À distance Depuis le début de la pandémie, des clients ont continué à fréquenter la Clinique de réadaptation physique Roussillon pour des traitements d’urgence, entre autres pour des suivis postopératoires et postfractures. La téléréadaptation a été offerte, tant à l’ensemble des clients qu’à ceux qui ont subi un accident de la route ou encore un accident de travail. «On est habitué de toucher avec nos mains. Comme physio, on aime sentir ce qui se passe dans ce muscle, mais j’ai été étonnée de voir tout ce que l’on pouvait faire à distance, remarque Sophie Thauvette. On s’est réinventé.» «J’ai été la première à l’expérimenter, alors j’ai bien su le vendre à l’équipe! Ils avaient hâte de l’essayer», poursuit-elle. La réouverture du 1er juin ne mettra d’ailleurs pas fin à cette avenue, qui sera offerte à ceux dont la santé est plus fragile, aux clients plus âgés ou à ceux qui sont inquiets à l’idée d’une rencontre en personne. Puisque la clinique n’accepte pas d’accompagnateurs dans le contexte actuel, la téléréadaptation s’avère une solution pour les parents qui ne peuvent faire garder les enfants. [caption id="attachment_82990" align="alignnone" width="5373"] Karine Aubut (Photo Denis Germain)[/caption] [caption id="attachment_82988" align="alignnone" width="4032"] Clinique de réadaptation physique Roussillon (Photo gracieuseté)[/caption]