Automobiles

L’histoire de Tesla : Elon Musk et ses voitures

le dimanche 26 mai 2019
Modifié à 9 h 00 min le 26 mai 2019
Le Guide de l'Auto
Article par Alain Morin

L’histoire de Tesla est à la fois simple et complexe. Simple, car elle crée uniquement des voitures électriques. Complexe, car son président, Elon Musk, l’est beaucoup! Tesla et Elon Musk sont inséparables, le multimilliardaire de 47 ans, originaire de l’Afrique du Sud, étant même considéré, à tort, comme son fondateur. Vrai que Musk a fondé bien des entreprises, et pas des moindres : PayPal (services financiers informatiques), SpaceX (voyages spatiaux) et The Boring Company (Hyperloop), entre autres. Mais pas Tesla.

Tesla, en hommage à Nikolas Tesla (1856 – 1943), un ingénieur qui a mis au point les premiers alternateurs, a plutôt été créée en 2003 par deux universitaires ambitieux, Martin Eberhard et Marc Tarpenning. Ils désirent produire une voiture sport électrique à un moment où la popularité de ce type d’énergie est au plus bas. Sauf que construire une voiture, électrique ou pas, ça demande beaucoup de sous. Dans leur quête, Eberhard et Tarpenning rencontrent le fringuant Elon Musk qui, lui, en a tout plein. En 2004, ce dernier investit plusieurs millions de dollars dans l’entreprise et devient ipso facto le président de son conseil d’administration. En janvier 2008, Eberhard et Tarpenning quittent le bateau. D’aucuns prédisent la fin imminente de Tesla…

La Roadster
2008. La première voiture à quitter la chaîne d’assemblage est la Roadster, une voiture sport biplace basée sur la Lotus Elise dont l’empattement a été allongé de 2 po et la mécanique à explosion remplacée par une motorisation électrique. La Roadster demeurera en production jusqu’en janvier 2012, moment où Lotus cesse de construire l’Elise. D’aucuns prédisent la fin imminente de Tesla…

La Roadster a été plus qu’une voiture… Par ses lignes affriolantes, ses performances débridées et son autonomie électrique impressionnante (près de 400 km), elle a contribué à rendre la voiture électrique désirable. Son prix élitiste (aux alentours de 120 000 $) contribue à créer une aura d’exclusivité qui sépare Tesla de la plèbe.

S 3 X
Le second modèle à porter le nom Tesla est la spectaculaire Model S, introduite sur le marché le 22 juin 2012. Ses performances sont absolument phénoménales. Si la Roadster a fait entrer la voiture électrique dans l’imaginaire collectif, la Model S fait de même pour Tesla.

Deux autres modèles viennent enrichir le catalogue de l’ancienne startup américaine. Le Model X tout d’abord, apparaît en 2015. Ce VUS est remarquable grâce à ses portes arrière en aile de mouette qui ont causé plusieurs maux de tête aux ingénieurs et à quelques malheureux propriétaires. En 2017, débarque la tant attendue Model 3, une berline compacte. L’an prochain devrait voir arriver le Model Y, un VUS compact.

Semi-camion ou semi-réalité?
Fidèle au patron Musk, qui adore le flamboyant, Tesla a dévoilé, en 2017, le Semi, un camion promettant la stratosphère en matière d’autonomie, de performances et de conduite autonome. Il y a quelques semaines, nous apprenions que la production du Semi était retardée jusqu’à l’an prochain. Parlant de stratosphère, il n’y a que Tesla qui pouvait se permettre, via l’entreprise cousine SpaceX, d’envoyer, le 6 février 2018, une voiture (Roadster) dans l’espace!

Au rayon du spectaculaire, le prochain Roadster en rajoutera une méchante couche avec des performances absolument démentielles. Attendons la suite avant de nous emballer, Tesla nous ayant habitués à promettre beaucoup et à livrer un peu moins… Toujours dans le domaine du démesuré, le mode Ludicrous (que l’on pourrait traduire librement par ridicule), qui apparaît sur le Model S P85D, autorise des accélérations balistiques.

Internet s’enflamme
Dès la sortie de la Model S, l’engouement pour la marque de Palo Alto en pleine Silicon Valley (Californie) devient viral. Tous les sites et les publications spécialisés dans le domaine de l’automobile ne parlent que de Tesla, frisant quelquefois le fanatisme. Pas mal pour une marque qui ignore royalement la presse automobile, qui ne possède pas de concessionnaires et qui évite soigneusement les Salons automobiles!

Quelques nuages…
La demande pour la Model S est telle que les délais de livraison s’allongent indûment. De graves problèmes de production et d’approvisionnement n’aident en rien la situation, tout comme des problèmes de fiabilité récurrents. D’aucuns prédisent la fin imminente de Tesla…

L’histoire se répète pour la populaire Model 3. Encore une fois, de nombreux retards de production viennent freiner les ventes. En plus, le prix demandé est largement supérieur à celui qui était anticipé… Malgré les embûches, la Model 3 est aujourd’hui produit à plus de 20 000 unités par mois.

Tesla recharge ses batteries
En 2012, Tesla commence à étendre son réseau de bornes à recharge rapide, disponible aux voitures éponymes uniquement. Le 29 juillet 2016 marque une étape importante dans l’histoire de Tesla; l’ouverture de la Gigafactory, une giga-usine, opérée conjointement avec Panasonic, qui fabriquera les batteries des Tesla à venir.

Deux autres Gigafactory voient aussi le jour, une à Buffalo NY et une autre à Shanghai. Au moment de la rédaction de cet article, à la mi-mai 2019, les investissements dans les trois Gigafactory auraient cessé et certains travailleurs auraient été mis à pied. Une mer tranquille, ce n’est pas pour Tesla!

Tesla, jamais sur le pilote automatique
Tesla, c’est aussi l’Autopilot, apparu pour la première fois le 9 octobre 2014, sur une Model S. Il s’agit d’un système dont le nom même peut induire les conducteurs en erreur puisque dans les faits, on parle d’un système d’aide au pilotage. Toutefois, les rares accidents qui ont été causés par l’Autopilot, l’ont été alors que le conducteur n’a pas respecté les consignes de la marque.

Malgré la mauvaise publicité causée par ces incidents et l’acharnement de certains médias, il est indéniable que ce système demeure l’un des plus évolués sur le marché. Et, soyons francs, il a assurément contribué à sauver plus de tôle et, surtout, de vies qu’un être humain.

Un tweet de trop
Tesla n’aurait sans doute pas été aussi médiatisée sans Elon Musk, son président, qui semble courir après les caméras comme si sa vie en dépendait. Il a une belle gueule, il s’exprime bien, il est hyper riche et il a des idées toutes plus grandioses les unes que les autres. Bref, Musk devient rapidement le visage de Tesla. Pour le meilleur et pour le pire.

Avec, ou plutôt à cause de, sa prodigieuse énergie, quelquefois mal gérée, Musk, grand adepte des médias sociaux, s’est à l’occasion mis le pied dans la bouche. Le 7 août 2018, par exemple, il publie un tweet stipulant qu’il songeait à retirer Tesla de la bourse, ayant trouvé une source de financement officielle (funding secured).

N’étant pas doué pour la finance, je laisse le soin aux professionnels de commenter la situation. Quoiqu’il en soit, Musk a fait une grave erreur. La Securities and Exchange Commission (SEC) déclenche aussitôt une enquête. Depuis ce temps, les relations entre Musk et la SEC sont loin d’être au beau fixe, ce qui est rarement une bonne nouvelle pour un industriel. D’aucuns prédisent la fin imminente de Tesla…

Quand tout est amplifié
Tesla est indissociable de Musk, de la Gigafactory, de l’Autopilot, du mode Ludicrous, des annonces pharaoniques, des retards de production dantesques et des actions boursières au comportement bipolaire.

D’un autre côté, Tesla, comme la Tucker Corporation il y a plus de 70 ans, secoue constamment l’industrie automobile, l’obligeant à souvent réajuster le tir. Tesla est devenue une cible et Elon Musk doit jouir juste à y penser.