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Lionel Carmant veut que la DPJ devienne «les soins intensifs» et non «la salle d’urgence»

le dimanche 11 avril 2021
Modifié à 16 h 25 min le 08 avril 2021
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Pour s’attaquer à l’«exode» de personnel au sein de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux et député de Taillon Lionel Carmant insiste: il faut améliorer les conditions de travail et alléger la tâche des intervenants. Un article de La Presse paru le 30 mars faisait état d’une quarantaine de postes demeurés vacants en Montérégie, à la suite d’un affichage à la DPJ et à l’application des mesures. Des travailleurs sociaux étaient aussi recherchés par le biais d’une annonce d’une agence de placement de personnel; une pratique qui se voit dans d’autres régions. L’article relatait également le témoignage d’intervenants qui, après quatre ou huit ans, quittent leur poste, à bout de souffle. M. Carmant soutient que la grande difficulté n’est pas tant le recrutement que la rétention de main-d’œuvre. Depuis l’arrivée de la Coalition avenir Québec au pouvoir, 900 personnes ont été recrutées à la protection de la jeunesse, rappelle-t-il. En 2019, il annonçait des investissements de 47 M$ en protection de la jeunesse, auxquels s’est ajouté un engagement de 25 M$ pour la santé mentale des jeunes. «En Montérégie, il y a eu des départs vers des programmes que l’on a créés, comme Agir tôt, ou encore en santé mentale jeunesse, constate le ministre délégué. Ces personnes sont donc demeurées dans les services pour la jeunesse. Mais ce qu’on réalise et que l’on sait très bien, c’est que la projection de la jeunesse, c’est très complexe, et émotionnellement drainant.» En Montérégie, M. Carmant avance que les services sont bien couverts. Le besoin le plus grand réside dans le secteur de l’application des mesures. Il cible aussi un enjeu bien visible en Montérégie : la difficulté de desservir la population anglophone, tout particulièrement en Montérégie-Ouest. «On travaille pour avoir des solutions, pour avoir des équipes spécialisées», soutient-il. Première ligne Quelles sont les pistes de solution? Aux yeux de Lionel Carmant, il importe de valoriser le travail en protection de la jeunesse, en diminuant la tâche des intervenants – «c’est fondamental» –, mais aussi en changeant certaines habitudes. «Il faut consolider la première ligne pour alléger la protection de la jeunesse et éviter qu’elle devienne l’unique référence, présente-t-il. Trouver le bon professionnel, pour le bon patient, ça viendra améliorer la qualité de leur travail.» Il donne en exemple le service Crise-Ado-Famille-Enfance, qui intervient en première ligne et qui, annuellement, éviterait pas moins de 800 signalements.
«Si la Protection de la jeunesse devient les soins intensifs et non la salle d’urgence des services sociaux, ça va faire la différence. Les intervenants ont à cœur leur travail, mais ils sont débordés.» – Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux
Modifications à la loi Lionel Carmant s’engage : le rapport de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse ne sera pas tabletté. Le document est attendu à la fin avril. Déjà, les six recommandations émises par la Commission, dont la nomination de la première directrice nationale de la protection de la jeunesse, ont été appliquées. Le rapport final guidera certes le gouvernement, mais M. Carmant a déjà annoncé vouloir apporter des modifications à la Loi sur la protection de la jeunesse, vieille de 40 ans. Un projet de loi pourrait être déposé à l’automne. Il souhaite entre autres revoir le principe de la primauté parentale, pour que prime le bien-être de l’enfant. Ce changement aurait selon lui beaucoup d’impacts. «Que l’on donne plusieurs chances aux parents, ça limite les contributions que peuvent faire les familles d’accueil, et ça alourdit le travail des intervenants : ça occasionne beaucoup de «re-signalements» et des retraits d’enfants», illustre-t-il. «Il y a eu des changements dans la société, et la loi n’en tient pas compte. Par exemple, les parents avec une déficience intellectuelle, ou encore la violence conjugale», poursuit-il. La confidentialité, qui limite les échanges entre les divers intervenants (écoles, garderies, DPJ, etc.), est aussi un enjeu majeur auquel veut s’attaquer le ministre délégué. «Elle ne devrait pas primer sur la santé et la sécurité des enfants.»  

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