chronique
Opinion

McDonald's : pas des livres en trop

le dimanche 11 juin 2017
Modifié à 0 h 00 min le 11 juin 2017
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

 McDo vendait des quarts-de-livre. Les livres entiers enrichissent maintenant son menu.

Certains considèrent qu’il s’agit de livres en trop car le géant de la restauration les offre avec son «Joyeux festin», ce repas servi dans une boîte rouge vif décorée d’un sourire jaune. La chaîne y additionnait un jouet pour augmenter sa force d’attraction envers les enfants. Elle mise maintenant sur un bouquin genre «Frisson l’écureuil à la plage».

La Coalition québécoise sur la problématique de poids n’a pas apprécié l’initiative. Pour elle, il s’agit d’une opération de relations publiques qui vise à faire consommer de la malbouffe aux familles, selon ce que rapportait Le Journal de Montréal à la mi-mai.

C’est évident que le virage fait partie d’une stratégie de marketing de McDonald’s. Que c'est un tour pour dorer ses profits. On parle d’une société inscrite en bourse dans un régime capitaliste.

Pour ma part, je trouve plutôt réjouissant de voir la littérature jeunesse se tailler une place dans le programme publicitaire de la multinationale au BigMac.

Que McDo propose un bouquin avec son repas ciblant les enfants, c’est signifiant. Ça démontre que la lecture est importante.

Ça fait plus de dix ans que la Fondation pour l’alphabétisation encourage les parents à initier les enfants à la lecture. L’organisme obtient depuis 2012 l’aide de la Fondation Lucie et André Chagnon pour sensibiliser les parents, notamment avec des publicités à la télé. «L'éveil à la lecture amène les tout-petits à construire leur imaginaire, à apprendre comment agir avec un livre ainsi qu'à découvrir de nouveaux mots et à intégrer les bases de l'écrit. Surtout, il fait du livre une source d'amusement et de plaisir», fait valoir sur son site web la fondation des Chagnon.

Le geste de McDo témoigne que le message d’amour de la lecture pour les petits a gagné du terrain. Qu’une multinationale embarque dans le mouvement, c’est encourageant.

Et bien qu’il s’agisse d’une tactique pour faire manger des hamburgers, ce n’est pas impossible que l’exercice en mène quelques-uns à dévorer des romans. Parmi les amateurs de Joyeux festins, on en trouvera sûrement qui apprivoiseront cet univers de lettres à décoder avec «Frisson l’écureuil». À mon avis, McDo fait œuvre utile.

La multinationale contribue aussi à faire connaître des auteurs d’ici et les aide à gagner leur croûte.

Pour ceux qui s’inquiètent de l’impact du menu de McDonald’s sur la santé des petits et grands, il faut retenir que le mal réside dans l’abus. La collection de livres du Joyeux festin compte 12 titres. On peut les obtenir en une semaine ou un an. À chacun de penser pour sa panse.

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Pour accompagner ce texte d'une photo, je me suis rendu chez McDo, ce dimanche, pour acheter un Joyeux festin. Au moment de prendre possession de ma commande, j'ai questionné : où est le livre que j'ai demandé ? L'employée a ouvert la boîte rouge au sourire jaune. C'est un jouet qui avait été glissé dedans. Le livre, svp ! «Hurry Up, Franklin» a rejoint la frite et le cheeseburger pour enfant. J'aurais préféré un ouvrage en français mais c'est correct. Les images sont belles. Les parents peuvent s'en inspirer pour inventer une histoire s'ils ne comprennent rien à ce qui est écrit. S'ils y tiennent vraiment, ils trouveront peut-être ailleurs une version française, les histoires de Franklin, de Paulette Bourgeois et Brenda Clark, ont été traduites en 38 langues, indique le petit livre fourni avec le Joyeux festin.