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Mercier s’attaque aux messages diffamatoires anonymes

le jeudi 19 novembre 2020
Modifié à 13 h 31 min le 25 avril 2023
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

S’inspirant d’une municipalité en Outaouais qui a eu gain de cause dans un dossier similaire, la Ville de Mercier a entrepris des démarches légales pour identifier les auteurs qui se cachent derrière de faux comptes ou des pages anonymes sur Facebook pour tenir des propos «diffamatoires et dénigrants» à l’égard d’élus et d’employés de la Ville.

Selon la mairesse de Mercier Lise Michaud, depuis 2016, plusieurs messages diffusés sur Facebook ont sali la réputation d’élus et de fonctionnaires de la Ville. «Avant les élections de 2017, il y a eu beaucoup d’attaques envers l’intégrité de fonctionnaires, d’employés municipaux qui font partie de l’organisation, racontait-elle dans une allocution diffusée sur les réseaux sociaux avant la séance publique du conseil de ville du mois de septembre. À un tel point que l’impact de ça, c’est qu’après l’élection, des employés ont préféré quitter. Ils ne voulaient plus jamais vivre ce qu’ils avaient vécu en 2016 et 2017.»

Plusieurs de ces messages étaient diffusés sur la page Facebook Spotted VILLE de Mercier, une plateforme anonyme de publication de messages gérée par des personnes inconnues.

Enquête et injonctions

En septembre, la Ville de Mercier a octroyé deux contrats pour démasquer les fautifs : un pour un montant maximal de 7 500 $ à la firme SIRCO afin qu’elle enquête sur l’identification de faux comptes Facebook qui portent atteinte à la réputation des élus et employés et un de 10 000 $ Me Rino Soucy pour qu’il prépare une injonction demandant à Facebook de fournir les informations pertinentes permettant d’identifier les auteurs. Il s’agit du même processus que la ville de Cantley en Outaouais plus tôt cet été.

Cette petite municipalité souhaitait découvrir la véritable identité d’un utilisateur qui avait sali la réputation d’élus à visage couvert. Cantley a réussi à identifier l’auteur de la publication diffamatoire grâce aux informations fournies par Facebook et Vidéotron.

Deux faux comptes à identifier

À la suite de l’injonction contre Facebook, le géant américain a fourni des informations à la Ville de Mercier au sujet de la page Spotted VILLE de Mercier, notamment les adresses IP liées aux administrateurs de la page. L’enquête a permis de découvrir que les comptes Facebook d’un certain Serge Sauvageau et d’une Rita Michaud sont derrière la page Spotted. Or, il s’agit de faux comptes selon l’enquête. «Curieusement, Rita Michaud c’est le nom de ma sœur décédée il y a quelques années», déplore la mairesse. Les données fournies par Facebook n’ont pas encore permis d’identifier les véritables personnes derrière ces faux comptes.

Comme l’avait fait Cantley, Mercier se tourne désormais vers les fournisseurs internet, qui dans ce cas-ci, sont Vidéotron et Telus. La Ville est en attente d’une réponse à son injonction. La mairesse a entrepris ce combat «pour assainir l’espace public». Sans le chiffrer, elle affirme avoir accumulé un grand nombre de captures d’écran de messages diffamatoires et dénigrants. «Quand on les met un à la suite de l’autre, ça fait beaucoup, commente-t-elle. Ces messages finissent par avoir un impact sur nos familles.» Mme Michaud dit avoir un devoir de protéger ses employés. «Si on ne protège pas nos employés, il n’y a plus personne qui voudra venir travailler», croit-elle.

Une première victoire

Bien que la Ville n’ait pas encore réussi à identifier les auteurs, Mme Michaud voit déjà un changement de ton des discussions sur les réseaux sociaux depuis son allocution du 8 septembre. Les comptes de Serge Sauvageau et Rita Michaud ne sont plus actifs. «Il n’y a pas eu de publication sur Spotted :VILLE de Mercier depuis le 24 septembre», indique la mairesse. Elle précise qu’il existe une autre page Spotted Ville Mercier, qui elle, n’est pas visée par l’enquête de la Ville, «car les échanges sont respectueux». Lorsque l’identité des faux comptes sera connue, Mme Michaud n’exclut pas la possibilité de poursuivre les auteurs à titre personnel pour atteinte à son intégrité.

À Cantley, une entente hors cour a été conclue entre les deux parties. L’auteur a dû rembourser les frais juridiques et payer un dédommagement aux conseillers visés par les propos diffamatoires, selon ce que rapporte Radio-Canada. Le Soleil de Châteauguay a envoyé un message privé à la page Spotted : VILLE de Mercier, le 12 novembre, demandant une réaction aux administrateurs de la page. Au moment d’écrire ces lignes, le journal n’avait pas obtenu de réponse.