Opinion - Enseignants : des perles précieuses dissimulées dans une marée sombre

Ces piliers forts de nos écoles, ceux qui mettent à profit leurs connaissances extensives pour le bien de nos élèves, reconnaissent que ce métier, le plus beau au monde d’ailleurs, semble avoir perdu ses lettres de noblesse. Cette affirmation consternante reste lourdement préoccupante, car elle témoigne de la réalité accablante de ces héros.

Cependant, en cette semaine des enseignantes et des enseignants qui pointe son nez à nouveau, mais encombrée cette année-ci dans des circonstances plus que suffocantes, je tiens à les lancer des fleurs pour le boulot exemplaire accompli quotidiennement, au lieu de m’acharner sur l’état du système de l’éducation au Québec. Cette lettre s’adresse à vous tous, les défenseurs fervents de la profession, les lâches qui ne cessent de la dénigrer et de la rabaisser, comme ceux qui ne sont jamais faits une tête autour du sujet.

Je me nomme Isaiah et je suis étudiant au collégial. Depuis très longtemps, j’aspire à devenir enseignant au primaire, un rêve qui m’habite toujours, malgré le réseau mis à mal. Remontant à 2010, à ma première rentrée scolaire, le français m’était complètement étranger, les mots rentraient par une oreille et sortaient par l’autre. Aujourd’hui, je joue avec la langue de Molière, avec toutes ses tournures farfelues et avec son vocabulaire resplendissant. Que vous croyez ou non aux miracles, il est évident que l’apprentissage du français est ardu, voire quasi-inconcevable à maîtriser comme deuxième langue.

Toutefois, j’ai été très chanceux, puisque j’ai eu des enseignants qui se sont lancés dans cette aventure périlleuse et qui ont tout donné pour que je puisse m’adresser à vous aujourd’hui dans notre belle langue commune. Tous les titulaires de classe du préscolaire jusqu’à la fin de ma formation secondaire m’ont mis sur la route vers l’accomplissement de mon rêve le plus chéri. La trajectoire de ma vie a été chavirée et leurs efforts ont guidé le grand vent qui est responsable.

Mon histoire n’est aucunement singulière. À travers le Québec, le Canada, l’Amérique du Nord, puis le monde entier, les enseignants ne sont pas que de simples contribuables à l’épanouissement des apprenants, ils portent véritablement à bout de bras la réussite de chaque élève. Les chirurgiens chevronnés, les avocats aguerris, les politiciens pointus ont tous passé par une salle de classe abritant un enseignant engagé.

 De plus, ces maestros de l’apprentissage ne veillent pas uniquement à l’acquisition de notions concrètes, comme la multiplication ou les différentes composantes de la cellule, mais au développement global, intégré et équilibré de leurs élèves. Arrimer ces deux volets ambivalents n’est pas une mince tâche, cela requiert une précision et un doigté extrêmes, mais ces maîtres démontrent leurs talents indéniables de contorsionniste, constamment sur le qui-vive, se virant continuellement sur un dix cennes.

La revalorisation de ce beau métier demeure un élément clé pour revigorer notre système de l’éducation affaibli et pour enfin établir une politique gagnante afin de freiner le décrochage autant scolaire que professionnel. Ces enseignants se livrent et se donnent en chair et en os, alors soulignons d’une voix unie et sans équivoque le grand travail qu’ils accomplissent. Ces véritables experts méritent toute notre admiration. Ils sont dignes des plus hauts grades de la société. Sur une note plutôt personnelle, je souhaite remercier du plus profond de mon cœur tous les enseignants qui ont effleuré mon parcours, vous changez réellement des vies. Sachez, chers lecteurs, que leur travail perdure et que les retombées sont toutes sauf éphémères, ils forment les citoyens et les leaders de demain. J’espère du moins que cette lumière fera raviver les flammèches de la fierté de la profession enseignante.

Isaiah Hines, résident de Châteauguay et futur enseignant au primaire