Tribune libre
Opinion

Passer de l’opacité à la lumière ministérielle

le mardi 07 mars 2017
Modifié à 0 h 00 min le 07 mars 2017
Par Production Gravite

production@gravitemedia.com

Le président et chef de la direction de TC Transcontinental, François Olivier, a indiqué récemment que le projet de loi 122 — visant à reconnaître les municipalités comme des gouvernements de proximité — risque de priver les groupes de presse d’une importante source de revenus en permettant aux administrations municipales de modifier la manière dont elles diffusent leurs avis publics. En publiant ces avis uniquement sur leur site Internet, les municipalités québécoises pourraient en effet économiser des milliers de dollars annuellement.

Or, avant de mettre en application une telle mesure, les élus de toutes les municipalités du Québec doivent prendre le temps d’y réfléchir, puisque sa portée va bien au-delà d’une simple économie d’argent public et menace le droit du public à l’information. Appliquée aveuglément, cette mesure pourrait affecter sérieusement la vie démocratique municipale en privant tout d’un coup les citoyens d’une source importante d’informations locales à laquelle ils ont facilement accès depuis fort longtemps.

Dans la région de Châteauguay, cette mesure pourrait générer des pertes financières importantes pour le journal Le Soleil, affecter sérieusement son équilibre budgétaire et mettre en péril des emplois — journaliste, photographe, conseiller publicitaire, camelot, etc. — au moment où plusieurs journaux locaux et régionaux peinent à assurer leur viabilité et subissent les contrecoups coûteux du passage vers le numérique.

Ce journal, tout comme le Journal Saint-François de Salaberry-de-Valleyfield, est un véhicule fort utile et précieux pour les citoyens qui veulent s’informer et s’exprimer sur ses plateformes imprimée et électronique. (Vous ne liriez pas cette opinion si ce journal n’existait pas.) D’autre part, il est aussi le principal support publicitaire utilisé par une multitude d’entreprises pour joindre leur clientèle.

Par ailleurs, il est permis de douter que les sites Internet des municipalités soient, à l’heure actuelle, une bonne solution de remplacement pour informer adéquatement les citoyens. Plusieurs d’entre eux sont loin d’être conçus pour rendre la navigation conviviale, permettre facilement l’accès aux informations municipales et fournir des données fiables en temps réel. De plus, il faut être conscient que ce n’est pas tout le monde qui a accès à l’Internet, ou qui est capable de l’utiliser ou de le maîtriser pour se tenir au fait des affaires municipales.

Avec le début d’une nouvelle ère pour les municipalités, les «gouvernements de proximité», pourvus d’une plus grande autonomie, auront comme première responsabilité non pas de priver leurs citoyens d’une source importante d’informations, mais plutôt de donner rapidement suite à leurs nouvelles obligations en matière de transparence et de participation citoyenne. En ce sens, ils devront rendre disponibles leurs données et se doter de véritables politiques de redditions de comptes. Ces nouveaux gouvernements devront aussi mettre à la disposition de leurs citoyens des plateformes facilement accessibles et conviviales où ceux-ci pourront librement exprimer leurs idées et opinions sur la gestion des affaires municipales.

Le ministre Coiteux s’est donné comme mission de transformer les élus municipaux en apôtres pratiquants d’une nouvelle démocratie municipale. Reste à voir comment tous les élus vont passer avec succès de l’opacité à la lumière ministérielle!

Pierre Villeneuve,

Salaberry-de-Valleyfield