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COVID-19

Personnel soignant au CISSSMO: «Je n’ai jamais vu un manque de personnel aussi criant en 13 ans»

le lundi 11 janvier 2021
Modifié à 14 h 56 min le 11 janvier 2021
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Pour Mélanie Gignac, présidente du Syndicat des professionnelles en soins en Montérégie-Ouest, qui représente notamment les infirmières au front, ses membres sont prises dans un cercle vicieux causé par les mesures liées à la COVID-19 : le manque de personnel oblige l’organisation à faire du délestage, ce qui a pour effet de déplacer des employées. Ces dernières s’épuisent et quittent…et augmentent la pression sur celles qui restent. «Notre plus grand travail en ce moment au syndicat c’est d’essayer de convaincre les employés de ne pas démissionner, mais j’en ai plus d’arguments», raconte-t-elle en entrevue. Les mesures de délestage comme le déplacement d’employés en CLSC vers des zones rouges ne plaisent pas aux employées concernées. «C’est certain que si ça fait 15 ans que tu travailles au CLSC du lundi au vendredi, de jour, et que tout d’un coup on te demande d’aller t’occuper des patients de nuit à l’hôpital, c’est difficile», illustre Mme Gignac. Des dizaines d’employés sont visés par le délestage. «Les employés du réseau sont brûlés, on leur impose des 12 heures. On les brûle encore plus et elles s’en vont en maladie», poursuit-elle. Chaque zone rouge ou «chaude» créée dans le réseau pour soigner des patients atteints de la COVID-19 vient créer une pression supplémentaire sur le personnel. «Si par exemple tu as 10 patients en zone rouge et 10 en zone verte, en temps normal tu pourrais avoir deux infirmières pour 20 patients», explique l’infirmière. Mais avec la COVID-19, une infirmière ne peut pas s’occuper de patients COVID-19 et de patients non COVID. « Ça me prend donc 2 infirmières pour les 10 patients en zone rouge et 2 infirmières pour 10 patients en zone verte». Aux urgences, la situation est aussi difficile. En septembre, des infirmières ont fait des sit-in aux urgences des hôpitaux de Châteauguay et Valleyfield pour dénoncer les conditions travail et le manque de personnel. Le CISSSMO s’était adressé au Tribunal administratif du travail. Ce dernier avait qualifié le geste de moyen de pression illégal. Le Soleil de Châteauguay a été informé qu’au quart de travail de soir le 5 janvier, il manquait au moins six infirmières aux urgences de l’Hôpital Anna-Laberge à Châteauguay. Une situation confirmée par le syndicat. «Ce qu’on trouvait inacceptable il y a 5 ans est rendu la norme aujourd’hui, déplore Mme Gignac. Il manque deux infirmières ? Pas grave on va faire avec, on est habituées.» La solution selon elle est le recrutement de personnel. «On s’en va à la vitesse grand V dans le mur. Il faut recruter du personnel et il faut que les conditions changent», martèle la présidente du syndicat. À lire aussiL’Hôpital Anna-Laberge débordé par le manque de personnel et la COVID- 19