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Phébé l’exceptionnelle

le mardi 09 juin 2015
Modifié à 0 h 00 min le 09 juin 2015
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Quand les parents de Phébé Mantha ont appris que l’hôpital de LaSalle et une médecin les dédommageraient, ils étaient évidemment heureux. Heureux, mais aussi très réalistes. Tout l’argent du monde ne changera rien à la paralysie cérébrale avec laquelle leur petite «fée» vit au quotidien.

Du haut de ses sept ans, Phébé Mantha épate les gens qui l’entourent. Depuis sa naissance, elle  contredit tout ce que les médecins prévoyaient selon sa maman, Marie-Ève Laurendeau. «On m’a dit qu’elle serait aveugle, sourde, dans un état neurovégétatif et qu’elle n’aurait aucune conscience de qui on est», se rappelle la mère.  À sept ans, elle n’est ni aveugle, ni sourde  et «comprend tout». Or, elle demeure tout de même lourdement handicapée. Elle ne peut parler, marcher  ou manger par elle-même. La petite Phébé doit être gavée.

Malgré tout, la fillette va à l’école, suit des cours de danse et «tripe» sur l’émission La Voix (elle a véritablement un faible pour Yohann qu’elle écouterait en boucle ad vitam aeternam). Évidemment, tout ça, elle le fait à sa façon.

Des défis d’apprentissage

L’école, par exemple. Phébé fait partie  du groupe adapté de développement multisensoriel de l’école Gérin-Lajoie, à Châteauguay. Tout au long de la journée, six préposées s’occupent d’elle et la stimulent avec différents types d’exercices. Grâce à un système informatisé, des éducatrices spécialisées lui apprennent à communiquer. Avec un écran devant elle, Phébé doit faire des associations avec les couleurs, les animaux, les émotions. Plutôt que de cliquer avec une souris dite «normale», un système semblable est relié à son fauteuil et la fillette «doit cliquer» en accotant un côté de sa tête à son fauteuil. «Elle est rendue loin dans son apprentissage, dit fièrement Marie-Ève Laurendeau. Au début on demandait, par exemple, «montre-nous le chien». Maintenant on peut faire des devinettes et elle comprend!» Le nouveau défi de Phébé est d’aller porter la feuille des présences chaque matin  à la secrétaire de l’école grâce à une marchette adaptée pour elle.

En plus de ce qu’elle apprend à l’école, Phébé consulte chaque semaine une orthophoniste et fait de l’hippothérapie (thérapie sur cheval) pour aider sa motricité. Tous ces soins et appareils adaptés occasionnent évidemment des coûts pour la famille. Depuis plusieurs années, la communauté châteauguoise a été conquise par le sourire et la force de caractère de Phébé. Les collectes de fonds ont été nombreuses en sa faveur.

La peur de l’avenir

Le dédommagement que la famille recevra de l’hôpital de LaSalle et d’une médecin vient soulager les parents. «L’avenir nous fait peur. On se demande toujours ce qui arrivera quand on ne sera plus là, confie sa maman avec émotion. On essaie de vivre dans le présent.» L’argent assurera au moins une qualité de vie à leur petite fée. «Ces sous-là c’est pour Phébé. On veut qu’elle ait une qualité de vie. Elle ne méritait pas d’être comme ça», ajoute Mme Laurendeau.

«Elle n’a pas fini de nous surprendre, assure la maman. Je sais qu’elle n’est pas là pour rien», conclut-elle.