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Québec va en appel pour empêcher l’accès à des documents sur les lagunes de Mercier

le jeudi 20 juin 2019
Modifié à 16 h 48 min le 20 juin 2019
Par Simon Deschamps

sdeschamps@gravitemedia.com

La victoire de l’environnementaliste Daniel Green pour avoir accès à des documents concernant les lagunes de Mercier aura été de courte durée. Le gouvernement du Québec conteste la décision de la Commission de l’accès à l’information qui lui était favorable. Le coprésident de la Société pour vaincre la pollution réclame depuis 12 ans deux documents concernant le site contaminé des lagunes de Mercier. En 2007, il a demandé au ministère de l’Environnement un rapport de 18 volumes qui identifie les contaminants présents dans le trou des lagunes de Mercier. Le deuxième document est une étude hydrogéologique sur la direction que prennent les contaminants dans les eaux souterraines. Le ministère a invoqué le secret professionnel pour ne pas diffuser les documents. M. Green s’est par la suite tourné vers la Commission d’accès à l’information qui s’était également opposé à la diffusion et à une demande de révision. Le dossier s’était transporté devant la Cour du Québec, en 2016, qui avait demandé à la Commission d’évaluer le dossier à nouveau en raison d’erreurs juridiques. La juge Lina Desbiens a donné raison le 3 avril à M. Green pour qu’il puisse avoir accès au document. Le 8 mai, la procureure générale a fait appel de la décision devant la Cour du Québec. Elle estime que la Commission a erré et croit que les informations doivent être protégées « par le privilège relatif au litige », selon des documents de Cour. « La compagnie Lepper a donné toutes les informations de la modélisation à des étudiants de maîtrise de l’Université Laval qui ont fait leur mémoire sur les lagunes. Mais le gouvernement m’a dit non. J’ai présenté ça à la juge Desbiens. Les étudiants en connaissent plus sur la contamination que les citoyens qui habitent le rang à côté », a déploré Daniel Green sur le site des lagunes de Mercier lors d’une visite avec Le Soleil de Châteauguay. « Le problème avec le dossier des lagunes de Mercier c’est que le ridicule ne tue pas. Par contre, le chlorure de vinyle, lui, tue », a-t-il poursuivi, en indiquant que le dossier des lagunes de Mercier se retrouve dans une « omerta juridique ». M. Green soutient que la cause du gouvernement du Québec contre l’entreprise Clean Harbors dans le dossier des lagunes est suspendue depuis 2007, donc que la cause est désinscrite du rôle de la Cour ce qui, selon lui, permettrait d’obtenir les informations. La décision de la Cour du Québec sera finale. M. Green évalue présentement ses options pour remporter cette nouvelle manche juridique. Décontamination Mercier réagit Le groupe citoyen Décontamination Mercier quant à lui se désole de la tournure des événements. « Après deux rencontres avec notre députée MarieChantal Chassé et le conseiller politique du ministre de l’Environnement, on nous a dit que le gouvernement n’irait pas en appel. On nous a aussi dit que le gouvernement serait très transparent face aux citoyens », a fait part Michel Beaupré, un des porte-paroles du groupe. [caption id="attachment_65601" align="alignright" width="444"] Michel Beaupré, un des porte-paroles du groupe citoyen Décontamination Mercier.[/caption] Le groupe reproche au gouvernement Legault de faire comme les gouvernements précédents et de « laisser le dossier traîner en longueur ». «Le secret doit être assez énorme pour que le gouvernement garde les informations cachées des citoyens », a ajouté M. Beaupré. Le groupe exhorte la députée de Châteauguay de « faire bouger le dossier » et d’aider le groupe à obtenir les informations désirées depuis des années. Le journal Le Soleil a logé une demande d’entrevue au bureau de Mme Chassé. Au moment d’écrire ces lignes, elle n’avait pas répondu.