Opinion

Récession, oui, mais pas de panique

le mercredi 05 octobre 2022
Modifié à 13 h 23 min le 30 septembre 2022
Par René Vézina

redactiongm@gravitemedia.com

Photo gracieuseté

D’un jour à l’autre, les avertissements se suivent: une récession est inévitable.  

C’est là un terme habituellement meurtrier, qui signifie généralement de sérieuses pertes d’emplois et une baisse du niveau de vie pour la population concernée. Mais pas cette fois!

C’est le paradoxe de cette récession pas comme les autres. 

Oui, nous allons probablement encaisser un recul de notre économie, c’est-à-dire de notre produit intérieur brut (PIB) pour deux trimestres consécutifs. Autrement dit, la valeur de tout ce que nous produisons va glisser. C’est la définition d’une récession.

Mais allez-vous sentir le choc? Tout dépend de l’état de vos finances. 

Les banques centrales, comme la Banque du Canada, ont entre autres comme mandat de contrôler l’inflation. Elles font grimper leur taux de base qui se répercutent sur les taux consentis par les institutions financières. L’objectif est de rendre le crédit plus dispendieux. Donc, de décourager les emprunts pour limiter la demande. Les prix finissent par baisser en calmant l’inflation. 

Mais cette récession est différente.

Un, elle dépend en bonne partie d’événements plus politiques qu’économiques. Au premier chef, l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’Europe de l’Ouest a légitimement répondu en frappant la Russie de sanctions. Mais elle risque de manquer d’énergie cet hiver, comme de gaz naturel, ce qui va forcément lui faire mal.
Mais la hausse du prix du pétrole a été stoppée, du moins ici. Cette accalmie va aider à faire plafonner la hausse des prix. 

Deux, cette inflation est alimentée en bonne partie par l’augmentation des salaires. Nous sommes en manque de main-d’œuvre et les gens disponibles sont en position pour obtenir de bonnes conditions de travail. Ils en ont profité. Et les employeurs doivent se montrer plus accommodants pour les garder… même si, aux dernières nouvelles, les hausses moyennes de salaire ne réussissent pas à suivre l’inflation.

Récession atypique
Nous voici donc dans une récession atypique qui ne risque pas de faire grimper le chômage, comme c’est souvent et malheureusement le cas.

Par contre, la poussée des taux d’intérêt risque de faire mal aux gens qui se sont endettés depuis une douzaine d’années.  

En moyenne, les Canadiens sont empêtrés dans leurs dettes qui représentent presque 182 % de leur revenu avant impôt, le pire de tous les pays occidentaux. Heureusement, c’est un peu moins prononcé au Québec. Mais la tendance est la même. Nous avons pigé dans le crédit sans penser aux lendemains.

En attendant que la situation se normalise et que l’inflation redescende, mieux vaut réduire les dettes sensibles aux variations des taux d’intérêt, comme les marges de crédit… si c’est possible. Pour le reste, croisons-nous les doigts en espérant que le bon sens revienne sur la scène internationale.