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Recrudescence du marché de la contrebande de tabac, selon une analyse de mégots

le lundi 03 août 2015
Modifié à 0 h 00 min le 03 août 2015
Par Patricia Blackburn

pblackburn@gravitemedia.com

Une étude qui a analysé 8400 mégots de cigarettes prélevés dans 65 lieux publics à travers le Québec, dont quatre écoles secondaires de la région de Châteauguay, laisse croire que le marché de la contrebande gagne en ampleur, surtout chez les jeunes.

L’étude de la firme NIRIC, qui a été commanditée par l’Association québécoise des dépanneurs en alimentation (AQDA) et par l’industrie du tabac, avait pour objectif de mesurer le taux de contrebande à l’échelle nationale. Ce dernier aurait grimpé à un taux moyen de 16% tous lieux confondus, et de 16,8% dans les 43 écoles secondaires évaluées.

Mais ce sont les écoles  de la région de Châteauguay qui remportent la palme avec des taux allant jusqu’à 44,7% (École Louis-Philippe-Paré).

L’étude a également répertorié le nombre de mégots provenant de cigarettes à saveur de menthol. La popularité pour cet arome serait, selon l’AQDA, «beaucoup moins importante» que ce que croit le gouvernement, qui souhaite bannir ce type de cigarettes avec le projet de loi 44.

«Le gouvernement prétend que les cigarettes au menthol incitent les jeunes à fumer. Nous avions l’intuition que ce n’était pas le cas et c’est ce que les résultats de l’étude prouvent. Nous lui demandons donc de rectifier le tir en s’attaquant plutôt à la contrebande », fait valoir Michel Gadbois, président de l’AQDA.

Étude contestée

Ces résultats ont été fortement critiqués par la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, qui pointe notamment plusieurs manquements méthodologiques.

La Dre Geneviève Bois, porte-parole de la Coalition, soutient plutôt que la contrebande de tabac est restée stable depuis 2009, soit à 14%.

Elle indique également que la cigarette au menthol serait, selon les données gouvernementales, adoptée par le tiers des jeunes fumeurs du Québec et par une minorité d’adultes.

«Et il n’y a aucune étude crédible qui porte à croire que la contrebande augmenterait s’il n’y avait plus de produit mentholés ou aromatisés», ajoute celle qui parle de l’étude de l’AQDA comme «de la plus récente offensive menée par le lobby pro-tabac contre l’interdiction du menthol».

Cette sortie publique de l’AQDA arrive peu avant l’ouverture des consultations sur le projet de loi 44, qui débuteront à la mi-août.