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Revivre après plusieurs tentatives de suicide

le vendredi 09 février 2018
Modifié à 21 h 28 min le 09 février 2018
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Dans une période sombre de sa vie, Nathalie Haché a fait plusieurs tentatives de suicide. Elle raconte son parcours pour redonner espoir aux gens qui souffrent. Car, aujourd’hui, même dans les moments difficiles de sa vie, le suicide n’est plus une option. Mme Haché le dit d’entrée de jeu, «elle revient vraiment, vraiment, vraiment de loin». Tout a commencé en 2004, alors qu’elle était âgée de 27 ans. Cette mère de quatre enfants à l’époque est victime d’un incendie. «Un enfant d’un voisin est décédé dans l’incendie, raconte-t-elle. J’ai fait un stress post-traumatique.» Succession de drames Elle se retrouve à l’hôpital à la suite d’une psychose quelques semaines plus tard. Les médecins lui diagnostiquent un trouble de personnalité limite. Une situation qu’elle a beaucoup de difficulté à accepter. «Dans la vie, il y a deux craintes que j’ai toujours eues : perdre mes enfants par la DPJ et perdre mon père», explique-t-elle. Pendant son séjour à l’hôpital, ses deux peurs se concrétisent : ses enfants sont placés par la DPJ et son père est décédé. «Pour moi, d’avoir perdu mes enfants, c’est comme si tu m’avais coupé mes quatre membres. Je vivais que pour eux. Par-dessus ça, mon père, l’homme de ma vie, est mort. La vie était cruelle avec moi je trouve», confie-t-elle. Cet enchainement de malheurs ne fait que couler Mme Haché au fond du baril. Pendant un certain temps, elle se retrouve même en situation d’itinérance. «J’ai été deux ans sans parler. Je disais oui, non, en tout cas. C’était mes trois mots. J’étais vraiment dans mon monde. J’ai essayé de me suicider plusieurs fois», poursuit la Châteauguoise. «Je suis allergique au beurre d’arachide. C’était mon moyen de me tuer. J’en ai mangé. Je ne suis même pas morte.» Selon Mme Haché, lorsqu’on en vient au point de vouloir s’enlever la vie, c’est que la douleur a pris toute la place. Il n’y a plus de pensée pour les proches qui pourraient souffrir de sa mort. «On ne les voit plus. Ce qu’on veut tuer, c’est le mal qu’on a à l’intérieur. On n’est plus capable de souffrir. On ne voit plus aucune solution, aucune lumière. C’est épouvantable le mal que tu peux avoir», explique-t-elle. Se reconstruire un pas à la fois La mère de Mme Haché avait entendu parler du Centre de crise et de prévention du suicide La Maison sous les arbres à Châteauguay. Elle a suggéré à sa fille d’aller les consulter. Nathalie Haché s'y est rendue et a rapidement apprécié les intervenants sur place, qui ne la jugeaient pas. Elle a utilisé leurs services une première fois pendant un certain temps, mais les a quittés, notamment car elle refusait de prendre sa médication. «Je n’étais pas prête encore à me faire aider», souligne-t-elle. La deuxième fois qu’elle a repris contact avec la Maison sous les arbres fut la bonne. Avec l’aide de l’organisme, petit à petit, elle a rebâti sa confiance en elle et accepté son diagnostic. «C’est des petits anges qui sont à côté de nous autres et ils nous redonnent nos ailes», illustre la femme de 40 ans. La Châteauguoise est fière du chemin parcouru. «J’étais sur l’aide sociale. J’avais lâché l’école en secondaire 5. Je recommençais du bas de l’échelle, mais c’est ça qui a fait que j’ai repris confiance en moi», croit-elle. Maintenant, elle a un emploi à temps plein, un permis de conduire, une voiture et une maison. Après un combat de neuf ans, elle a pu reprendre contact avec ses quatre enfants. Un cinquième s’est ajouté depuis et elle vit aussi le plaisir d’être grand-maman. Garder espoir Elle encourage les personnes souffrantes à aller chercher de l’aide et à garder espoir. «Ce n’est pas une faiblesse d’aller chercher de l’aide. C’est une force. Il ne faut pas avoir honte, affirme-t-elle. Le petit peu de lumière qu’on a à l’intérieur peut redevenir un rayon de soleil.» Elle convient que si on lui avait dit à l’époque où elle songeait au suicide où elle serait rendue aujourd’hui, elle n’y aurait pas cru une seconde. Mais grâce aux forces qu’elle avait en elle, Nathalie Haché a réussi à rallumer la flamme qui la tenait en vie. La Maison sous les arbres Le Centre de crise de Châteauguay est disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Il suffit d’appeler au 450 699-5935 pour parler à un intervenant. Dans le cadre de la semaine de la prévention du suicide, l’Association québécoise de prévention du suicide a mis en ligne un site web dans lequel se trouve une foule d’informations sur le sujet : www.commentparlerdusuicide.com À lire aussi : Maison sous les arbres :«On sème de l'espoir et on espère que ça germe»

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